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18 août 2022

Insee. Les ventes 2022 des vétos sont freinées : trois à cinq fois plus faibles que les commerces ou les services

par Eric Vandaële

Temps de lecture  5 min

Taux d'inflation Insee chez les vétérinaires canins comparé à d'autres secteurs
Selon l'Insee, l'inflation des tarifs des actes vétérinaires est similaire à celle des autres services. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
Taux d'inflation Insee chez les vétérinaires canins comparé à d'autres secteurs
Selon l'Insee, l'inflation des tarifs des actes vétérinaires est similaire à celle des autres services. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
 

Que se passe-t-il donc en 2022 chez les vétérinaires et dans les animaleries ? Les animaux de compagnie avaient le vent en poupe en 2020 et 2021. En deux ans, entre 2019 et 2021, les animaleries ont augmenté leurs ventes de 30 %. Dans le même temps, les vétérinaires ont aussi vu leurs volumes d'activités croître de 25 % (et leurs chiffres d'affaires de 18 %). C'était du jamais vu ! Le prix de vente des chiens (et des chats) a fait un bond de 15 % sur la même période.

En 2022, patatras ! L'inflation est de retour, d'abord avec la reprise post-covid dès l'automne 2021 — même si la vague omicron n'était pas encore passée — puis, plus grave, avec la guerre en Ukraine et la flambée sur les prix de l'énergie et des céréales. Là aussi c'est du jamais vu au XXI° siècle.

Les animaux de compagnie sont, à l'évidence, un peu plus délaissés en 2022. Selon les derniers chiffres de l'Insee publiés début août, le volume d'activité des animaleries a dégringolé de 10 % sur les cinq premiers mois de 2022 par rapport à la même période de 2021. Avec la forte inflation sur les produits pour animaux, notamment les petfoods, le chiffre d'affaires n'a baissé que de 5 %. Chez les vétérinaires, ce n'est pas une chute, mais bien un repli en volume d'activités, de l'ordre de 1 % au printemps 2022 par rapport à 2021. L'inflation modérée des actes vétérinaires, de l'ordre de 1,8 % au premier semestre de 2022 selon l'Insee, et celle des produits pour animaux (+6,2 % depuis septembre 2021) explique sans doute que le chiffre d'affaires des vétérinaires reste en légère croissance sur 2022.

Comparaison des évolutions de l'activité des vétérinaires en chiffre d'affaires et en volumes d'activités

Selon l'Insee, en avril et mai 2022, le volume d'activités des vétérinaires était inférieur de 1 % à celui des mêmes mois de 2021. Le chiffre d'affaires reste toutefois en légère croissance.

Figure LeFil d'après des données Insee (août 2022).

 

Hausse exceptionnelle des services de 22,5 % en 2022

Cette situation des animaleries et des vétérinaires n'est pas celle de la plupart des autres secteurs de l'économie qui continuent de croître fortement. Les services (auxquels sont rattachés les vétérinaires) accélèrent sur les cinq premiers mois de 2022 en chiffres d'affaires — +22,5 % — comme en volumes (+17,5 %). La plupart des services (notamment le transport, la restauration et le tourisme) avaient été très handicapés par la crise covid. Avec de telles progressions, ils rattrapent les hausses d'activités des vétérinaires à qui la crise covid a profité.

La croissance du chiffre d'affaires des commerces est ainsi de trois fois supérieure à celle des vétérinaires : + 13 % sur les cinq premiers mois de 2022. Mais l'inflation réduit cette performance à + 3,9 % en volumes.

Très handicapés par la crise covid en 2020 et 2021, les services continuent à très fortement progresser sur les cinq premiers mois de 2022 en chiffres d'affaires (+22,5 %) et en volumes (+17,5 %) rattrapant les indices des vétérinaires qui avaient profité de la crise covid. La progression du chiffre d'affaires des commerces est plus modeste (+13 % sur les cinq premiers mois de 2022) mais quand même trois fois supérieure à celle des vétérinaires. L'inflation réduit toutefois cette performance à + 3,9 %.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

L'inflation ne touche pas tous les secteurs

L'inflation (+6,1 % en tendance annuelle en juillet 2022) conduit à observer des décrochages importants entre les évolutions en chiffres d'affaires et en volume d'activités. L'inflation n'est pas du tout la même selon les secteurs.

  • L'énergie à + 29 % en tendance annuelle tire les prix vers le haut.
  • Le second secteur le plus en hausse est celui de l'alimentation : +6,7 % en tendance annuelle. Cela explique aussi que les produits pour animaux de compagnie, petfoods surtout, soient aussi en forte hausse (+6,2 % depuis septembre 2021), alors qu'ils étaient restés quasiment stables entre 2015 et 2021 (voir la figure principale).
  • L'inflation des autres secteurs est, pour le moment, bien plus faible : +2,7 % dans la vente des produits manufacturés, +3,9 % dans les services (services auxquels sont rattachés les vétérinaires).
  • Les prix des services vétérinaires évoluent, de longue date, comme les prix des autres services (voir aussi LeFil du 24 juin  2022).
  • Les prix de ventes des animaux de compagnie ont flambé d'environ 12 % avec la crise covid avec des hausses de plus de 6 % par an sur les deux dernières années.
  • Dans les pharmacies, les prix des médicaments humains ont à l'inverse baissé de près de 20 % entre 2015 et 2022. L'inflation actuelle ne les affecte pas.

Dans les pharmacies, « on travaille plus sans gagner plus »

Dans les jardineries-animaleries, ce n'est pas une chute, mais une dégringolade sur les cinq premiers mois de 2022. Dans les pharmacies, on travaille plus sans gagner plus. Car le prix des médicaments vendus a baissé de presque 20 % depuis 2015.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

Avec la grande vague Omicron de janvier 2022 marquée par la ruée sur les tests, les pharmacies renouent avec la croissance de leurs chiffres d'affaires de 15 % sur les cinq premiers mois de 2022 par rapport à 2021, et de 9 % en 2021 par rapport à 2020.

  • Cette croissance 2022 des ventes des officines est donc trois fois plus forte que celle des vétérinaires (+4,7 %) mais plus faible que celles des autres commerces.
  • Contrairement aux autres commerces, les tarifs n'augmentent pas dans les pharmacies. Ils ont même baissé de presque 20 % entre 2015 et 2022. Le nombre croissant de génériques et l'encadrement des prix des médicaments humains expliquent sans doute la baisse continue des prix observée par l'Insee dans les pharmacies.
  • En volumes, la croissance d'activités des pharmaciens en volumes est donc bien plus forte qu'en chiffres d'affaires : + 17 % sur les cinq premiers mois de 2022, + 11 % en 2021 par rapport à 2020.
  • Dans les pharmacies, « on travaille plus sans gagner plus »

Dans les animaleries, ce n'est pas une chute, mais une dégringolade

Dans les jardineries-animaleries, ce n'est pas une chute, mais une dégringolade sur les cinq premiers mois de 2022.

  • Le chiffre chiffres d'affaires a chuté de 6,4 % sur les cinq premiers mois de 2022 et de 9,6 % en volumes d'activités.
  • À l'inverse, en 2021, le chiffre d'affaires avait rebondi de 16,1 % par rapport à 2020 et de 13,5 % en volumes.

Une photographie exhaustive de l'activité sans biais de sélection

Ces données sont collectées par l'Insee sur une base exhaustive depuis 2016 et englobent donc les chiffres d'affaires réalisés par toutes les structures vétérinaires en « canine » comme en « productions animales » ou en « équine ». Il n'y a donc aucun biais de sélection. Mais, l'Insee ne permet pas de séparer les activités selon les filières animales.

  • Les indices vétérinaires (avec une base 100 en 2015) reflètent l'activité cumulée de toutes les structures vétérinaires, sans pondération rapport au nombre de vétérinaires en exercice (en augmentation de 1 à 2 % chaque année) ni au nombre de structures vétérinaires (qui reste plus stable).
  • Il ne s'agit donc pas d'un indice qui reflète sensu stricto les évolutions d'un chiffre d'affaires moyen par vétérinaire équivalent temps plein ou même par structure vétérinaire.