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11 mai 2022
Insee. Les vétos trébuchent début 2022 avec un volume d'activités en recul de 1,6 % et des ventes qui stagnent
Après avoir atteint des sommets en 2021, l'activité vétérinaire stagne depuis l'automne dernier en chiffre d'affaires (+0,1 % entre septembre 2021 et février 2022), voire décroît en volumes de 1,6 % selon les dernières données d'activités publiées par l'Insee (Institut national de la statistique économique et des études économiques).
Après avoir largement profité de la crise covid et d'une forte croissance du nombre d'adoptions de chiens et de chats, les vétérinaires affichent désormais des performances économiques inférieures à celles des commerces et des services sur l'ensemble de l'année 2021 comme sur les premiers mois de 2022.
Cet arrêt de la croissance de l'activité vétérinaire, voire cette légère baisse en volumes, peut être mis en perspective avec d'autres données qui vont dans le même sens.
Les refuges des associations de protection animale, les SPA notamment, se plaignent d'une très forte hausse des abandons durant l'été 2021, puis au début de l'année 2022. « Les refuges sont saturés avec beaucoup plus d'abandons et beaucoup mois d'adoptions » affirment de multiples articles récents de la presse régionale qui relaient ainsi les cris de détresse de ces SPA. Les refuges se sont pourtant vidés durant l'année 2020 avec les confinements et le recours massif au télétravail. Mais dès les départs en vacances de l'été 2021, les animaux abandonnés sont revenus dans les refuges.
Au Royaume-Uni, il est estimé que 4,7 millions de foyers britanniques ont adopté un animal de compagnie durant la crise covid. Mais 3,4 millions de foyers ont aussi abandonné un animal de compagnie en 2021 du fait de l'arrêt ou de la réduction du télétravail et, aussi, du manque de moyens financiers pour entretenir leur animal.
En France, le fichier iCad d'identification des chiens et des chats a enregistré une baisse de 6,2 % sur le premier trimestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021 (baisse mesurée par la vente des droits d'enregistrement dans iCad).
Toutefois, l'année 2021 restera une année de croissance exceptionnelle pour les vétérinaires, avec un chiffre d'affaires 2021 en hausse significative de 10,6 % par rapport à 2020 et de 9,7 % en volume d'activités (hors inflation). Depuis 1999, seules les deux premières années de ce siècle ont affiché des progressions aussi fortes que celle de 2021 pour l'activité vétérinaire : +12,7 % en 2000, +13,7 % en 2001 (et +8,2 % 2002). Depuis 2015, la progression moyenne du chiffre d'affaires des vétérinaires s'établit à environ 4,5 % par an (+ 5 % en volume d'activités).
Autre comparaison : depuis l'an 2000, le chiffre d'affaires des vétérinaires a été multiplié par trois (+ 195 % exactement) pour une inflation à +33 % sur la même période.
Malgré ces bonnes performances des vétérinaires en 2021, le chiffre d'affaires de l'ensemble des commerces et des services — parce qu'il a été très impacté par l'année covid de 2020 — a encore plus fortement progressé en 2021 : + 12 % pour les services qui retrouvent ainsi leur niveau d'activités d'avant le covid, + 13 % pour les commerces qui dépassent de 6 % celui d'avant covid.
Surtout, ce chiffre d'affaires a continué à fortement progresser au moins jusqu'en février 2022 — date des derniers chiffres de l'Insee — sur une pente de l'ordre de 11 % par an ce qui n'est pas le cas de celui des vétérinaires en stagnation (+0,1 %).
En 2022, l'impact de la crise covid semble effacé. Sur les deux premiers mois de l'année 2022, les chiffres d'affaires des commerces et des services sont supérieurs de plus de 10 % à ceux des deux premiers mois « pré-covid » de janvier et février 2020. Même en tenant compte de l'inflation, en volumes d'activités, les commerces et les services ont progressé de 5 à 6 % sur les deux premiers mois de 2022 par rapport aux mêmes mois de 2020 « avant covid ».
Toutefois, ces premiers chiffres de 2022 ne tiennent pas compte de la guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février. En volumes d'activités (hors inflation), les commerces et les services ont progressé d'environ 9 % en 2021 par rapport à l'année covid de 2020 (versus 12 à 13 % en chiffre d'affaires). Mais, sur les six derniers mois (septembre 2021-février 2022), le volume d'activités progresse beaucoup moins vite : de l'ordre de 5 % en tendance annuelle.
Comme pour les vétérinaires, les jardineries-animaleries font partie des activités qui ont plutôt profité de la crise covid avec toutefois davantage d'à-coups liés aux trois confinements successifs qui impactent leurs chiffres d'affaires. En 2021, la croissance de leurs chiffres d'affaires (+16 %) est très supérieure à celle des vétérinaires (+10,6 %). Cette croissance est même de 22 % par rapport à 2019 (versus 18 % pour les vétérinaires).
Mais, comme chez les vétérinaires, les chiffres d'affaires des jardineries-animaleries n'augmentent plus depuis l'été 2021. Sur les six derniers mois (septembre 2021-février 2022), le chiffre d'affaires des animaleries stagne à +0,6 % (versus +0,15 % pour les vétérinaires).
Sur le long terme, depuis 2000, la progression du chiffre d'affaires des animaleries (+150 %) reste un peu inférieure à celle des vétérinaires : + 195 %.
Pour les pharmacies, à l'inverse des vétérinaires et des animaleries, le chiffre d'affaires est resté très stable en 2020 (+1,5 % par rapport à 2019) et même sur le premier semestre de 2021. Néanmoins, sur 2021, les pharmacies ont renoué avec une croissance des ventes de 9 % par rapport à 2020. Cela reste un peu plus faible que pour les vétérinaires (+10,6 %) et que surtout l'ensemble des commerces (+13 %).
Les deux premiers mois de l'année 2022 sont très atypiques et probablement liés à la vague Omicron qui s'est répandue en France entre décembre 2021 et février 2022. Avec les tests de dépistage réalisés ou vendus en pharmacie, le chiffre d'affaires des pharmaciens a fait un bond de 25 % en janvier avant de retrouver un niveau proche de celui de la fin de l'année 2021 en février.
La crise covid a néanmoins accentué l'écart de croissance entre les vétérinaires (+ 40 % depuis 2015 en chiffre d'affaires) et les pharmacies (+20 %). Même si ce grand écart s'est un peu réduit ces derniers mois. Depuis 2000, la progression du chiffre d'affaires des pharmacies (+82 %) est plus de deux fois inférieure à celle des vétérinaires (+ 195 %).
Ces données sont collectées par l'Insee sur une base exhaustive depuis 2016 et englobent donc les chiffres d'affaires réalisés par toutes les structures vétérinaires en « canine » comme en « productions animales » ou en « équine ». Il n'y a donc aucun biais de sélection. Mais l'Insee ne permet pas de séparer les activités selon les filières animales.
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