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7 avril 2021

Malgré ou plutôt grâce à la crise, les vétérinaires en croissance de 10 % fin 2020 et encore début 2021

par Eric Vandaële

Temps de lecture  4 min

À qui profite la crise ? Aux vétérinaires ! L'activité vétérinaire n'a jamais augmenté autant que depuis la fin du premier confinement. Sans doute du fait de la croissance du marché des animaux de compagnie. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
À qui profite la crise ? Aux vétérinaires ! L'activité vétérinaire n'a jamais augmenté autant que depuis la fin du premier confinement. Sans doute du fait de la croissance du marché des animaux de compagnie. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
 

À l'aube d'une troisième (et dernier ?) confinement, les vétérinaires font partie des rares professions résilientes à la crise, voire, à l'inverse, dont la crise a, semble-t-il, dopé l'activité, tout du moins pour les animaux de compagnie.

L'Insee (institut national de la statistique économique et des études économiques) a publié début avril les indices de janvier 2021 permettant de mesurer très précisément le niveau d'activité économique des services et des commerces sur l'année 2020 et sur ce premier mois de 2021. Ces indices sont calculés sur la base d'une collecte exhaustive des données de chiffres d'affaires à partir des déclarations mensuelles de TVA des structures vétérinaires (selon leur code NAF). Il n'y a donc pas biais de sélection.

Pour les vétérinaires, depuis septembre 2020, les chiffres d'affaires mensuels et les volumes d'activités affichent des hausses inégalées de 8 à 12 % par rapport aux mêmes mois de l'année précédente, y compris pour le mois de janvier 2021 (+ 9 % par rapport à janvier 2020). Alors qu'avant la crise, cette croissance n'était en moyenne que de 4 % et ne dépassait qu'exceptionnellement le seuil de 5 % sur un seul mois d'affilée. Comme aux USA, la crise covid-19 semble bien à l'origine d'un nouvel attrait de la population pour les animaux de compagnie (LeFil du 26 mars 2021).

La plus forte croissance depuis le début de XXI° siècle

Selon l'Insee, le chiffre d'affaires des vétérinaires lissée sur toute l'année 2020 est en hausse significative de 6,4 % par rapport à 2019, malgré la chute du premier confinement (-15 % en avril 2020 chez les vétérinaires). En volume d'activités, l'Insee note même une hausse plus élevée de 7,2 % en 2020 par rapport 2019. Mais, c'est surtout sur le second semestre que la croissance est la plus marquée. Malgré la permanence de la menace épidémique, janvier 2021 reste sur la même tendance que la fin de l'année 2020 avec une hausse de l'activité de 8 % en chiffre d'affaires par rapport à janvier 2020 et de 9 % en volumes.

Le graphique ci-dessous montre bien à la fois l'impact du premier confinement (du 17 mars au 11 mai), l'absence d'impact du second (30 octobre-15 décembre) et la forte croissance du chiffre d'affaires sur la seconde partie de l'année 2020 (de l'ordre de +10 % par rapport 2019) et, au moins, jusqu'en janvier 2021.

Sur le second semestre 2020 et le premier mois de 2021, les vétérinaires affichent, mois après mois une hausse record de leurs chiffres d'affaires d'environ 10 % par rapport aux mois de l'année précédente.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

Ces données collectées par l'Insee ne permettent pas de séparer les activités selon les filières animales. Mais il apparaît presque certain que c'est l'activité "canine" qui tire vers le haut ce chiffre d'affaires vétérinaire.

Depuis 1999, seules les trois premières années de ce siècle ont affiché des progressions aussi fortes que celle de 2020 pour l'activité vétérinaire : +12,7 % en 2000, +13,7 % en 2001, +8,2 % 2002. Depuis 2015, la progression moyenne du chiffre d'affaires des vétérinaires s'établit à 4 % par an (+4,5 % en volume d'activités).

Les animaleries explosent avec les vétérinaires. Les pharmacies stagnent

La crise sanitaire ne profite pas vraiment aux pharmaciens, mais beaucoup plus aux jardineries-animaleries qui explosent leurs ventes entre les confinements.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

L'épidémie covid-19 a évidemment fortement impacté l'activité des pharmacies, mais finalement très peu leurs chiffres d'affaires. Les ventes en pharmacies ont bondi de 7 % en mars 2020 puis elles ont chuté de 10 % en avril 2020, avec un retour à une activité stable depuis mai. Au global, sur 2020, le chiffre d'affaires des pharmacies stagne par rapport à 2019 (+ 1,5 %). Et, le mois de janvier 2021, s'inscrit dans la même tendance. Néanmoins, la crise covid-19 accentue l'écart de croissance entre les vétérinaires (+ 33 % depuis 2015 en chiffre d'affaires) et les pharmacies (+9 %).

Les vétérinaires ne sont toutefois pas les seuls à avoir profité de cette crise et de la croissance du marché « animaux de compagnie ». Les jardineries-animaleries font pratiquement jeu égal avec les vétérinaires avec toutefois plus d'à-coups liés surtout aux confinements successifs. Les évolutions de leurs chiffres d'affaires sont proches de ceux des vétérinaires, par exemple de +35 % en janvier 2021 pour les animaleries par rapport à 2015 (base 100).

Les commerces sortent la tête de l'eau, mais pas les services

Les évolutions du chiffre d'affaires des vétérinaires, des pharmacies ou des animaleries, ne reflètent toutefois pas du tout celles de l'ensemble des services et des commerces.

Entre les deux confinements, les commerces retrouvent une activité normale, contrairement aux services (transport, restaurants, coiffeurs…) dont l'activité reste en berne.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

Au global, les services (auxquels sont rattachées les activités vétérinaires) voient leurs chiffres d'affaires chuter à chaque confinement mais sans observer de fort rebond. Le chiffre d'affaires de 2020 est en recul de plus de 10 % par rapport à 2019. Et la tendance reste la même pour janvier 2021.

Dans les commerces (auxquels sont rattachées les pharmacies et les animaleries), les chutes sont plus sévères pendant les périodes de confinement que pour les services. Mais, les chiffres d'affaires retrouvent des niveaux quasi normaux entre les périodes de confinement.

Au final, le chiffre d'affaires 2020 des commerçants est, globalement, du fait des deux périodes de confinement, en léger recul d'environ 5,3 % par rapport 2019. Et celui de janvier 2021 est stable par rapport à janvier 2020 (+ 0,6 %) dans la même tendance que les autres mois « non-confinés ». Cet indice de l'Insee inclut tous les commerces, y compris les commerces en ligne et non pas seulement dans les boutiques physiques.