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Elanco & Proplan

1er juillet 2025

Diabète félin : près de 20 % des chats sont euthanasiés dans le mois suivant le diagnostic

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Le burmilla est une race récente originaire d'Angleterre, issue initialement d'un croisement entre une chatte burmese lilas et un persan chinchilla. Avec le burmese, il est fortement prédisposé au diabète selon les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
Le burmilla est une race récente originaire d'Angleterre, issue initialement d'un croisement entre une chatte burmese lilas et un persan chinchilla. Avec le burmese, il est fortement prédisposé au diabète selon les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
 

Le diabète sucré est une endocrinopathie courante chez le chat. Malgré les progrès en termes de traitement et de suivi, il reste de pronostic réservé : le diabète est souvent mortel à moyen terme, et surtout à court terme, avec des propriétaires qui renoncent à traiter.

Étude épidémiologique sur plus de 1000 cas

Prévalence et facteurs de risque du diabète étaient déjà documentés, mais avec des biais liés à la population féline étudiée : référée ou assurée. L'intérêt de cette nouvelle étude, réalisée dans le cadre du programme britannique VetCompass, est d'analyser une large population de chats vue en consultation en clientèle généraliste. L'année retenue est 2019.

Ainsi, les données de 1053 chats atteints de diabète – confirmé – et suivis en 2019 ont été comparées à celles des 1 254 077 chats non diabétiques également suivis sur la période, par les vétérinaires des 1224 cliniques adhérentes au projet. Les auteurs publient leurs résultats en libre accès dans le JVIM.

La prévalence frise les 4

Sur cette base, la prévalence annuelle du diabète félin est estimée à 0,39 %, ce qui est cohérent avec une précédente étude menée au Royaume-Uni d'après des données d'assurance, mais inférieur à une autre, plus ancienne.

En ne considérant que les nouveaux cas diagnostiqués en 2019 (cas incidents, n=375), l'incidence annuelle est estimée à 0,14 %.

Des chats séniors, mais pas de lien au poids

La population de chats diabétiques étudiée comprend 63 % de mâles et 36 % de femelles. Elle est composée à 81 % de chats stérilisés.

Sur les seuls cas incidents, l'âge moyen au diagnostic, lorsque renseigné, est de 11,8 ans.

Le poids médian est de 5,9 kg. Et lorsque l'information était disponible (score d'état corporel), environ un quart des chats étaient en surpoids (26,7 %), tandis que plus de la moitié étaient en sous-poids (53,3 %), ce qui peut résulter d'un diabète non contrôlé. Étonnamment, seuls les chats pesant 6-7 kg étaient plus à risque de diabète, les autres catégories de poids (supérieures ou inférieures) n'étaient pas associées à des différences significatives, ce qui souligne l'importance d'inclure le score d'état corporel dans l'évaluation des facteurs de risque.

Deux races prédisposées et deux « protégées »

La grande majorité des chats étaient de races croisées (92 %). Parmi les chats de race, 5 étaient surreprésentées : le burmese (18/1053 soit 1,7 %), le british shorthair (14/1053 soit 1,3 %), le Maine coon (13/1053 soit 1,2 %), le siamois (6/1053 soit 0,6 %) et le persan (4/1053 soit 0,4 %).

Toutefois, rapportées à la population générale, seules deux races sont significativement prédisposées : le burmese (odds ratio de 2,07) et le burmilla (odds ratio de 8,30), lequel est génétiquement lié au premier, dont il est issu.

Inversement, le bengal et le ragdoll sont significativement moins à risque (odds ratios de 0,24 et 0,11, respectivement).

En comparant les chats de race (toutes races confondues) ou non, les croisés se révèlent plus à risque. Mais l'interprétation de ce constat nécessiterait d'inclure des facteurs environnementaux tels que l'alimentation, l'accès à l'extérieur, l'activité…

Outre la race, les autres facteurs de risque significatifs identifiés sont les suivants :

  • Le risque augmente avec l'âge – il est plus élevé à partir de 9 ans –, ce qui était déjà documenté et probablement en lien avec le vieillissement physiologique du pancréas ;
  • Les chats mâles sont plus à risque que les femelles (risque x 1,97, soit près du double que chez les chattes) ;
  • Et les chats entiers sont moins concernés que les stérilisés (risque x 0,85) ; toutefois, sur ce point, ces chats sont jeunes (avant stérilisation) donc moins à risque et les auteurs soulignent que le lien entre stérilisation, obésité et diabète reste méconnu.

78 % des décès liés directement ou indirectement au diabète

Les auteurs ont également étudié la mortalité associée au diabète félin. Car les données dataient sur ce point, établies notamment avant la commercialisation d'insuline protamine zinc pour son traitement et, logiquement, des gliflozines.

Seuls les cas diagnostiqués en 2019 ont été retenus ici (cas incidents). Et le suivi des chats a été arrêté fin 2021. À cette date, plus de la moitié des chats étaient décédés (192/375 soit 51,2 %), le plus souvent par euthanasie (à 93 %).

Le diabète était la cause directe de la mort pour 95 chats soit près de 50 % des décès. Et il a contribué au décès dans 55 autres cas (29 %), ce qui totalise 150 cas soit 78 %.

En outre, le délai entre le diagnostic et le décès est court : 68 jours en médiane. Ainsi,

  • 10 % des chats ont été euthanasiés quasiment à l'annonce du diagnostic (dans les 3 jours, n=36), le plus souvent sans tentative de traitement (à 72 %) ;
  • Et 19,7 % sont morts dans les 30 jours (n=74).

Bien que le motif de la décision d'euthanasie ne soit pas renseigné, il est probable que nombre de propriétaires renoncent à s'engager dans un traitement contraignant et au long cours, d'emblée ou ultérieurement. Des difficultés à équilibrer le diabète sont vraisemblables également.

Les chercheurs ne se sont pas intéressés ici au traitement des cas. Mais ils ont collecté les données disponibles à ce propos dans les dossiers médicaux des chats atteints, afin de les analyser dans une prochaine étude.