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15 juin 2022

Insee. Sur un plateau haut, l'activité véto de 2022 recule de 2,3 % en volumes, mais stagne en chiffre d'affaires

par Eric Vandaële

Temps de lecture  5 min

Comparaison entre les évolutions en chiffre d'affaires et en volumes d'activités pour les vétérinaires
Depuis l'automne 2021, l'activité des vétérinaires décroît en volumes pour atteindre en mars 2022 celle de mars 2021. Le chiffre d'affaires reste toutefois stagnant à un niveau élevé depuis près de deux ans. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
Comparaison entre les évolutions en chiffre d'affaires et en volumes d'activités pour les vétérinaires
Depuis l'automne 2021, l'activité des vétérinaires décroît en volumes pour atteindre en mars 2022 celle de mars 2021. Le chiffre d'affaires reste toutefois stagnant à un niveau élevé depuis près de deux ans. Figure LeFil d'après des données de l'Insee.
 

C'est confirmé par l'Insee avec les chiffres de mars 2022 qui viennent d'être publiés en juin. Les vétérinaires, contrairement aux autres services et commerces, ne sont plus en croissance. Mais ils plafonnent en chiffres d'affaires à un niveau très élevé. Et, en volumes d'activités, ils diminuent sensiblement de 2,3 % en six mois. À l'inverse, les chiffres d'affaires des commerces et des services restent sur une croissance de l'ordre de 10 à 12 % par an.

L'arrêt de la croissance des vétérinaires n'est donc pas lié à une conjoncture qui serait — du fait de la guerre en Ukraine, de l'inflation, des élections — défavorable aussi aux autres commerces et aux autres services. Même si l'inflation se fait aussi sentir dans les commerces, mais beaucoup moins dans les services. Sur les six derniers mois, le volume d'activités des commerçants croît de seulement 1,8 % (versus 7,7 % en chiffre d'affaires). En revanche, dans les services (dans lesquels sont inclus les vétérinaires), l'impact de l'inflation sur les six derniers mois est beaucoup plus faible avec une forte hausse de 4 % en six mois du volume d'activités (et de 6,7 % en chiffres d'affaires).

À fin mars 2022, le chiffre d'affaires des vétérinaires plafonne à un niveau très élevé. Les commerces et des services continuent de progresser à un rythme de 10 à 12 % par an.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

Pour les animaleries, la chute est beaucoup plus sévère

Pour les animaleries, la chute est beaucoup plus sévère que pour les vétérinaires avec une dégringolade en six mois de 8 % en chiffres d'affaires et de 10 % en volumes.

Après avoir largement profité de la crise covid et d'une forte croissance du nombre d'adoptions de chiens et de chats, les vétérinaires dans le secteur des services et les animaleries dans celui des commerces affichent désormais des performances économiques bien inférieures à celles des autres commerces et services sur les premiers mois de 2022.

Selon l'Insee (sur la base de la collecte exhaustive des déclarations de TVA), le chiffre d'affaires des vétérinaires du premier trimestre 2022 reste en hausse de 4,7 % par rapport à la même période de 2021. Mais, en volumes, l'activité des vétérinaires sur le premier trimestre 2022 est quasi-identique à celle du premier trimestre 2021 (+1,8 %).

Post-covid, le chiot et le chaton n'ont plus la cote…

Cet arrêt de la croissance de l'activité vétérinaire, voire cette baisse en volumes, est confirmé par d'autres données qui vont dans le même sens.

  • Selon le baromètre PanelVet de l'activité canine publié dans la Dépêche Vétérinaire, les ventes des vétérinaires des quatre premiers mois de 2022 sont en baisse par rapport à 2021, notamment en petfoods : -4 % sur ces quatre premiers mois. La chute des ventes de petfoods est même de 7 % en avril 2022. Les ventes des antiparasitaires (APE/API) sont, en chiffres d'affaires, stagnantes sur ces quatre premiers mois.
  • Le chiffre d'affaires des animaleries dégringole de 9 % entre le premier trimestre 2021 et celui de 2022 et même de 12 % en volumes selon l'Insee.
  • En France, le fichier l'iCad d'identification des chiens et des chats a enregistré une baisse de 11,8 % sur les quatre premiers mois de 2022 (par rapport à la même période de 2021). La chute est même de près de 20 % entre avril 2021 et avril 2022. Même si avril 2021 était un mois exceptionnellement élevé en nombre d'identification, la chute est, là aussi, spectaculaire.

À l'évidence, la crise covid a conduit à une vague d'adoptions et d'acquisitions d'animaux de compagnie, qui, une fois la crise passée, ne se prolonge pas en 2022. Car, de crise en crise, 2022 est surtout marquée, pour le moment, par le retour de l'inflation et une baisse du pouvoir d'achat.

Toutefois, cette relative stagnation s'observe à un niveau très élevé d'activités. Il persiste toujours de très grandes difficultés de recrutement des vétérinaires dans toutes les espèces animales. Et il ne peut donc pas être exclu que cette pénurie de vétérinaires freine aussi l'activité des cliniques.

Jusqu'en mars 2022, les ventes des commerces et des services rebondissent

Dans les commerces comme dans les services, la guerre en Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022, n'a pas eu d'impact sur la croissance des ventes du mois de mars.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

La guerre en Ukraine a débuté le 24 février 2022. Pour la première fois, les chiffres de l'Insee sur ce mois de mars tiennent compte de l'impact de la guerre en Ukraine sur l'activité économique sur un mois complet. L'inflation plus forte (+5,2 % en tendance annuelle en mai 2022) conduit aussi à observer des décrochages du volume d'activités alors que les chiffres d'affaires restent stagnants ou croissants.

Sur le premier trimestre de 2022, le chiffre d'affaires de l'ensemble des commerces a fortement progressé par rapport au premier trimestre 2021 (+ 12 %). Celui des services a même rebondi de 21 %. Mais les services n'étaient pas encore sortis de la crise covid au premier trimestre de 2021.

Pour les commerçants, la progression est moins spectaculaire en volumes : +4 % dans les commerces. Mais elle reste très élevée (+16 %) dans les services.

Selon l'Insee, l'inflation annuelle des prix à la consommation est de 5,2 % à fin mai 2022, mais seulement de 3,2 % dans les services et de 4,2 % pour l'alimentation. Ce sont surtout les prix de l'énergie — +28 % en un an — qui tirent l'inflation vers le haut.

Dans les pharmacies, la vague Omicron s'est arrêtée dès février

Les pharmacies renouent avec la croissance de leurs ventes en 2021 comme en 2022. Sur les six derniers mois, la croissance des officines est plus forte (+4 %) que celle des vétérinaires (+0,2 %), mais moins élevée que celle des autres commerçants.

Figure LeFil d'après des données de l'Insee.

 

Chez les pharmaciens, la vague Omicron de janvier 2022 restera dans les mémoires, avec un volume d'activités exceptionnel, probablement dû aux tests. La vague est toutefois retombée dès le mois de février dans les officines.

Néanmoins, les pharmacies ont renoué avec une croissance de leurs ventes en 2021 (+9 % par rapport à 2020) comme au premier trimestre 2022 (+19 % par rapport au premier trimestre 2021). Sur les six derniers mois, la croissance des ventes des officines est même plus forte (+4 %) que pour les vétérinaires (+0,2 %) mais plus faible que celles des autres commerces.

La crise covid a accentué l'écart de croissance entre les vétérinaires (+40 % depuis 2015 en chiffre d'affaires) et les pharmacies (+20 %). Mais cet écart se réduit légèrement ces six derniers mois.

Une photographie exhaustive de l'activité sans biais de sélection

Ces données sont collectées par l'Insee sur une base exhaustive depuis 2016 et englobent donc les chiffres d'affaires réalisés par toutes les structures vétérinaires en « canine » comme en « productions animales » ou en « équine ». Il n'y a donc aucun biais de sélection. Toutefois, l'Insee ne permet pas de séparer les activités selon les filières animales.

  • Les indices vétérinaires (avec une base 100 en 2015) reflètent l'activité cumulée de toutes les structures vétérinaires, sans pondération rapport au nombre de vétérinaires en exercice (en augmentation de 1 à 2 % chaque année) ni au nombre de structures vétérinaires (qui reste plus stable).
  • Il ne s'agit donc pas d'un indice qui reflète sensu stricto les évolutions d'un chiffre d'affaires moyen par vétérinaire équivalent temps plein ou même par structure vétérinaire.