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Elanco & Proplan

30 avril 2025

Coronavirus félin : pathogène ou non pathogène lors d'infection chronique ?

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Résultats des tests PCR sur échantillon fécal chez des chats atteints de diarrhée chronique
Résultats des tests PCR sur échantillon fécal chez des chats atteints de diarrhée chronique
 

Les résultats de cette étude sont pour le moins frustrants ! Elles révèlent le coronavirus félin (FCoV) comme prépondérant lors de diarrhée chronique féline, mais sans établir sa pathogénicité.

Les causes de diarrhée chronique féline sont effectivement diverses : outre les infections et les infestations parasitaires, figurent les entéropathies répondant à un changement d'alimentation, les maladies tumorales et les causes extradigestives (hépatiques, rénales ou pancréatiques notamment). Les entéropathies inflammatoires chroniques (MICI) sont un diagnostic d'exclusion, ce qui impose de rechercher et écarter toutes les autres causes possibles. Alors que faire de la détection du FCoV ? La question reste entière.

Un recul de plus de 13 ans et près de 500 cas

Cette étude rétrospective américaine, publiée en libre accès, a été menée à partir des cas de diarrhée chronique (persistante depuis plus de 3 semaines), pris en charge dans une clinique vétérinaire féline sur une large période (janvier 2009 à mai 2022, soit plus de 13 ans). Les auteurs ont ainsi recensé 493 cas, chez lesquels une coproscopie (test de flottation) s'était révélée négative, éliminant les cas d'infestation par des helminthes digestifs, et divers traitements avaient été mis en œuvre (médicamenteux et nutritionnels).

Ces chats – 213 femelles et 280 mâles – étaient de pure race à 24 %. Ils étaient de divers âges au moment de la consultation (2 ans en médiane), et 203 (soit plus de 40 %) étaient âgés de moins de 1 an.

Les pratiques de la clinique prévoient une analyse fécale systématique, à partir de selles prélevées par les propriétaires. Plusieurs analyses successives ont parfois pu être réalisées dans le cadre du suivi. L'étude porte ainsi sur 586 échantillons. Une RT-PCR étaient réalisée, permettant de rechercher 10 entéropathogènes courants.

65 % de chats porteurs du FCoV

Parmi les 493 chats inclus, le FCoV été détecté chez 321, soit une prévalence de 65 %.

Cette prévalence est significativement plus élevée chez les chatons : elle atteint 74 % (150/203) contre 58 % chez les adultes ; l'âge médian des chats positifs pour le virus est ainsi de 1,5 ans, contre 4 ans pour les négatifs.

La prévalence n'est pas différente selon la race du chat (pure ou non). En revanche, elle est saisonnière, significativement plus élevée en février et mars (75 et 80 %, respectivement).

En considérant l'ensemble des analyses réalisées, les deux agents le plus fréquemment identifiés sont le FCoV (à 64,3 %) et Clostridium perfringens (entérotoxine, à 54,4 %). Les autres pathogènes recherchés étaient plus rarement présents, représentant chacun moins de 10 % des cas (0,5 à 8 %, voir tableau en illustration principale).

Dans 13,8 % des échantillons analysés (81/586, soit 79 chats), aucun des 10 agents recherchés n'a été détecté.

Un rôle étiologique à déterminer

Le FCoV et Clostridium perfringens étaient associés dans 35,1 % des cas. Et dans 45 des 60 cas où au moins 3 agents ont été identifiés, deux d'entre eux étaient le FCoV et C. perfringens. Une synergie entre les deux a déjà été évoquée suite à des travaux d'étude antérieurs.

Important toutefois : le FCoV a été le seul agent isolé dans 21 % des cas (118 chats) ce qui représente un tiers des cas où il a été détecté.

Parmi les chats positifs pour le FCoV et retestés ultérieurement, les résultats montrent que l'infection est généralement persistante ; 72 % des chats concernés sont restés positifs à tous les tests (la proportion est de 52 % concernant Clostridium) et 7 chats ont éliminés le virus, sans lien avec la co-infection par Clostridium.

Ces résultats restent difficiles à interpréter car il manque un groupe témoin de chats sains chez lesquels la présence du FCoV serait recherchée. La prévalence dans ce cadre varie de 16 à 36 % selon les études, ce qui est très inférieur aux 65 % ici. La présence du FCoV semble donc associée aux cas de diarrhée chronique, mais son rôle étiologique reste indéterminé, de même que les facteurs qui favoriseraient son évolution vers la pathogénicité lors de portage sain. Des réinfections régulières, notamment dans les foyers multipossesseurs pourraient néanmoins expliquer une apparente persistance virale. Une excrétion fécale intermittente est également possible.

Les auteurs soulignent que si le FCoV se révèle finalement directement pathogène, le négliger serait une perte de chance en termes de traitement (avec des antiviraux spécifiquement efficaces contre ce coronavirus).