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Elanco & Proplan

7 mars 2025

Pour prévenir le lymphome canin, éviter la cigarette et… les fruits et légumes ?

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Être un chien de race, plutôt grand, et qui plus est un golden retriever (ou un boxer) est associé à un plus grand risque de développer un lymphome (cliché Pixabay).
Être un chien de race, plutôt grand, et qui plus est un golden retriever (ou un boxer) est associé à un plus grand risque de développer un lymphome (cliché Pixabay).
 

La plateforme collaborative Vet-OncoNet est née d'une initiative portugaise multi-institutionnelle, dont la mission est de développer des activités scientifiques, d'enseignement, de diffusion et de communication dans le domaine de l'oncologie animale, dans une vision One-Health. Elle promeut notamment des études épidémiologiques, à l'exemple de celle fraîchement publiée en libre accès dans TCAM, sur les facteurs de risques du lymphome canin. Ce cancer fréquent est utilisé comme modèle pour le lymphome humain, également fréquent.

Lymphomes non hodgkiniens

Le lymphome de Hodgkin, caractérisé par la prolifération de lymphocytes B anormaux, est bien documenté. Les lymphomes « non hodgkiniens » désignent ainsi l'ensemble de tous les autres types de lymphome. Et c'est sur ces derniers qu'a porté l'étude.

Ces recherches se sont appuyées sur un questionnaire, soumis à des propriétaires de chiens atteints d'un lymphome (diagnostic confirmé par cyto- et/ou histologie) et vivant dans la région de Porto. Un groupe témoin a été constitué de propriétaires de chiens adultes en bonne santé (sans maladie infectieuse ou tumorale connue et âgés d'au moins 4 ans), du même périmètre géographique.

Un total de 113 réponses a ainsi été récolté (directement ou en ligne) et analysé : 55 de propriétaires de chiens malades et 58 formant le groupe témoin.

70 questions en 5 sections

Le questionnaire comprenait 70 questions portant sur :

  • L'identification du chien et de son propriétaire ;
  • Le lieu et le type de résidence ;
  • Le profil du propriétaire (statut socio-économique, proximité avec le chien, etc.) ;
  • La cohabitation avec un individu (homme ou animal) atteint d'un cancer ;
  • Les facteurs de risque, liés à l'animal (race, âge et sexe du chien…, niveau d'activité, signes d'anxiété) ou à l'environnement (alimentation, matériau des gamelles, traitements antiparasitaires, activité du propriétaire, exposition à des polluants dans l'habitation comme la fumée de cigarette, ou à l'extérieur comme des pesticides, etc.).

L'exposition à la fumée de cigarette est déjà identifiée comme un facteur de risque de lymphomes chez le chien (tabagisme passif). Ce paramètre a donc été particulièrement exploré (avec des questions détaillées dans le questionnaire, sur la consommation quotidienne de tabac du propriétaire, les pièces du logement où fumer est autoriser…

Poids et tabagisme passif, très fortement liés au lymphome

Parmi toutes les variables analysées, les paramètres suivants ont été identifiés comme significativement associés au lymphome.

  • Le poids du chien est fortement associé (p<0,01) : les chiens atteints sont plus lourds en moyenne, et par comparaison aux moins de 10 kg, les 10-25 kg et les >25 kg sont plus souvent touchés. La prédisposition des chiens de grand format était déjà connue.
  • Les chiens de races sont également significativement plus atteints que les croisés (p<0,05). Deux races ont tendance à être prédisposées (p<0,1) : le boxer et le golden retriever, ce qui était déjà documenté.
  • La taille du museau montre un lien presque significatif, un nez court étant associé à un plus grand risque de lymphome (p<0,1).
  • En termes d'alimentation, les chiens nourris avec une ration ménagère sont significativement plus à risque que ceux recevant un aliment industriel (p<0,05). Consommer des fruits et des légumes, même occasionnellement, est également un facteur de risque significatif (p<0,05). Ce constat apparaît étonnant car l'inverse est rapporté pour le lymphome humain (en particulier chez les femmes) et il pourrait découler d'autres paramètres non étudiés ici, selon les auteurs. D'une manière générale le lien entre nutrition et lymphome serait à explorer plus spécifiquement.
  • Parmi les polluants potentiels, laver la maison à l'eau de Javel est à la limite d'être significativement associé au lymphome du chien (p<0,1).
  • Les chiens malades vivaient aussi dans la même habitation depuis plus longtemps que les témoins : 9 ans en médiane contre 6 ans (p<0,05). Cela conforte l'impact de paramètres environnementaux.
  • Enfin, le tabagisme passif (évalué par l'addition de plusieurs paramètres) augmente très fortement le risque de lymphome (p<0,001), ce qui peine à être montré chez l'homme. Un propriétaire fumeur ou son niveau de consommation, en revanche, n'est pas un paramètre significativement lié. Le nombre de fumeurs dans le foyer et fumer à côté du chien sont à la limite de la significativité (p<0,1). Il reste complexe, dans tous les cas, d'évaluer le degré de tabagisme passif afin de rechercher les liens avec les maladies (chez l'homme comme chez les animaux).

Dans l'analyse multivariée, peser plus de 10 kg, être un chien de race, consommer une ration ménagère, notamment des fruits et légumes, et être exposé à la fumée de cigarette restent des facteurs de risque significatifs.

La génétique… et l'environnement de vie

Ces résultats confirment la variété des facteurs de risque du lymphome canin, lesquels peuvent toutefois être classés en deux catégories. La première concerne les caractéristiques intrinsèques du chien, en particulier sa race et son format, avec de potentiels facteurs d'origine génétique.

La seconde catégorie regroupe des facteurs externes, notamment environnementaux : alimentation et tabagisme passif. Des paramètres dépendant ainsi des activités humaines, donc susceptibles de pouvoir être modifiées.

Des études ciblant plus spécifiquement chaque type de lymphome pourraient aussi être intéressantes.