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Elanco & Proplan

8 juillet 2025

Dermatose nodulaire contagieuse : 2 foyers en France, 9 en Sardaigne, la vaccination arrive

par Vincent Dedet

Temps de lecture  6 min

Deux foyers de dermatose nudulaire contagieuse des bovins (DNCB) ont été identifiés en France, en Savoie, au 7 juillet. La zone réglementée (ici à droite) concerne des communes de 4 départements et une partie du canton de Genève (Suisse). À gauche : lésions sur l'un des bovins du premier foyer confirmé en Sardaigne, le 21 juin dernier (cliché : Ministerio della Salute, 2025).
Deux foyers de dermatose nudulaire contagieuse des bovins (DNCB) ont été identifiés en France, en Savoie, au 7 juillet. La zone réglementée (ici à droite) concerne des communes de 4 départements et une partie du canton de Genève (Suisse). À gauche : lésions sur l'un des bovins du premier foyer confirmé en Sardaigne, le 21 juin dernier (cliché : Ministerio della Salute, 2025).
 

« Après la confirmation d'un premier foyer à Entrelacs [le 29 juin], un deuxième foyer de dermatose nodulaire contagieuse a été confirmé ce vendredi 4 juillet en proximité immédiate du premier » a indiqué ce même jour la préfecture de Savoie, où sont localisés les deux foyers. Ces deux foyers ont fait l'objet d'un abattage sanitaire, le 30 juin pour le premier et le 4 juillet pour le second. La préfecture de Savoie précisait dans sa mise à jour du 7 juillet qu'au 4 juillet, « sur les trois autres suspicions de foyers [de DNC] identifiés, une s'est révélée négative et les deux autres sont toujours en cours d'analyse et, en fonction des résultats, feront l'objet des mesures appropriées ».

280 000 bovins dans la zone réglementée

La DNC est une maladie à éradication obligatoire – du fait de la réglementation européenne. Une « zone réglementée d'un rayon de 50 kilomètres a été mise en place dès le 29 juin autour du foyer » index (voir l'illustration principale). Elle est composée d'une zone de protection de 20 km autour du foyer, couvrant des communes de Savoie, Haute-Savoie et Ain (55 000 animaux en tout) et d'une zone de surveillance de 50 km, concernant un plus grand nombre de communes de trois mêmes départements, plus certaines de l'Isère (225 000 animaux en tout, voir l'arrêté préfectoral du 2 juillet). Cette zone empiète aussi partiellement sur le canton de Genève (Suisse). Dans cette zone de restriction,  la préfecture de Savoie rappelle que les élevages de bovins sont soumis à :

  • des mesures de biosécurité : « maintenir les bovins à l'écart des autres espèces détenues, lutter contre les insectes présents en bâtiment et aux abords, limiter l'accès des élevages aux personnes indispensables à leur conduite qui doivent porter des vêtements de protection à usage unique, tenir un registre des personnes entrant dans les élevages, nettoyer, désinfecter et désinsectiser les moyens de transport et les équipements à l'entrée et à la sortie des élevages, désinfecter et désinsectiser les personnes entrant et sortant des élevages, stocker les cadavres en containers étanches » ;
  • des mesures de surveillance sanitaire accrue : « un échantillon d'établissements de bovins situés dans la zone de surveillance fera l'objet de visites vétérinaires pour contrôler l'état sanitaire des animaux par examen clinique, vérifier le registre d'élevage et le cas échéant réaliser des prélèvements dans la zone de surveillance et signaler toute apparition de signes indicateurs de DNC » aux services vétérinaires ;
  • des mesures de limitation des mouvements d'animaux : « interdiction des mouvements de bovins et d'animaux sensibles à la DNC (notamment pas de ramassage des veaux et des broutards), interdiction des mouvements de semence et de produits germinaux issus d'espèces sensibles, interdiction des comices, marchés, foires, rassemblements…, éviter tout mouvement de personnes, de mammifères d'espèces domestiques, de véhicules et d'équipements dans les élevages détenant des espèces sensibles, prendre des précautions particulières si ces mouvements sont inévitables (changer de tenue, se garer à distance de l'élevage, nettoyage, désinfection …) ».

Retour sur le premier foyer français

Lors de la session extraordinaire consacrée à la DNC du comité santé et bien-être animal de la Commission le 2 juillet, la chronologie du foyer index a été présentée :

  • lundi 23 juin : observation d'hyperthermie et de poils en amas hérissés sur un seul bovin ;
  • mercredi 25 après-midi : trois vaches malades, avec abattement avec baisse d'appétit (3/3), nodules sur tous le corps (3/3), œdème des membres (2/3), conjonctivite bilatérale (1/3), chute de la production de lait (2/3). Cela donne lieu à la déclaration de la suspicion ;
  • jeudi 26 après-midi : le résultat de la recherche de besnoïtiose est négatif ;
  • vendredi 27 : 15 animaux touchés dans l'élevage ;
  • dimanche 29 juin : confirmation de la suspicion de DNC ;
  • lundi 30 juin : dépeuplement, désinfection et désinsectisation primaire.

Le représentant de la DGAl à cette réunion a précisé qu'une « demande [a été ] faite auprès de la Commission européenne pour activer la banque de vaccin » et pour « une vaccination dans la zone règlementée ». L'enquête épidémiologique sur l'origine du foyer est encore en cours. Le séquençage intégral du génome de la souche fournira probablement une indication, en particulier selon son niveau d'homologie avec la souche de l'épisode sarde actuel.

Neuf foyers sardes et 300 000 doses de vaccin

Car en Sardaigne aussi, la DNC circule – et nettement plus activement puisque les experts européens, qui y ont tenu leur mission d'urgence du 25 au 27 juin dernier, estiment que le virus y est présent depuis environ trois mois. Ces experts mentionnent aussi que « les animaux infectés en Sardaigne présentent actuellement un risque d'infection d'autres régions et/ou pays (Corse, sud de la France, etc.) ; il est donc important de stopper la circulation du virus au plus vite par des restrictions de déplacement et une vaccination rapide ». De fait, depuis la découverte du premier foyer sarde le 20 juin, le total est passé à 9 foyers (plus une suspicion clinique) à la date du 2 juillet. Toute l'île fait l'objet d'inspections vétérinaires des structures détentrices de bovins (> 27 000 têtes déja inspectées). Les experts européens soulignent que « la vaccination sur l'ensemble de l'île est considérée comme la meilleure approche pour contrôler l'épizootie ». Les retraçages des mouvements animaux indiquent que « aucun animal n'est partie de Sardaigne pour un autre État membre » de l'UE27. Le plan de vaccination en Sardaigne prévoit le recours à 300 000 doses, sur trois mois et dans la totalité de l'île (la population bovine de l'île est estimée par les autorités à 290 000 têtes, avec « un nombre limité de buffles d'eau »). Le vaccin utilisé est le « OBP lumpy skin disease Onderstepoort South Africa ». Les autorités sanitaires de l'île indiquaient, dans la presse agricole italienne le 2 juillet, que ces doses seront « disponibles dans les 10 jours ». Enfin, la présentation réalisée à la même réunion européenne du 2 juillet par le représentant des autorités italiennes indique que le séquençage intégral du génome de la souche sarde a comme plus proche parent une souche isolée au Nigéria en 2018. Elle « est aussi apparentée à d'autres séquences africaines décrites en Namibie et en Afrique du Sud entre 2010 et 2022 ». Quant à ses modalités d'arrivée en Sardaigne, les experts européens, tout en précisant que la source du virus est inconnue, évoquent deux hypothèses : « hypothèse 1 : un exercice international de lutte contre les incendies organisé début avril ; hypothèse 2 : des vecteurs porteurs du virus introduits d'Afrique du Nord lors d'une tempête » de vent.

Enfin, en Suisse, face à la menace sanitaire liée aux foyers français de Savoie et au foyer lombard plus au sud (un seul cas, sur un bovin importé de Sardaigne, dans un engraissement de la région de Mantoue) les autorités fédérales ont annoncé le 4 juillet que, « pour éviter l'apparition d'un foyer en Suisse, cette dernière entend elle aussi vacciner toutes les espèces animales réceptives se trouvant dans le canton de Genève ».