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Elanco & Proplan

14 mai 2025

Spondylodiscite à Brucella canis : cas plus jeunes, pas de déficit neurologique, souvent sur plusieurs disques

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Une étude rétrospective multicentrique cas-témoin américaine identifie des critères permettant de suspecter précocement l'implication de Brucella canis dans des cas de spondylodiscite. Dix des 15 cas inclus dans l'étude étaient positifs en hémoculture – ici B. canis cultivée sur gélose tripticase-soja. A, vue d'ensemble (barre = 1 cm). B, gros plan des colonies (barre = 5 mm). Clichés : Karl-Erik Johansson (BVF, SLU), Berit Juvall (SVA) et Lennart Melin (SVA).
Une étude rétrospective multicentrique cas-témoin américaine identifie des critères permettant de suspecter précocement l'implication de Brucella canis dans des cas de spondylodiscite. Dix des 15 cas inclus dans l'étude étaient positifs en hémoculture – ici B. canis cultivée sur gélose tripticase-soja. A, vue d'ensemble (barre = 1 cm). B, gros plan des colonies (barre = 5 mm). Clichés : Karl-Erik Johansson (BVF, SLU), Berit Juvall (SVA) et Lennart Melin (SVA).
 

L'étude porte sur un faible effectif, mais compense par la robustesse de son protocole : c'est une étude cas-témoin multicentrique rétrospective. En comparant les caractéristiques, signes cliniques et résultats d'examens complémentaires de chiens atteints de spondylodiscite à Brucella canis ou sans origine infectieuse, elle permet de dessiner des spécificités des premiers. Et elle confirme que la radiologie ne permet pas d'orienter le diagnostic vers la brucellose canine, maladie en émergence en Amérique du nord comme en Europe.

Différences hypothétiques

Imageurs, cliniciens, neurologues et biologistes de quatre facultés vétérinaires des USA ont mis en commun les dossiers de cas de spondylodiscite survenus entre 2010 et 2021 : 15 à B. canis et 25 liés à d'autres causes. Leur hypothèse est que certains paramètres cliniques ou biologiques pouvaient être significativement plus souvent présents dans les cas de brucellose canine. Leur objectif était évidemment un diagnostic différentiel affiné, mais surtout « la mise en œuvre précoce de mesures de précaution pour la santé publique, y compris des protocoles appropriés de traitement » de cette zoonose possible.

Images de toute la colonne

L'effectif était limité car les critères d'inclusion imposaient de disposer de l'imagerie (IRM ou scanner) de la totalité de la colonne (de C1 à la jonction lombosacrée) pour chaque animal, réalisée dans les 60 jours suivant le diagnostic initial. Cela n'a au final été possible que pour 9 cas et 10 témoins. Les dossiers devaient aussi contenir les résultats de la formule sanguine et du profil biochimique complets, au moment du diagnostic. Pour les cas, le diagnostic de brucellose pouvait reposer sur l'un des outils sérologiques (agglutination sur tube, sur lame, immunofluorescence indirecte…), PCR ou bactériologie (10/15 positifs en hémoculture). Pour les témoins, il fallait un résultat négatif à la sérologie ou à l'hémoculture (cette dernière pouvant être positive pour un autre germe : c'était le cas pour 13/25 témoins). Pour l'analyse des données, chaque cas a été apparié à deux témoins, lorsque c'était possible (sinon à un seul).

Différence d'âge…

L'analyse statistique n'identifie pas de différences significatives entre cas et témoins pour le sexe, le poids, ni pour la taille des races (elles ont été regroupées en bergers, retrievers, boxers et leurs croisés). L'âge à l'occurrence de la spondylodiscite était significativement différent : les cas avaient une médiane à 2,2 ans, contre 5,9 ans pour les témoins. Et pour chaque année supplémentaire, le risque d'avoir une spondylodiscite brucellique diminue de 19 %.

… de déficit neurologique

Pour les signes cliniques, il n'y avait pas de différence pour la durée depuis l'apparition des signes, ni pour la température rectale. En revanche, à l'examen neurologique, le spécialiste a noté un déficit pour un cas, et pour 13 témoins. L'analyse statistique calcule que le risque de déficit neurologique est 7 fois plus faible pour les cas que pour les témoins. Quant à la biologie, « les cas avaient une probabilité de neutrophilie plus faible que les témoins, un hématocrite médian plus élevé, un nombre médian de lymphocytes plus élevé et une concentration médiane de créatinine sérique plus élevée que les témoins ». La localisation en C2-C5 était 13 fois plus probable, et l'implication de plusieurs espaces intervertébraux était 12 fois plus probable pour les cas que pour les témoins.

Vigilance, y compris au labo

Pour les auteurs, plusieurs signes cliniques, s'ils sont présents – et en particulier en association –, « devraient faire suspecter une infection à Brucella plutôt que d'autres causes de spondylodiscite », et donc « déclencher le recours à des mesures appropriées dans la prise en charge de l'animal, comme les équipements de protection individuels (gants, blouse, visière) et l'étiquetage du poste d'analyses pendant qu'elles sont en cours ». Et des prélèvements pour suspicion de brucellose canine. Ces signes sont « le jeune âge au moment du diagnostic, un examen neurologique normal [hormis la douleur], une atteinte de C1-C5, une atteinte de plusieurs disques, une absence de neutrophilie, une numération lymphocytaire médiane et un hématocrite élevé ». Les auteurs espèrent que des études sur des effectifs plus fournis pourront être réalisées à l'avenir, pour confirmer et affiner ces résultats.