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Elanco & Proplan

26 juin 2025

Promener son chien peut être coûteux, y compris pour la sécurité sociale (britannique)

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Répartition des causes documentées de blessures à la main ou au poignet directement (chien) ou indirectement (laisse) associées à la promenade du chien, à partir des données de 5 études recensant plus de 490 000 cas. La valeur 0 % est l'arrondi d'une proportion < 0,1%. LeFil d'après Lim et coll., 2025.
Répartition des causes documentées de blessures à la main ou au poignet directement (chien) ou indirectement (laisse) associées à la promenade du chien, à partir des données de 5 études recensant plus de 490 000 cas. La valeur 0 % est l'arrondi d'une proportion < 0,1%. LeFil d'après Lim et coll., 2025.
 

Les personnes les plus à risque d'accident se soldant par une fracture du poignet en promenant le chien de la famille sont les femmes et les séniors (>65 ans), selon une étude britannique publiée fin juin. Et ces accidents ont un coût direct estimé d'au moins 23 millions de livres Sterling par an (27 millions d'euro par an).

Fractures du poignet

C'est une équipe de chirurgiens et d'urgentistes britanniques qui s'est intéressée à la part des accidents de la main et du poignet causée par des chiens – hors morsures. Leurs motifs d'intérêt sont multiples :

  • les blessures de la main et du poignet représentent de 10 à 30 % des consultations d'urgence ;
  • parmi elles, la fracture distale du radius représente environ 17 % des fractures du squellette appendiculaire (elle en est la plus fréquente) ;
  • et chez les personnes de 50 ans et plus, la majorité souffrent encore de douleurs et de limitations fonctionnelles plus de 6 mois après la réduction de la fracture, ce qui s'accompagne d'une augmentation de 10 à 20 % des consultations médicales sur les 12 premiers mois suivant la fracture et d'une qualité de vie réduite.

Cinq études, de bonne qualité

Les auteurs ont donc réalisé une analyse de la littérature sur le sujet : ils n'y ont détecté que 5 références pertinentes, qui rapportent les éléments relatifs à 491 400 blessures (détaillant à la fois les lésions, leurs causes et leur traitement). Deux des études portaient sur des cohortes, dont une prospective, ce qui représente un niveau élevé de preuve dans la qualité des résultats. Chaque étude ne présentant pas toujours les mêmes données, les différentes fréquences sont rapportées à un nombre de cas différent. Il reste que les femmes représentent près des trois quarts des blessures (73,4 % des cas), et que les personnes âgées de plus de 65 ans sont aussi sur-représentées parmi les cas (31 %). Mais pour ces dernières, les chutes peuvent aussi causer un traumatisme crânien ou une fracture de la hanche. Pour les chercheurs, cela n'est pas surprenant, « étant donné que les femmes plus âgées sont plus susceptibles de souffrir d'ostéoporose et donc plus sensibles aux fractures, tandis que les personnes âgées sont généralement plus susceptibles d'avoir des problèmes d'équilibre et de démarche et d'avoir une vue altérée ».

Surtout les doigts et les poignets

Les blessures directement des mains et des poignets liées aux promenades de chiens les plus fréquentes sont les fractures de doigt (31 %), devant les fractures du poignet (25 %). Les lésions des tissus mous des doigts ont une fréquence comparable (24 %). Celles du poignet sont moins fréquentes (17 %) et les fractures de la main plus rares (< 2 %). Les fractures graves des séniors sont elles aussi rares en proportion des blessures de la main ou du poignet… Mais elles ont souvent un impact plus important sur l'autonomie du patient. Les auteurs calculent toutefois que la promenade du chien n'est pas une cause significativement sur-représentée par rapport aux autres causes de fracture du poignet.

23 millions de livres par an, au moins

Reprenant ces éléments, ils estiment que l'incidence des fractures distales du radius associées aux chiens est de 21 cas pour 100 000 habitants. Ils associent à cette fréquence le coût de réduction de ces fractures par chirurgie (plaque : 5 763 £ par cas) ou plâtre (2 511 £ par cas), pour les adultes (45 millions de personnes). Cela fournit un total de 23 millions de livres Sterling (27 millions d'euro) par an pour la sécurité sociale britannique. Toutes choses égales par ailleurs, en France, pour une population adulte de 52,6 millions d'adultes, cela correspondrait à 31,6 millions d'euro par an (si les coûts des soins étaient les mêmes qu'outre-Manche). À ces estimations s'ajoutent les coûts d'arrêt de travail, qui sont, pour ces types de blessures, nettement plus élevées que ceux des soins (mais les auteurs ne présentent pas de calcul de cet aspect).

Apprendre la laisse… au maître

Bien que cette étude ne montre pas que la promenade avec un chien soit un facteur de risque important de blessures aux mains et aux poignets au sein de la population adulte, « elle met en évidence qu'un nombre important de ces blessures sont attribuables à la possession d'un chien, en particulier chez les personnes âgées et les femmes ». Aussi les auteurs recommandent-il de « discuter des risques liés à la promenade en laisse avec les futurs propriétaires, afin de les sensibiliser aux risques de blessures ». Ils proposent même « d'enseigner des pratiques plus sûres pour tenir la laisse, comme la tenir dans la paume plutôt que de l'enrouler autour des doigts ou du poignet, ou de choisir la laisse de manière plus judicieuse, en évitant par exemple les dispositifs à enrouleur qui peuvent entraîner une augmentation soudaine de la force de traction en fin de course », dommageable à l'équilibre des personnes âgées. Des sujets tels la race/la taille de l'animal, l'importance de la vigilance aux conditions météo et l'obéissance de l'animal, peuvent également faire partie de cette discussion.