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Elanco & Proplan

27 juin 2025

La qualité de la peau varie avec l'âge mais aussi la race des chiens

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Par comparaison au caniche ou au bichon, le beagle a une peau moins acide et plus hydratée, ces deux paramètres étant trouvés corrélés par ailleurs (cliché Pixabay).
Par comparaison au caniche ou au bichon, le beagle a une peau moins acide et plus hydratée, ces deux paramètres étant trouvés corrélés par ailleurs (cliché Pixabay).
 

Le vieillissement de la peau s'accompagne d'une diminution de son pH et de son hydratation, d'après les résultats d'une étude chez le chien. Mais ces travaux de recherche pointent aussi des variations selon les races.

L'étude a été réalisée par des chercheurs coréens de plusieurs institutions, notamment de l'école vétérinaire de l'Université nationale de Jeonbuk (Corée du Sud), qui publient leurs résultats en libre accès dans Veterinary Dermatology.

Mesures en région inguinale, glabre

Parmi les caractéristiques biophysiques de la peau, trois ont été évaluées :

  • Le degré d'hydratation, qui traduit la perte d'eau transépidermique et dépend de facteurs comme l'urée, l'acide lactique, les lipides intercellulaires… ;
  • Le pH, qui régule la structure cutanée et la stabilité des lipides de la matrice, et prévient la multiplication des micro-organismes ;
  • La quantité de sébum, produit par les glandes sébacées, qui contribue à maintenir l'hydratation cutanée et constitue une barrière chimique contre les agents pathogènes.

Les mesures ont été effectuées de manière non invasive, au niveau de la région inguinale afin de minimiser l'effet du pelage. L'étude a été réalisée au printemps et en automne, évitant ainsi aussi les variations liées au climat.

Les trois paramètres ont été mesurés chez 149 chiens ne présentant aucun trouble dermatologique (maladie ou lésion). Dans la plupart des cas, ces chiens ont été inclus à l'occasion d'une consultation pour un bilan de santé de routine.

Pas d'influence du sexe

La cohorte était composée de 75 mâles, dont 8 non castrés, et de 74 femelles, dont 6 non stérilisées.

Aucun des paramètres mesurés n'a montré de différence significative (ni même de tendance non significative) selon le sexe ou le statut sexuel. Dans l'espèce humaine, la sécrétion de sébum est plus importante chez les hommes que chez les femmes, en lien avec les niveaux plus élevés de testostérone. Et d'autres études avaient constaté une différence similaire chez le chien. Mais ici, la grande majorité des chiens étaient stérilisés.

Peau plus sèche et plus acide chez le vieux chien

Les chiens ont également été répartis par tranches d'âge : moins de 1 an (n=37), 1-6 an (n=44), 7-12 ans (n=38) et 13 ans et plus (n=30). Et les résultats montrent donc une baisse significative de l'hydratation cutanée chez les séniors (>13 ans) par comparaison aux chiens de 1-6 et 7-12 ans.

Sans que la différence soit significative, l'hydratation cutanée des chiots est moindre que dans les tranches d'âges suivantes ; chez l'homme, la peau des enfants a également tendance à être plus sèche que celle des adultes.

Par ailleurs, et à l'inverse de l'homme cette fois, le pH est significativement plus bas (donc plus acide) chez les séniors (5,92 en médiane) que chez les 1-6 ans (6,58) ; il est de 6,18 chez les chiots et de 6,55 chez les 7-12 ans (la tendance à la baisse n'atteint alors pas le seuil de significativité). La prédominance des glandes apocrines dans l'espèce canine pourrait expliquer le pH plus élevé de la peau : chez l'homme des glandes sudoripares eccrine (dont le conduit excréteur s'ouvre par un pore directement à la surface de la peau et non dans un follicule pileux ou un orifice pilo-sébacé) sont disséminées à la surface de toute la peau et associées à une sudation à pH plus bas.

Aucune différence significative n'est observée pour les niveaux de sébum dans les différents groupes.

Des différences raciales

Pour les comparaisons selon la race, 106 chiens ont été retenus : 37 beagles, 11 cockers anglais, 19 bichons maltais, 12 poméraniens et 27 caniches nains.

Plusieurs différences significatives sont relevées :

  • une hydratation supérieure de la peau chez les beagles que chez les caniches nains et les bichons maltais,
  • un pH plus élevé chez les beagles (6,82 en médiane) par comparaison aux caniches (5,75) et aux bichons (5,94).

Les chiens inclus ici étaient majoritairement de petit format. De précédents travaux avaient rapporté que la peau des beagles était moins hydratée que celle de chiens plus grands comme le labrador, ce qui confirme l'existence de différences raciales. Chez l'homme, des variations ethniques ont été rapportées, la sécheresse cutanée observée chez les personnes âgées étant plus marquée chez les individus de type caucasien que chez les Asiatiques.

Des corrélations significatives

Les chercheurs ont établi par ailleurs une forte corrélation positive entre le pH et l'hydratation.

La quantité de sébum, en revanche n'est pas liée au pH ni à l'hydratation. Globalement, les quantités de sébum étaient basses, ce qui pourrait être lié au site de mesure, et avec d'importantes variations selon les individus. Plus généralement, des variations des paramètres cutanés selon la région du corps sont possibles et resteraient à évaluer.

Ces recherches sont importantes, dans la mesure où la peau est un organe vital, qui forme une barrière notamment contre les micro-organismes et les substances irritantes du milieu extérieur. Son intégrité est donc essentielle. Néanmoins, les applications pratiques de ces nouvelles données sont surtout à venir, avec leur prise en compte dans les travaux de recherche et le développement de soins à visée cosmétique ou thérapeutique – en particulier s'ils sont destinés aux chiens âgés. L'influence de facteurs environnementaux (température, humidité, mais aussi fréquence des bains, etc.) serait aussi à prendre en considération.