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Elanco & Proplan

18 janvier 2024

Pronostic des hernies discales chez le chat : les séquelles neurologiques sont fréquentes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

 

Les hernies discales font régulièrement l'objet de publications dans l'espèce canine, moins souvent chez le chat. Une étude rétrospective sur 92 cas en caractérise les aspects cliniques dans l'espèce féline ainsi que l'évolution selon le traitement entrepris, montrant que des séquelles neurologiques persistent souvent, au moins à court terme.

Prévalence plus élevée qu'escompté

L'étude porte sur les hernies discales compressives. Leur prévalence chez le chat est bien plus faible que chez le chien. Ici, toutefois, elle est supérieure aux estimations usuelles (0,05 à 0,26 %). En effet, pour cette étude, les cas pris en charge dans deux centres de référés britanniques ont été recherchés sur la période 2012-2022. Le dossier médical devait être complet, comprenant des données sur le suivi de l'animal 4 à 6 semaines après le traitement.

Un total de 92 cas a été identifié, ce qui correspond à une prévalence de 0,44 % (sans différence significative entre les deux établissements). Chez les chats de pure race (31 cas), la prévalence atteint même 0,62 % (elle est de 0,39 % pour les chats de races croisées).

Les chats mâles castrés, et d'âge moyen, apparaissent plus souvent touchés.

Localisation thoraco-lombaire surtout

Dans cette cohorte, les cas de hernies thoraco-lombaires (T3-L3, n=50) sont plus nombreux que ceux de hernies lombo-sacrées (L4-S3, n=25), les chats de race pure étant significativement surreprésentés chez les premiers (mais sans identifier toutefois de races à risque particulier), et les chats plus lourds chez les seconds. Il reste à déterminer l'éventuel impact d'un surpoids sur le risque de hernie discale.

Les autres localisations (T3-S3, L4-coccyx…) sont moins fréquentes. En large majorité (79 %), la hernie compressive était isolée, ne touchant qu'un seul disque intervertébral. Toutefois, des lésions non compressives concomitantes d'autres disques sont fréquentes (environ la moitié des cas).

Les cas ont aussi été répartis selon la rapidité d'apparition des signes cliniques :

  • Hyperaiguë (< 24 heures), n=17 ;
  • Aiguë (1-7 jours), n=31 ;
  • Subaiguë (7-15 jours), n=8 ;
  • Chronique (> 15 jours), n=29 ;
  • Évolution aiguë d'une lésion chronique, n=7.

Une majorité de prise en charge chirurgicale

Un traitement chirurgical a été réalisé dans 49 cas (53 % des chats). Un traitement conservateur a été mis-en-œuvre dans 36 cas (39 %). Cette prise en charge associe repos strict, traitement médical (analgésiques, anti-inflammatoires), physiothérapie, etc. Les 7 derniers cas n'ont pas été traités : ils ont été euthanasiés à la suite du diagnostic.

Le score de gravité à l'admission est plus élevé chez les chats opérés, ce qui laisse penser qu'une chirurgie est plus souvent tentée dans les cas les plus graves.

Des taux de succès similaires

Le succès de la prise en charge reposait sur l'amélioration des fonctions neurologiques (retour à un état ambulatoire par exemple), une continence urinaire et fécale retrouvée, et l'absence de douleur (arrêt des traitement analgésiques). Il a été évalué à court terme (6 semaines post-traitement) et à long terme (6 mois).

Les résultats montrent que contrairement à l'hypothèse initiale des auteurs, qui s'attendaient à une meilleure évolution suite à un traitement chirurgical, les taux de succès ne sont pas significativement différents entre les groupes (voir tableau en illustration principale).

La durée de survie n'est pas différente non plus. Et la localisation de la hernie n'influence pas le taux de succès de l'intervention chirurgicale.

La seule différence significative identifiée est l'origine de la hernie : les hernies d'origine traumatique comme une chute ou un accident présentent un meilleur pronostic à court terme (meilleur taux de succès à 6 mois : 85 % contre 53 % dans les autres cas). Toutefois, à long terme, la différence n'est plus significative.

Séquelles neurologiques très fréquentes

Seul un petit nombre de chats a totalement récupéré sur le plan neurologique à court terme : 14 % dans le groupe traité chirurgicalement et 8 % dans l'autre groupe. Les autres animaux ont présenté des séquelles.

À long terme, les taux ne progressent que d'un point (9 et 15 %, respectivement), mais tous les chats n'ont pas nécessairement été réexaminés dans l'établissements où ils ont été traités. Le pronostic des hernies discales chez le chat demeure toutefois réservé.