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Elanco & Proplan

31 juillet 2025

Syndrome vestibulaire périphérique félin : une otite comme principale cause et de fréquentes séquelles neurologiques

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

 

Les troubles vestibulaires sont relativement fréquents chez le chat. Une otite moyenne ou interne représente la cause principale d'un syndrome vestibulaire périphérique, ce qu'une large étude rétrospective vient confirmer. Cette étude s'est surtout intéressée à l'évolution clinique, révélant qu'une rémission totale n'est observée que dans un petit tiers des cas.

Près de 200 cas rassemblés

Cette étude multicentrique a rassemblé 196 cas, pris en charge dans 4 centres hospitaliers universitaires britanniques ou allemands (Liverpool, Hatfield, Hanovre et Glasgow).

Les chats avaient été examinés entre 2009 et 2023 et des examens d'imagerie (IRM ou scanner de la tête) avaient été effectués dans la démarche diagnostique. Les cas de syndrome vestibulaire central avaient été exclus. En revanche, l'extension intracrânienne d'une lésion otogène restait possible.

Ces chats sont des mâles en majorité (n=107 soit 55 %), âgés de 96 mois en médiane au moment du diagnostic (soit 8 ans), et pesant 4 kg.

Des signes plutôt chroniques

En large majorité, l'apparition des signes cliniques était chronique : 160 chats (82 %). Une atteinte aiguë – définie par des signes cliniques observés depuis moins de 24 heures – ne concernait que 36 chats (18 %).

Au moment de la consultation (de référé), ces signes étaient présents depuis 7 jours en médiane.

Et leur aggravation est signalée dans un quart des cas (50 chats). En effet, les signes cliniques sont plus souvent non évolutifs (stables voire améliorés ; 53 % des cas), ou d'évolution irrégulière (alternant amélioration et dégradation ; 22 %).

Une otite dans 7 cas sur 10

Lorsque la cause du syndrome vestibulaire a été déterminée, celle-ci était une otite moyenne ou interne dans la majorité des cas (n=140 soit 71 %, voir tableau en illustration principale). Elle était seule ou secondaire à des polypes auriculaires (91 et 49 cas, respectivement). Une extension intracrânienne de la lésion a été observée chez 26 de ces chats.

Dans 2 cas (soit 1 %), l'affection était congénitale, avec des signes cliniques observés dès la naissance ou peu après, sans lésion détectée aux examens d'imagerie.

Les tumeurs de l'oreille moyenne sont rares (7 cas ici, soit 3,6 %) : adénome (3 cas), adénocarcinome (2 cas), tumeur endocrine (1 cas), carcinome épidermoïde (1 cas).

Dans 47 cas (24 %), l'origine est restée indéterminée (syndrome vestibulaire idiopathique). Ces syndromes idiopathiques sont plus prédominants chez le chien.

Facteurs de risque d'une otite

Dans 34 % des cas (68 chats), un historique médical d'otite externe ou d'affection des voies respiratoires hautes était documentée. Le syndrome vestibulaire est donc souvent secondaire à une infection ascendante (via la trompe d'Eustache) ou à une lésion inflammatoire (polype), plus souvent que dans l'espèce canine (chez laquelle on retrouve une otite externe comme cause primaire).

Les signes cliniques sont variables (ataxie vestibulaire, tête penchée, nystagmus, strabisme…). Ils étaient bilatéraux dans 26 cas (caractérisés par une ataxie bilatérale ou un oscillement de la tête sans nystagmus associé).

Les auteurs ont recherché les facteurs de risque d'une otite sous-jacente, plutôt qu'un syndrome idiopathique. Ils en ont identifié 5 :

  • Un âge plus jeune au diagnostic ;
  • Une durée plus longue entre l'apparition des signes cliniques et le diagnostic ;
  • Un historique médical d'otite externe ou d'infection respiratoire haute (risque x5) ;
  • Une paralysie des nerfs faciaux (risque x6), ce qui n'avait pas été rapporté jusque-là ;
  • Un syndrome de Horner (risque x15), ce qui était déjà connu.

Ces facteurs de risque sont intéressants en pratique pour le diagnostic présomptif.

Traitement chirurgical avec complications

Les traitements mis en œuvre étaient répartis comme suit :

  • Aucun traitement dans 38 cas (19,4 %), dont 34 de syndrome vestibulaire idiopathique et les 2 cas d'affection congénitale (ces 2 derniers chats sont morts, dont 1 par euthanasie en lien avec un pronostic très défavorable) ;
  • Traitement médical seul dans 31 cas (15,8 %), reposant sur une antibiothérapie, une corticothérapie, des          AINS ou des antalgiques, des antifongiques… ;
  • Traitement médical et lavage de l'oreille/myringotomie (drainage) dans 31 cas (15,8 %) ;
  • Traitement chirurgical (ostéotomie de la bulle le plus souvent), systématiquement associé à un traitement médical, dans 96 cas (49 %), d'otite ou de tumeur.

De fréquentes complications post-chirurgicales sont rapportées (81 cas), avec le développement d'un syndrome de Horner (n=70) ou d'une paralysie de la face (n=11) non préexistant. Une aggravation temporaire des signes cliniques est également documentée dans 9 cas.

Risque élevé de séquelles neurologiques

Un suivi était renseigné ou a pu être obtenu pour 104 chats, dont 56 à court terme seulement (moins de 6 mois après le diagnostic : 1 mois en médiane). Des séquelles neurologiques étaient fréquentes : tête penchée (n=35), ataxie (n=16), syndrome de Horner (n=14), paralysie des nerfs faciaux (n=2), oscillements de la tête (n=1).

Chez les 24 chats pour lesquels un suivi à long terme était disponible (24 mois en médiane), des séquelles neurologiques ont également été conservées, notamment une tête penchée (n=19), une ataxie (n=12), un syndrome de Horner (n=6), une paralysie des nerfs faciaux (n=5) et/ou des oscillements de la tête (n=1).

Le risque de séquelles n'est pas plus élevé lors d'extension intracrânienne de la lésion auriculaire (polype).

Des récidives cliniques sont également rapportées, chez 22 chats – dont 21 atteints d'otite – : dans les 3 mois (n=9), dans les 3-12 mois (n=8) et/ou plus tardivement (n=5) après la prise en charge.

Globalement, le pronostic est donc réservé dans cette population de cas référés, avec une rémission totale chez seulement 33 des chats suivis (soit 32 %). Dans 67 cas (64 %), la rémission a été partielle, le chat conservant des séquelles neurologiques, et aucune amélioration n'est rapportée pour 4 chats (moins de 4 %). L'évolution est toutefois meilleure lors de syndrome vestibulaire idiopathique (aucun cas d'absence d'amélioration ici, et des séquelles neurologiques moins fréquentes).