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Elanco & Proplan

28 juillet 2025

Chien gériatrique : pertinence démontrée des bilans de santé de routine

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Le bilan gériatrique annuel devrait se focaliser sur les évaluations neurologique et orthopédique, ainsi que la détection de maladie rénale chronique. L'incidence élevée des néoplasies malignes rendrait un examen semestriel pertinent, selon la première étude longitudinale, réalisée à la faculté de Gand (Belgique), sur l'intérêt des bilans médicaux annuels de chiens âgés. Cliché : Lisa M. Herndon, wikimedia.
Le bilan gériatrique annuel devrait se focaliser sur les évaluations neurologique et orthopédique, ainsi que la détection de maladie rénale chronique. L'incidence élevée des néoplasies malignes rendrait un examen semestriel pertinent, selon la première étude longitudinale, réalisée à la faculté de Gand (Belgique), sur l'intérêt des bilans médicaux annuels de chiens âgés. Cliché : Lisa M. Herndon, wikimedia.
 

Il est particulièrement pertinent de vérifier les fonctions rénale, neurologique et orthopédique ainsi que réaliser une palpation rectale lors de bilans de santé répétés des chiens âgés. Telle est la conclusion d'une étude prospective longitudinale réalisée à la clinique pour petits animaux de la faculté vétérinaire de l'université de Gand (Belgique).

La première étude longitudinale

Si les consultations de routine du chien âgé sont fortement recommandées pour la détection des maladies chroniques pouvant se développer avec la vieillesse, « jusqu'ici, aucune étude n'avait été publiée sur l'incidence des anomalies chez les chiens âgés lors d'un suivi longitudinal ». La leur a duré quatre ans (juillet 2019 – juin 2023), pour pouvoir permettre un suivi d'au moins deux ans de chaque chien enrôlé. Chaque animal inclus subissait un bilan médical étendu devant ne révéler aucune anomalie métabolique ni systémique, puis deux bilans à un an d'intervalle. À chaque consultation, un questionnaire et un examen clinique complet étaient réalisés : note d'état général, d'état musculaire, d'état de la cavité buccale, palpation rectale, examens standards neurologique, ophtalmique et orthopédique, avec prélèvements de sang et d'urine (et les analyses correspondantes) et échographie cardiaque. Si l'état de l'animal l'imposait, d'autres examens (par exemple ponction ganglionnaire à l'aiguille fine) étaient réalisés. Les déficits visuels et auditifs étaient notés, mais n'ont pas été comptés parmi les affections neurologiques.

20 % des cas en apparente bonne santé ne le sont pas

Outre l'âge (sénior ou gériatrique, selon une grille tenant compte de la taille), le critère initial d'inclusion était d'être en « apparente bonne santé », c'est-à-dire que les réponses au questionnaire indiquaient une qualité de vie « bonne à très bonne » pour chaque sujet. Ainsi, 122 chiens ont passé l'examen médical initial, dont 98 ont été trouvé en bonne santé avérée (les autres présentaient en majorité une maladie rénale chronique de stade IRIS 1). Au final, 54 séniors et 44 gériatriques ont été inclus. Ainsi, l'étude montre qu'un chien âgé sur 5 jugé en bonne santé par son maître présente toutefois au moins une affection chronique. Il y a ensuite eu des animaux perdus de vue et décédés : 88 ont passé la première visite annuelle et 77 la seconde. Lors de cette 3e visite, plus du quart des propriétaires signalaient une qualité de vie réduite par rapport au constat initial, du fait soit d'affection orthopédique (17 %) soit neurologique (13 %). À noter que les maîtres signalent aussi une consultation annuelle (80 %) ou bisannuelle (10 %) chez leur vétérinaire traitant (qui a été l'occasion d'autres dépistages et euthanasies). Sur la totalité de l'étude, 90 % des chiens avaient une bonne note d'état général. Sans surprise, la note d'état musculaire se dégradait au fil du temps (5 % des chiens à l'inclusion, 22 % après 2 ans), sauf pour les chiens obèses à l'inclusion.

Intervalle de référence adapté, pour la phosphatémie

Sur les 2 années du suivi, 8 chiens ont développé un souffle systolique, asymptomatique. Chez 5 chiens, la palpation rectale a identifié une masse des sacs anaux – qui ont fait l'objet d'une exérèse (un euthanasié pour comorbidités, 3 adénocarcinomes confirmés à l'histologie). Sur les 52 chiens qui ne présentaient pas d'opacification du cristallin à l'inclusion, près de la moitié (46 %) en présentaient une, légère, à la fin du suivi. Une anémie légère était notée sur 12 % des chiens à l'inclusion, une lymphocytose légère pour 18 %, une leucopénie pour 8 % et une neutropénie légère pour 6 %, « ces proportions restant stables sur la durée de l'étude ». Une proportion élevée des chiens à hypophosphatémie à l'inclusion a conduit les auteurs à « redéfinir un intervalle de référence pour chiens âgés » : de 0,72 [0,42–0,75 dans l'intervalle de confiance à 95 %] à 1,74 [1,38–2,6] mmol/l. Une bactériurie asymptomatique a été détectée chez 11 % des chiens à l'inclusion (7 % confirmées en culture) – et n'a pas été traitée. Cette proportion était comparable lors des suivis ultérieurs (10 % à un an et 14 % à 2 ans).

Importance d'une évaluation semestrielle

Parmi les chiens n'ayant pas été présentés aux consultations de suivi, il y a eu 21 euthanasies (pour l'essentiel liées à des néoplasies, devant la baisse de fonction cognitive) et un décès (accident de voiture). Un seul chien a été réellement perdu de vue. Pour les chiens séniors, 40 ont fini le suivi en bonne santé (74 % de ceux initialement inclus), et 18 pour les gériatriques (41 %). Les affections s'étant produites le plus souvent sont :

  • pour les chiens séniors : la maladie rénale chronique (9 %), les troubles neurologiques et les néoplasies (6 % chacune),
  • pour les chiens gériatriques : les néoplasies (20 %), les troubles neurologiques (18 %) et la maladie rénale chronique (16 %).

Ainsi, les bilans gériatriques annuels « devraient se focaliser sur les évaluations neurologiques et orthopédiques, et sur le dépistage de la maladie rénale chronique ». En particulier, « une néoplasie maligne a pu être suspectée chez 47 % des patients lors du bilan de santé, ce qui témoigne de l'importance d'une évaluation semestrielle de la peau et des glandes mammaires, ainsi que d'une palpation rectale ».

Lorsqu'ils analysent en modèle multivarié l'ensemble des paramètres biologiques du suivi, les auteurs n'en détectent (sans surprise) aucun statistiquement associé à la survenue ultérieure du décès. Seule la classe d'âge l'était (plus l'animal est âgé et plus le risque de décès est élevé, p<0,0001).