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4 octobre 2022
Les premiers cas canins de variole du singe sont bien peu crédibles
Corrigendum ? Addendum ? Rétraction ? Depuis la publication par des virologistes français de médecine humaine dans le Lancet le 10 août dernier du prétendu premier cas mondial de transmission au chien via l'Homme du virus de la variole du singe (virus monkeypox ou MPXV), la communauté des infectiologues et épidémiologistes attend l'infirmation de ce cas. Mais celle-ci ne vient pas.
Pourtant, dès le 24 août, dans la presse généralise parisienne en ligne, un virologiste de l'Anses, cosignataire contrarié de lettre à l'éditeur du Lancet, fournissait des arguments en défaveur de la réalité de l'infection de ce chien par le MPXV : « une vingtaine de jours après le retour du test PCR positif du lévrier italien de quatre ans, “de nouveaux prélèvements ont été réalisés, notamment un test sérologique pour savoir s'il y avait eu une réponse immunitaire dirigée contre le virus”. Et les résultats sont formels d'après le scientifique : puisqu'il n'y a pas eu de trace d'une réponse immunitaire, “il n'y a pas eu signature de la maladie” ». En clair, si besoin, l'animal n'a pas été infecté. L'information n'a pas donné lieu à un communiqué de presse de l'Anses. Elle n'est reprise sur le site internet de l'agence que dans une page intitulée “variole du singe : quel risque de diffusion aux animaux de compagnie ?” Il y est précisé que « une suspicion de transmission du virus Monkeypox de l'Homme à un chien a été enregistrée [en France]. Si le chien était bien porteur du virus, il n'a pour autant pas développé la maladie comme l'atteste le test sérologique négatif ». Malgré ces éléments, a priori suffisants pour la rétraction de l'article initial, rien de tel n'est survenu.
En revanche, le 15 septembre, une virologiste de l'UC Davis (USA) s'est étonnée, également dans le Lancet et également dans une lettre à l'éditeur, de la réalité scientifique de l'infection du lévrier. Elle souligne que « les auteurs de cette lettre à l'éditeur n'ont pas fourni de preuves suffisantes que le chien adulte était infecté par le virus de la variole du singe : [le génome de celui-ci] a été détecté par PCR dans des raclages des lésions cutanées du chien et dans des écouvillons prélevés dans l'anus et la cavité buccale, mais il n'est pas précisé si les échantillons ont été regroupés ou testés séparément, et aucune valeur de Ct n'a été fournie pour quantifier l'ADN présent ». Elle relève aussi qu'il n'y a pas eu de biopsie effectuée dans les lésions, ni de résultat de sérologie (elle ne lit pas la presse française en ligne). Ses doutes sont renforcés par le fait que la lésion cutanée observée par les virologistes « ressemble à une folliculite bactérienne » tandis que la lésion rectale était « à peine visible ». Aussi, « étant donné les énormes implications de la transmission de l'humain à l'animal, des études supplémentaires sont nécessaires avant de conclure que les chiens sont réceptifs au MPXV ».
Le doute se renforce encore avec la publication, fin septembre, des résultats de 3,5 mois de surveillance, par les autorités sanitaires britanniques, des animaux de compagnie présents au domicile de personnes infectées par le MPXV. Entre le 1er juin et le 7 juillet, tous les nouveaux cas humains recensés étaient interrogés par les services de santé sur la présence éventuelle d'animaux de compagnie à leur domicile. Il leur était alors fourni des conseils sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'animal (soins, nourriture, etc.) sans l'exposer. Il leur était aussi demandé de le surveiller, afin de contacter un vétérinaire s'il devenait malade dans les 21 jours suivant l'apparition de leurs propres signes cliniques. Cependant, les « 3,5 mois de surveillance (…) ont montré qu'aucun animal n'a présenté de signes cliniques évocateurs d'une infection par le MPXV à la date du 16 septembre 2022 ». Ce constat se fonde sur la surveillance du domicile de 40 patients humains, et d'un total de 154 animaux de compagnie (dont 42 chiens et 26 chats, 2 « lapins ou cobayes », 7 animaux de rente, un serpent, 8 grenouilles tropicales et 64 volailles). Les auteurs de ce bilan reconnaissent qu'il est probable que les patients aient sous-déclaré leurs animaux de compagnie car l'analyse de risque britannique, qui recommandait la mise en quarantaine des rongeurs de compagnie vivant au foyer d'un cas humain, a été diffusée par les grands médias. De même, les conseils de mise à l'écart de l'animal ont probablement été bien respectés par les patients britanniques, alors que les patients français propriétaires du lévrier dormaient avec lui-même pendant leur phase clinique.
S'ajoute à l'imbroglio français une annonce étonnante réalisée par le ministère brésilien de la Santé sur son site internet dès le 23 août dernier, d'un cas d'infection canine par le MPXV. « Il s'agit d'un chiot de 5 mois qui vivait dans le même environnement et a été en contact avec un cas humain confirmé de Monkeypox dans la municipalité de Juiz de Fora [au Minas Gerais] ». Le maître a présenté ses premiers signes cliniques le 8 août ; ceux du chien sont apparus le 13 août, avec « prurit, des lésions en papules, pustules et croûtes situées sur le dos et le cou. Le vétérinaire qui a soigné l'animal a utilisé des équipements de protection individuelle pour l'examen et le prélèvement des échantillons, après avoir contacté la surveillance épidémiologique au sujet de la suspicion ». La positivité du chien repose – comme pour le cas français – sur le résultat de l'analyse PCR. Aucune image de lésion, aucun résultat de biopsie ni de sérologie n'ont été fournis par ce ministère, même 5 semaines plus tard. Autant dire que cette annonce paraît elle aussi prématurée et trop peu étayée pour être convaincante.
Finalement, si les cas français brésiliens peuvent donc être considéré comme peu crédibles aujourd'hui, la réceptivité de l'espèce canine n'est pas forcément exclue (le MPXV a déjà été décrit chez une cinquantaine d'espèces de mammifères), mais reste à démontrer.
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