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Elanco & Proplan

15 octobre 2025

Implants d'arthrodèse pancarpienne : un sur trois doit être retiré

par Karin De Lange

Temps de lecture  4 min

Radiographie représentant des lignes de référence pour la mesure de l'angle de la plaque de l'arthrodèse pancarpienne (APC) et de l'angle de l'arthrodèse carpienne (AAC).
L'angle complémentaire de la plaque APC (lignes pointillées) est mesuré entre les segments proximal et distal de la plaque, tandis que l'angle complémentaire de l'AAC a été déterminé en utilisant les axes anatomiques du radius distal et de l'os métacarpien dans une projection médiolatérale (lignes pleines). D'après Dosseray et coll., 2025.
Radiographie représentant des lignes de référence pour la mesure de l'angle de la plaque de l'arthrodèse pancarpienne (APC) et de l'angle de l'arthrodèse carpienne (AAC).
L'angle complémentaire de la plaque APC (lignes pointillées) est mesuré entre les segments proximal et distal de la plaque, tandis que l'angle complémentaire de l'AAC a été déterminé en utilisant les axes anatomiques du radius distal et de l'os métacarpien dans une projection médiolatérale (lignes pleines). D'après Dosseray et coll., 2025.
 

L'arthrodèse pancarpienne est indiquée dans diverses affections, telles que les traumatismes (lésions d'hyperextension, lésions ligamentaires et fractures radiales ou articulaires distales non réparables), les arthropathies dégénératives et à médiation immunitaire, les malformations congénitales, les anomalies du développement et les troubles neurogéniques. Le taux de complications post-opératoires est élevé et le retrait de l'implant (ou explantation) doit souvent être effectué. Un groupe de spécialistes et de résidents en chirurgie vétérinaire et un spécialiste en imagerie diagnostique de différents centres vétérinaires en France ont étudié les facteurs associés à un taux élevé de retrait.

52 implants d'arthrodèse pancarpienne chez 42 chiens

Les dossiers de cas de chiens subissant une arthrodèse pancarpienne (APC) dans trois centres vétérinaires entre 2017 et 2023 ont été examinés. Au total, 52 plaques d'APC ont été implantées, sur 42 chiens. La période de suivi a été divisée en quatre phases : la période péri-opératoire (0–3 mois), la période à court terme (3–6 mois), la période à moyen terme (6–12 mois) et la période post-opératoire à long terme (> 1 an). Un spécialiste en imagerie a effectué une revue des radiographies, à l'aveugle pour les cas, évaluant la fusion des os carpométacarpiens, intercarpiens et antébrachiens, ainsi que les fractures des os métacarpiens, l'échec des implants et les signes radiographiques d'infection. Une infection a été considérée comme radiologiquement présente si au moins deux des trois critères suivants étaient remplis : (1) gonflement des tissus mous au site chirurgical (à l'exclusion de la période péri-opératoire), (2) ostéolyse autour des implants chirurgicaux et (3) formation irrégulière d'un nouvel os périostéal.

Les interventions retardées augmentent le risque de retrait d'implant

Au total, 19 explantations (36,5 %) ont été enregistrées parmi les 52 cas. Tous les cas de retrait sauf un, résultaient de la présence d'infection du site opératoire accompagnée d'une gêne, d'une boiterie ou d'un desserrage de l'implant/de la vis associé à l'implant ; le cas restant était attribué uniquement à la boiterie et à l'inconfort lié à la plaque. Aucune association significative n'a été notée entre le statut d'explantation et la race, le sexe, le poids, l'âge au diagnostic, l'âge à l'intervention ni l'activité du chien. Le taux de retrait était indépendant de l'étiologie de l'APC, qu'elle soit traumatique ou non, et n'était pas significativement associé ou de l'état d'instabilité. Cependant, le délai d'intervention chirurgicale était significativement associé à l'explantation (p = 0,04), bien que faiblement (sur-risque de 1 %), avec un délai moyen de 368,5 jours (écart-type : ±619,7 j) pour les cas d'explantation et de 47,5 jours (±64,7 j) pour les échecs d'implantation.

APC : plus à risque d'infection et de nécrose

Les taux de retrait des procédures les plus courantes, telles que l'ostéotomie de nivellement du plateau tibial (2,7 à 7,4 %) et l'avancement de la tubérosité tibiale (1,8 %) sont nettement inférieurs à ceux de l'APC qui dépasse le tiers (36,5 %). Le fait que ce taux soit supérieur à celui rapporté pour des fractures ouvertes stabilisées par fixation interne (21,25 %) fait suspecter aux auteurs qu'une contamination ou une infection puissent être des facteurs contributifs clés. La fine couche de tissus mous dans cette zone réduit la vascularisation, entravant potentiellement la guérison et rendant les tissus plus sensibles à une l'infection. De plus, l'APC nécessite des procédures d'ébarbage de la surface du cartilage et de greffe osseuse, qui prennent beaucoup plus de temps que les autres procédures orthopédiques et comportent un risque accru d'exposition bactérienne. La nécrose osseuse thermique induite par l'ébréchage cartilagineux contribue aussi à augmenter ce risque d'infection.

Implants : obtenir le bon angle

Le placement dorsal ou latéral, le type de plaque, l'utilisation d'un champ chirurgical adhésif ou le type de greffe n'étaient pas associés au taux de retrait. Cependant, l'angle de la plaque d'APC et l'angle d'arthrodèse carpienne (voir l'illustration principale) ont significativement influencé ce taux, qui était plus élevé chez les chiens présentant un degré d'hyperextension plus faible. L'angle médian de la plaque d'APC pour les cas d'explantation était de 3,6° (±4,2°) et de 6,6° (±3,1°) pour les cas de non-explantation. De plus, la valeur médiane de l'angle d'arthrodèse carpienne était de 11,73° (± 3,78°) pour les cas de non-explantation et de 8,58° (±4,86°) pour les cas d'explantation, montrant une association significative avec le statut d'explantation. Les auteurs précisent que la règle générale veut que l'angle d'hyperextension post-APC se rapproche de l'angle physiologique de 10 à 15 degrés. Mais il n'y a pas beaucoup de marge, car une diminution de l'extension physiologique du carpe peut causer un stress excessif sur les articulations métacarpo-phalangiennes, tandis qu'un plus grand degré d'extension augmente le levier des forces par rapport à la plaque.

Effet chirurgien ?

Enfin, les auteurs suggèrent un possible effet chirurgical : en effet, un des chirurgiens des cas inclus dans l'étude avait un taux de retrait de 100 %. Bien que cela ne concerne que 6 cas, deux facteurs peuvent avoir contribué à ce résultat : l'hésitation à effectuer la procédure, entraînant une intervention retardée, et des petits angles de plaque d'APC. Les auteurs concluent que l'explantation après APC est plus fréquente que celles associées à d'autres procédures orthopédiques, principalement en raison de facteurs liés à une infection. Une intervention chirurgicale rapide et un examen attentif des angles de la plaque d'APC et de l'arthrodèse carpienne pendant la chirurgie peuvent aider à atténuer ce risque d'explantation et à améliorer les résultats pour les patients.