titre_lefil
logo_elanco

17 juin 2021

La maladie d'Addison touche plus de 1 caniche sur 50

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Par comparaison aux races croisées, le caniche présente un risque multiplié par 51,38 de présenter une maladie d'Addison, d'après les résultats de cette étude épidémiologique. Le croisé labrador, le labradoodle ou labrapoodle, est également à risque (cliché Pixabay).
Par comparaison aux races croisées, le caniche présente un risque multiplié par 51,38 de présenter une maladie d'Addison, d'après les résultats de cette étude épidémiologique. Le croisé labrador, le labradoodle ou labrapoodle, est également à risque (cliché Pixabay).
 

C'est l'hypoadrénocorticisme, ou maladie d'Addison, chez le chien qui a été étudié ici dans le cadre du projet britannique VetCompass. Les cas suivis ou nouvellement diagnostiqués sur une année (en 2016) dans toutes les cliniques vétérinaires participantes (cliniques généralistes) ont été inclus, afin d'évaluer la prévalence de la maladie, les signes cliniques présentés et les principaux facteurs de risque. Les résultats sont publiés en libre accès dans le JSAP. Ils viennent confirmer, ou parfois infirmer, et préciser certaines données déjà établies.

Prévalence annuelle de 0,06 %

Première confirmation : la maladie d'Addison est rare chez le chien. Sur les plus de 905 000 chiens suivis ou vus en consultation dans l'année, 177 cas ont été identifiés comme atteints d'hypoadrénocorticisme, suivis par le vétérinaire (n=144) ou nouveaux cas diagnostiqués (n=33). Pour 72 d'entre eux (40 %), la suspicion clinique a été confirmée par des analyses de laboratoire (test de stimulation à l'ACTH), pour les autres, le diagnostic avait été établi en centre de référés ou dans une autre clinique (et les données du dossier médical sont donc incomplètes).

Ces chiffres représentent une incidence globale annuelle de 0,01 %, et une prévalence annuelle de 0,06 %. En ne considérant que les cas confirmés, la prévalence est de 0,03 % et l'incidence de 0,008 %. Les auteurs rappellent que des travaux suédois avaient évalué la prévalence annuelle à 0,09 % dans leur pays, une valeur voisine.

Caniche et son croisé labrador

Deuxième confirmation, le caniche est, de très loin, plus fréquemment touché (4 cas ici sur les 72 nouveaux cas diagnostiqués et 8 sur les 177), avec une prévalence globale de 2,26 % dans la race. Dans cette race, l'atteinte est ainsi observée chez plus d'un individu sur 50, alors qu'elle l'est pour près de 1 sur 1500 au sein de la population canine générale. Le risque de développer une maladie d'Addison est multiplié par plus de 50 pour les caniches, si on les compare aux races croisées.

Deux autres races sont identifiées comme plus à risque : le labrapoodle (n=4/72 et 11/177, prévalence de 0,47 % dans la race, risque multiplié par 7,4), qui est le croisement d'un labrador avec un caniche (nommé aussi labradoodle), et le West Higland White Terrier (n=6/72 et 9/177, prévalence de 0,15 %, risque x5,8).

Pas de prédisposition des femelles

En revanche, les données de cette nouvelle étude ne confirment pas le sur-risque identifié pour les femelles dans une étude ancienne (1996), et que des travaux ultérieurs avaient retrouvée de manière inconstante. Ici, sur les 72 nouveaux cas de 2016, 31 étaient des chiennes et 41 des chiens mâles.

Les chiens castrés semblent prédisposés. L'âge est également un facteur de risque, avec la tranche d'âge des 4-9 ans plus à risque que celle des moins de 4 ans. L'âge médian des cas est ici de 5,2 ans.

Signes aspécifiques

Enfin, seuls les cas confirmés ont été pris en compte pour l'analyse des signes cliniques présentés par le chien, et le traitement prescrit (car renseignés dans les dossiers médicaux). Et les signes les plus fréquents sont une léthargie (77 %), une anorexie (73 %), des vomissements (73 %). Une diarrhée est observée chez 45 % et une faiblesse chez 38 %. Des signes non spécifiques, donc, ce qui ne facilite pas la suspicion puis le diagnostic de cette maladie rare.

Les analyses biochimiques révèlent une hyperkaliémie chez 89 % des chiens, et une hyponatrémie chez 87 %.

L'hypoadrénocorticisme est une maladie de surrénales qui entraîne une baisse des sécrétions de corticoïdes. C'est le plus souvent une affection d'origine auto-immune. Elle peut aussi être secondaire à une atteinte de l'hypophyse.

Ici, dans 26 cas sur les 177, un hypoadrénocorticisme primaire était spécifié, mais dans les autres cas, le caractère primaire ou secondaire de la maladie n'était pas indiqué dans le dossier médical (ce qui est l'une de limites des études rétrospectives de ce type).

En termes de traitement, la prise en charge initiale associait le plus souvent réhydratation, gastro-protecteurs, corticoïdes, et/ou antibiotiques. À long terme, divers protocoles de corticothérapie sont prescrits.