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1er décembre 2020

Une majorité des chiennes avec pyomètre à col fermé présentent aussi des anomalies du rythme cardiaque

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Une étude italienne identifie que près de 80 % des chiennes diagnostiquées comme ayant un pyomètre à col fermé présentent aussi des anomalies de l'ECG. ** p<0,01. (d'après Pugliese et coll., 2020).
Une étude italienne identifie que près de 80 % des chiennes diagnostiquées comme ayant un pyomètre à col fermé présentent aussi des anomalies de l'ECG. ** p<0,01. (d'après Pugliese et coll., 2020).
 

La majorité des chiennes incluses dans une étude italienne au motif qu'elles présentaient un pyomètre à col fermé présentaient aussi des anomalies du rythme cardiaque (79 % présentaient une anomalie sur l'ECG), selon une étude prospective réalisée en Italie. C'est parce que les lésions du myocarde sont suspectées de « contribuer à la mortalité subite inattendue » lors de ces cas que l'étude a été réalisée.

Étude cas-témoin

L'étude prospective a été réalisée à l'hôpital de l'université vétérinaire de Messine (Italie), où les chiennes à col fermé (n=39, différentes races, âge moyen de 8,4 ans) et les chiennes du lot témoin (n=10 non stérilisées, différentes races, âge moyen de 6,1 ans) ont été incluses après avoir recueilli le consentement de leur maître. Ces chiennes témoin n'avaient pas d'historique cardiaque ni de maladie de l'appareil reproducteur connus et avaient été hospitalisées en vue de stérilisation. Sur les chiennes ‘cas', le diagnostic de pyomètre avait été établi sur la base de l'historique, des signes cliniques, des résultats d'analyses de laboratoire et de l'échographie. Il a par la suite été confirmé par histologie sur la pièce d'exérèse.

Syndrome inflammatoire systémique

L'étude a consisté, pour chaque chienne et après l'examen clinique à l'admission, de réaliser un électrocardiogramme (ECG), et une échographie cardiaque. L'examen clinique a révélé une polyurie et une palpation abdominale provoquant une réponse douloureuse pour 87 et 84 % des chiennes ‘cas'. Pour 82 % d'entre elles il y avait polydipsie et près des deux tiers (61 %) présentaient au moins deux signes de syndrome inflammatoire systémique (hyper/hypothermie, tachycardie, tachypnée et leucocytose/leucopénie) et 20 % trois ou les quatre signes. Un peu moins de la moitié des cas (46 %) présentaient aussi un souffle cardiaque à l'auscultation. La publication détaille les résultats des analyses biologiques et hématologiques.

Anomalies d'ECG

C'est à l'ECG qu'apparaît « une prévalence particulièrement élevée des anomalies » (79 % des chiennes cas), avec des différences hautement significatives au plan statistique pour la durée et l'amplitude d'onde P, l'intervalle PR et l'amplitude de R (voir le tableau dans l'image principale), alors que « les variables détectées chez les chiennes témoin étaient dans l'intervalle de référence ». Plus précisément, chez les chiennes cas :

  • 56 % présentaient une tachycardie sinusale, qui, dans près des trois quarts des cas était accompagnée d'hyperthermie,
  • 23 % présentaient des complexes ventriculaires prématurés, se présentant comme des incidents ectopiques isolés chez tous les sujets,
  • 18 % présentaient une amplitude augmentée de l'onde T, mais la majorité de ces chiennes étaient en hyperkaliémie (5/7),
  • 17 % présentaient une réduction de l'amplitude du complexe QRS, possiblement en lien avec la quantité de liquide présente dans l'utérus,
  • 10 % présentaient une réduction du segment ST,
  • 5 % présentaient une fibrillation atriale,
  • 5 % présentaient un bloc auriculoventriculaire de 2e degré, de 1er degré pour 2,5 %,
  • 5 % présentaient une bradycardie sinusale,
  • et un allongement de l'intervalle QY était détecté chez 5 % des chiennes – sans tachycardie.

Lésions du myocarde

Pour les auteurs, ces perturbations du rythme cardiaque peuvent être rattachées au syndrome inflammatoire – l'exérèse de l'utérus permet donc d'en limiter l'impact. Des études antérieures avaient dosé la troponine I cardiaque dans des cas de pyomètre et trouvé une association forte entre un niveau élevé (lésions du myocarde) et un mauvais pronostic. Pour les auteurs, « il est probable que les chiennes présentant un pyomètre fermé soient à risque d'accidents cardiaques ». « Des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer l'étendue exacte des lésions du myocarde associées au pyomètre », suggèrent les auteurs.