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4 avril 2019

MSD acquiert Antelliq et ses puces Allflex°. BI-Merial cède Coophavet à Dopharma avec quelques surprises

par Eric Vandaële

Temps de lecture  7 min

Dopharma rachète Coophavet
La gamme de Merial-Coophavet et son site de production près de Nantes ne rentraient pas dans la stratégie de Boehringer Ingelheim recentrée sur la prévention et les innovations. Depuis le 1er avril, ils sont la propriété d'un laboratoire hollandais jusque-là inconnu en France : Dopharma.
Dopharma rachète Coophavet
La gamme de Merial-Coophavet et son site de production près de Nantes ne rentraient pas dans la stratégie de Boehringer Ingelheim recentrée sur la prévention et les innovations. Depuis le 1er avril, ils sont la propriété d'un laboratoire hollandais jusque-là inconnu en France : Dopharma.
 

Le premier avril, l'allemand Boehringer Ingelheim, n° 2 mondial de la santé animale, a officiellement cédé au laboratoire néerlandais Dopharma le site de Merial-Coophavet basé à Saint-Herblon (Loire-Atlantique) près d'Ancenis, à mi-chemin entre Nantes et Angers. Il emploie une centaine de personnes pour un chiffre d'affaires estimé entre 20 et 25 millions €.

Le même jour, l'américain MSD, le numéro 3 mondial, a officiellement finalisé le rachat d'une « pépite française » si l'on en croit la presse financière, la société bretonne Antelliq, « le numéro 1 mondial de l'identification animale », plus connu en France sous la marque Allflex°. Ce second rachat, d'importance mondiale, est donc sans commune mesure avec la cession de Coophavet par Dopharma.

Les puces Allflex° restent séparées des ventes de médicaments MSD

La « pépite bretonne » Antelliq emploie 2000 personnes sur 22 sites dans le monde, dont 250 à Vitré (Ille-et-Vilaine), siège mondial du groupe. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 360 millions € l'an dernier. Mais, la société était aussi très endettée. MSD a déboursé 3,25 milliards € pour acquérir Antelliq, 1,15 milliard € pour le rachat de la dette de l'entreprise et un chèque de 2,1 milliards € au fonds d'investissement qui détenait ce groupe (BC Partners).

MSD compte sur Antelliq pour lui apporter « des solutions numériques révolutionnaires pour la santé et le bien-être animal ». Pour le moment, cette nouvelle activité de MSD sera gérée totalement séparément de la vente des médicaments vétérinaires. Les transpondeurs et les boucles auriculaires de la marque Allflex° continueront à être commercialisés par les mêmes structures et les mêmes équipes qu'avant le rachat.

De même, les objets connectés pour chiens et chats de la marque Sure Petcare, une filiale de Antelliq, resteront commercialisés principalement en animaleries. Il s'agit de chatières, de distributeurs de nourriture ou de colliers connectés pour tracer le comportement et l'activité des chiens (voir ce lien).

Une nouvelle vie pour Coophavet

Si rien ne change du côté de Allflex°, à l'inverse, une nouvelle vie commence pour le site de Merial-Coophavet passé sous le drapeau néerlandais de Dopharma. La gamme Coophavet s'était progressivement effacée depuis quelques années pour être intégrée aux produits Merial. Le rachat de Coophavet par Dopharma marque donc la renaissance de cette gamme historique qui sera désormais commercialisée désormais par Dopharma. En France, le chiffre d'affaires de Coophavet s'élève entre 11 et 12 millions d'euros. Le site de Saint-Herblon réalise aussi à l'export un chiffre d'affaires presque équivalent.

Quelques surprises dans les transferts de gammes de Merial

Cette cession présente aussi quelques surprises avec des transferts de gamme entre BI-Merial et Coophavet-Dopharma.

Dolthene° chiens et Synanthic° chez Dopharma

Fabriquées sur le site de Saint-Herblon, les suspensions buvables d'oxfendazole de Merial — Dolthene°pour les chiens et Synanthic° chez les ruminants — seront désormais commercialisées par Dopharma avec la gamme Coophavet. Chez les chiens, L'oxfendazole est un benzimidazole à la fois nématocide (contre les ascaris, les ankylostomes et les trichures) et cestodicide contre les ténias notamment Dipylidium. Mais il n'est pas actif contre les échinocoques.

Eprivalan° reste à Boehringer Ingelheim

Au sein de Merial, Coophavet avait lancé le pour-on Eprivalan° d'éprinomectine, une AMM bis du pour-on Eprinex° Bovins pour tenter de lutter contre les génériques de cet endectocide. Dopharma ne récupère pas la commercialisation de cet endectocide phare de Merial chez les ruminants. Eprivalan° reste chez Boehringer Ingelheim.

Microsolone°/Megasolone° retournent chez Coophavet

Fabriqués sur le site de BI-Merial à Toulouse, et non sur celui de Coophavet Saint-Herblon, les comprimés de prednisolone, Microsolone°/Megasolone° pour chiens et chats, sont néanmoins cédés à Dopharma. Ils ne seront donc plus commercialisés par BI-Merial, mais chez Dopharma.

La griséofulvine Dermogine° passe chez Dopharma

La poudre orale de griséofulvine Dermogine°, indiquée notamment contre les teignes de chevaux, est un produit historique de Merial dont la fabrication était assurée par le site de St-Herblon. Il sera désormais vendu par Dopharma et non plus par Merial.

Une centaine de médicaments Coophavet deviennent Dopharma

La gamme historique de Coophavet, désormais sous les couleurs de Dopharma, comprend presque 120 références commerciales. Elle inclut notamment :

  • Des antibiotiques souvent de première intention en Europe sous des formes orales, injectables ou topiques comme de l'ampicilline (Ampisol°, AmpiDexalone°) ou de l'amoxicilline (Cofamox°, Cofamix°), des sulfamides avec ou même sans triméthoprime (Trisulmix°, Diproxine°, Trimédoxine°, Sunix°…) des tétracyclines (Ronaxan° entre autres), des macrolides, des aminosides (néomycine, DHS, Peni-DHS…), de nombreux intramammaires (Cloxagel°, Cefovet°…), de la colistine (Cofacoli°)… ;
  • Des anti-inflammatoires stéroïdiens (Dexalone°, Oedex°) ou non (aspirine, Pyrevalgine°) ;
  • Des antiparasitaires, comme l'amprolium (Nemaprol°), le lévamisole (Nemisol°, Polystrongle°…), l'oxyclozanide (Distocur°) ou encore l'ancienne pipérazine ;
  • Des médicaments à base d'oligo-éléments (OligoSelen°, Ferro 2000, Cofafer°) ou de vitamines (Cofavit° 500, Cofavit° C, vitamine E…) ;
  • Des solutés injectables contre des troubles souvent métaboliques ou électrolytiques (solutés de perfusion, Magnésium VetoVeine, MagnesioCalcique, Rehydex° 2414, Spéciale 2411, D-Hydrat°, Iodure VetoVeine, CofaCalcium, CalciVitol…) ;
  • Une gamme de produits mammaires, des biocides désinfectants (Prophyl°) ;
  • Des aliments complémentaires etc. Cette liste n'est même pas exhaustive.

Pour Boehringer, « antibiotiques et génériques non stratégiques »

Pour Boehringer Ingelheim qui a racheté Merial le 1er janvier 2017, les gammes de Coophavet, à base d'antibiotiques, souvent devenus de première intention, et de produits anciens, dits génériques, ne rentrent dans sa « stratégie recentrée sur la prévention et les nouveaux produits ». Dans sa course au leadership mondial qu'il dispute à Zoetis et MSD, le laboratoire allemand avait annoncé dès le 3 octobre 2017 son intention de revendre ce site « non stratégique » (voir LeFil du 10 octobre 2017). Un an plus tard, le 10 octobre 2018 (voir LeFil du 16 octobre 2018), il annonce avoir sélectionné Dopharma comme repreneur de Coophavet. C'est donc effectif depuis le début de cette semaine.

Dopharma, un laboratoire familial inconnu en France

Fondé en 1969, il y a tout juste 50 ans, le laboratoire néerlandais Dopharma est, comme Boehringer Ingelheim, une entreprise familiale (voir ce lien). Il appartient à la famille « de Bruijn » dont « la seconde génération » constitue les principaux dirigeants actuels du laboratoire. Dopharma n'est pas un grand laboratoire multinational du top ten mondial. Il est surtout fort dans son pays d'origine, les Pays-Bas où il pointe à la quatrième place derrière les « trois gros » : MSD-Intervet, Boehringer Ingelheim (BI-Merial) et Zoetis. Il dispose de filiales en Belgique, en Allemagne, en Roumanie et en Lituanie.

Des autovaccins néerlandais et une phénylbutazone équine

En 2017, Dopharma a aussi racheté un fabricant d'autovaccins néerlandais : Ripac-Labor. Avec ce rachat, il emploie déjà 165 personnes réparties sur au moins deux sites de fabrication aux Pays-Bas et en Allemagne. Avec le site de Coophavet en France, Dopharma récupère donc un troisième site de production et une centaine de salariés supplémentaires.

Dopharma ne publie pas d'informations financières permettant d'évaluer des ventes et sa part de marché. Il est spécialisé dans la fabrication de médicaments vétérinaires pour les animaux de rente, chevaux inclus, avec, entre autres :

  • Des anti-inflammatoires, comme des sachets de phénylbutazone pour chevaux, un générique de méloxicam injectable (Melovem°), de l'acide salicylique per os, une dexaméthasone injectable,
  • Des antibiotiques oraux et injectables (amoxicilline, ampicilline, doxycline, oxytétracycline, florfénicol, péni-strepto, tylosine etc.).
  • Un anticoccidien (toltrazuril), du flubendazole et du lévamisole,
  • Ou d'autres médicaments (oxytocine, fer injectable, bromhexine).

Dopharma développe aussi des aliments complémentaires « nutraceutiques » sous la marque Eviban°, mais sans grande originalité, à base de vitamines, de minéraux et d'acides aminés.

Un développement de Coophavet en Europe de l'Est

Boehringer Ingelheim a choisi Dopharma « en raison de son projet extrêmement solide et pérenne avec une préservation de l'emploi et un développement de l'activité du site » de Saint-Herblon.

Avec ce rachat, Dopharma « veut s'implanter sur le marché français en s'appuyant sur la notoriété de la marque Coophavet » et compléter aussi son portefeuille de produits avec ceux développés dans la gamme Coophavet.

La bonne implantation de Dopharma en Europe de l'Est pourrait permettre un développement des ventes des produits Coophavet dans ces pays. Et Dopharma pourrait s'appuyer à l'export sur le réseau des distributeurs historiques de Coophavet, notamment en Asie et en Afrique pour promouvoir sa propre gamme. La fabrication de certains produits Dopharma pourrait aussi être transférée sur le site de Saint-Herblon.