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Elanco & Proplan

21 juillet 2025

Mortalité précoce des chats : un risque maximal les 2 premières années de vie, souvent accidentel

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

D'après Taylor et al., JFMS, 2025.
D'après Taylor et al., JFMS, 2025.
 

De quoi meurent les jeunes chats ? Principalement des accidents de la route, selon une étude britannique. Les résultats montrent aussi que si les maladies infectieuses – notamment la péritonite infectieuse féline – sont une cause majeure de décès chez les chatons, les maladies cardiaques et rénales sont souvent fatales chez les jeunes adultes, dont la longévité pourrait ainsi être améliorée par un suivi vétérinaire plus systématique.

362 chats morts (trop) tôt

Ces recherches ont été menées dans le cadre de la « Bristol Cats Study », qui repose sur le suivi d'une large cohorte de 2444 chats, recrutés à la naissance entre 2010 et 2013. Les chercheurs, de l'école vétérinaire de Bristol, ont recensé ici 362 individus morts avant d'atteindre l'âge de 9 ans, dont ils ont analysé les causes de décès. Ils publient leurs résultats en libre accès dans le JFMS.

L'un des intérêts de cette étude est d'inclure des chats non médicalisés : en effet, les données sont issues de questionnaires complétés par les propriétaires, et pas seulement extraites de dossiers médicaux ou d'assurances (comme dans nombres d'études). Car les taux de médicalisation et d'assurance des chats sont inférieurs à ceux des chiens. Ici, plus d'1 chat sur 5 n'avaient pas été présenté à un vétérinaire l'année précédant le dernier questionnaire annuel. Inversement, la limite de cette étude est de reposer sur le déclaratif des propriétaires, bien que les données des dossiers médicaux aient été utilisés lorsque possible, pour corroborer les informations récoltées.

Des questionnaires ont été complétés lorsque le chat avait 8-16 semaines, puis 6 mois, 12 mois, 1,5 ans, 2,5 ans, 4 ans, puis chaque année. La date du décès était renseignée (n=219), ou estimée à partir du dernier questionnaire complété. À ce stade de l'étude, la collecte des données a donc porté sur les 8 premières années de vie des chats.

Ces chats décédés avant l'âge de 9 ans étaient des mâles en courte majorité (55,5 %), et environ un quart (26,1 %) étaient de race (pedigree).

L'accident de la route est le plus mortel

Lorsque renseignée et suffisamment explicite, la cause du décès a été classée selon l'événement ou la maladie à son origine, par organe le cas échéant. Il s'agit ainsi d'accidents de la route ou d'autres traumatismes (attaque par un chien, étranglement…), de maladies respiratoires, digestives, neurologiques…, ou cancéreuses…, de troubles du comportement, de complications de chirurgie, etc.

Indépendamment de l'âge du chat au moment de son décès, la cause numéro 1 est ainsi l'accident de la route, le chat ayant été percuté par un véhicule, retrouvé blessé ou mort : 165 chats (soit 45,6 %). À moins de confiner le chat à l'intérieur de l'habitation, ce qui n'est pas nécessairement adapté vis-à-vis de ses besoins et son bien-être, il est complexe de prévenir ces accidents, lesquels dépendent aussi de l'environnement de vie (à proximité d'un axe routier passant par exemple).

Les trois causes les plus fréquentes ensuite sont les maladies rénales (aiguë ou chroniques, n=24 soit 6,6 %), les maladies cardiovasculaires (n=23 soit 6,4 %), puis les maladies tumorales (n=22 soit 6,1 %).

Gare à la PIF chez le chaton

Chez les chatons (âgés de moins de 1 an au moment du décès ; 67 cas seulement), ces accidents mortels sont encore plus fréquents, ce qui était déjà connu : ils totalisent 61,2 % des cas.

Ensuite, c'est la péritonite infectieuse féline (PIF) qui est le plus souvent en cause (11,9 %), devant les autres traumatismes (7,5 %), les complications chirurgicales (6,0 %), les intoxications par ingestion (3,0 %).

Il était déjà documenté que la PIF est une maladie mortelle chez le chat, avec deux pics de mortalité, chez le jeune chaton, ce qui est retrouvé ici, puis à un âge plus avancé. La PIF représente près de 4 % des causes de décès tous âges confondus (jusqu'à 8 ans) dans cette étude.

Maladies organiques chez le jeune adulte

Chez les jeunes adultes (1-6 ans ; 230 cas), les accidents de la route mortels représentent encore près d'un cas de décès sur deux (49,6 %). Mais suivent les maladies rénales et cardiovasculaires (6,5 % chacune), puis les « morts subites » (4,8 %), probablement liées à des troubles cardiaques, et les néoplasies (4,3 %).

Les maladies rénales sont probablement plutôt de type aigu dans cette population de jeunes chats, causées par une obstruction urinaire, une pyélonéphrite, une intoxication… Mais il est n'est pas exclu que la maladie rénale chronique soit sous-diagnostiquée chez le jeune animal, ce qui a été suggéré dans d'autres études (avec en particulier une prévalence de 37,5 % chez les chats de moins de 5 ans, et de 41 % chez les 5-10 ans).

Une meilleure médicalisation des chats et des bilans de santé annuels pourraient ainsi réduire cette mortalité précoce, avec en particulier le dépistage de troubles de la fonction rénale et des myocardiopathies.

Les auteurs alertent aussi sur l'usage des médicaments néphrotoxiques, à prescrire avec prudence.

81 % des chats atteignent 8 ans

Les chercheurs ont également calculé le risque de mortalité et son évolution dans le temps. Ainsi, ce risque est élevé les deux premières années de vie – avec une probabilité annuelle de décès de 2,8-3,1 %. Il tombe ensuite à 1,7 % la troisième année de vie. Passé ce cap, il augmente progressivement d'année en année, pour atteindre 3,6 % la huitième année de vie (voir figure en illustration principale).

Sur la cohorte entière, le taux de survie diminue naturellement progressivement avec l'âge. Plus de 8 chats sur 10 (81 %) atteignent l'âge de 8 ans.