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Elanco & Proplan

18 juillet 2016

Un cas de capillariose pulmonaire clinique chez un chat en France

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Capillaria aerophila (ou Eucoleus aerophilus) est un parasite du tractus respiratoire, prélevé ici dans la trachée d’un renard (cliché Lalosevic, V et al. Source Wikimedia).

La nouvelle revue JFMS Open Reports publie dans son premier numéro un cas clinique de capillariose pulmonaire chez un chat français infecté par le FIV.

 
Capillaria aerophila (ou Eucoleus aerophilus) est un parasite du tractus respiratoire, prélevé ici dans la trachée d’un renard (cliché Lalosevic, V et al. Source Wikimedia).
 

C’est le premier cas rapporté en France de maladie respiratoire féline associée à Capillaria aerophila. Ce nématode parasite habituellement les carnivores sauvages, notamment les canidés ; possiblement l’homme mais rarement.

Ce cas chez un chat, infecté par ailleurs par le FIV, est publié dans le premier numéro du nouveau Journal of Feline Medicine and Surgery Open Reports, consultable en libre accès (en anglais).

Affection usuellement asymptomatique

La contamination par Capillaria aerophila est considérée comme asymptomatique voire subclinique chez les carnivores domestiques. Ce cas clinique chez un chat domestique est notable de ce fait.

Capillaria aerophila (ou Eucoleus aerophilus) est un nématode de la famille des trichures. Les formes adultes parasitent le tractus respiratoire (trachée, bronches et bronchioles), responsables des éventuels signes cliniques peu spécifiques observés chez les espèces sauvages : toux sèche surtout. Une infection secondaire peut entraîner des symptômes pulmonaires plus graves (bronchite, bronchopneumonie).

La toux favorise la remontée des œufs dans la trachée, qui sont ensuite déglutis puis éliminés dans les fèces. L’animal s’infecte en ingérant les œufs présents dans le milieu extérieur, ou par la consommation de ver de terre (hôte intermédiaire facultatif). Après leur éclosion, les larves migrent du tractus digestif vers l’appareil respiratoire où elles achèvent leur développement.

Bronchite réfractaire aux traitements

Le chat contaminé est une femelle stérilisée de 2 ans, qui vit avec une vingtaine d’autres chats. Il a librement accès à l’environnement extérieur, qui comporte une forêt voisine.

Il est référé à l’école vétérinaire d’Alfort pour une symptomatologie respiratoire réfractaire aux traitements (antibiotiques, corticoïdes, aérosolthérapie), depuis 4 mois. Il présente notamment une toux devenue productive.

L’examen clinique de l’animal montre une hyperthermie, une tachypnée et une tachycardie, ainsi que des anomalies à l’auscultation thoracique.

La bronchoscopie et le lavage broncho-alvéolaire pratiqués confirment l’existence d’une infection pulmonaire (bronchite purulente). L’examen microscopique du prélèvement broncho-alvéolaire montre surtout la présence de nombreux œufs de Capillaria aerophila.

FIV+

Les analyses sanguines montrent aussi une infection par le virus de l’immunodéficience féline (FIV), associée à une leucocytose (neutrophilie et monocytose).

La chatte est hospitalisée 4 jours, réhydratée, et reçoit un traitement combinant antibiotique (amoxicilline et acide clavulanique, prolongé 3 semaines), anti-inflammatoire stéroïdien (prednisolone, 3 semaines), antiparasitaire (fenbendazole, 10 jours), bronchodilatateur (théophylline) et aérosolthérapie (3 semaines).

À l’issue du traitement, la chatte ne présente plus de signes cliniques, à l’exception d’un sifflement encore audible à l’auscultation trachéale. L’antibiothérapie est prolongée.

Récidive de la parasitose

L’examen coproscopique est également négatif. Mais 6 semaines après, le propriétaire signale une reprise de la toux. Et cette fois la coproscopie est positive, signant une récidive ou une recontamination. Un nouveau traitement antiparasitaire et antibiotique est prescrit pour 10 jours.

Diagnostic différentiel des affections chroniques

Pour les auteurs, ce cas illustre le caractère clinique possible de la capillariose pulmonaire chez les carnivores domestiques, déjà observé dans une étude en Italie.

L’infestation entre ainsi dans le diagnostic différentiel des toux et bronchites chroniques. La toux, habituellement sèche, devient productive en cas de surinfection bactérienne.

Ici, la sévérité des symptômes découle potentiellement du statut immunitaire dégradé lié à l’infection par le FIV, ainsi que de la corticothérapie administrée en première intention face à la suspicion d’une origine allergique (asthme félin). Quelques autres cas de capillariose féline associée à des maladies concomitantes (FIV, cryptococcose, maladie rénale chronique) ont été précédemment décrits. D’où la justification de rechercher une éventuelle cause de déficience immunitaire en cas de capillariose, mise en évidence par l’observation des œufs du parasite dans les fèces ou le liquide broncho-alvéolaire.

Nouvelle revue féline en libre accès

Le Journal of Feline Medicine and Surgery Open Reports (JFMS Open Reports), dans lequel est publié l’article, est une nouvelle revue numérique, en libre accès. Elle est adossée au Journal of Feline Medicine and Surgery, la revue officielle de l’ISFM (International Society of Feline Medicine) et de l’AAFP (American Association of Feline Practitioners).

Les éditeurs expliquent que ce nouveau titre propose trois catégories d’articles – cas cliniques, petites séries de cas et courtes communications – présentant des chiffres de prévalence régionale ou d’autres données sur des maladies bien connues chez le chat.

Lire l’éditorial du premier numéro (janvier-juin 2016) pour en savoir plus.