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Elanco & Proplan

30 septembre 2025

Polyarthrite canine : l'envisager lors d'augmentation subclinique de la protéine C-réactive

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Dans cette étude, les races de petit format sont surreprésentées parmi les cas de polyarthrite, notamment le teckel nain (cliché Pixabay).
Dans cette étude, les races de petit format sont surreprésentées parmi les cas de polyarthrite, notamment le teckel nain (cliché Pixabay).
 

La polyarthrite est une maladie articulaire inflammatoire, qui touche plus de deux articulations osseuses. Ses signes cliniques sont variables chez le chien, caractérisés le plus souvent par des troubles locomoteurs : boiterie, raideur, difficulté à se mouvoir, à se lever, à marcher… Des vocalisations spontanées sont également décrites (la polyarthrite est une maladie douloureuse). Mais les symptômes peuvent aussi rester généraux et aspécifiques, comme une hyperthermie, une baisse d'appétit, une perte de poids, ce qui ne facilite pas la suspicion. En outre, le diagnostic nécessite des examens ciblés, comme des radiographies ou une ponction du liquide synovial pour analyses.

La protéine C-réactive (CRP) représente un biomarqueur d'inflammation, utilisé notamment pour le diagnostic et le suivi de la polyarthrite idiopathique à médiation immune. Partant de l'hypothèse que la polyarthrite est sous-diagnostiquée chez le chien, une équipe de vétérinaires japonais, exerçant dans une clinique généraliste, a mené une étude prospective visant à rechercher la maladie chez les animaux présentant un trouble de la démarche et/ou une augmentation de la CRP plasmatique.

Une étude sur 2 ans

Sur une période de 2 ans (avril 2022 à avril 2024), ces vétérinaires ont ainsi recruté 81 chiens :

  • 12 présentaient des signes cliniques évocateurs de polyarthrite (boiterie),
  • Et 78 présentaient une CRP plasmatique augmentée (> 4 mg/dl).

Une arthrocentèse a été réalisée chez tous les chiens (au niveau de 3 articulations au moins) pour analyse cytologique du liquide synovial ; une polyarthrite était établie si le résultat montrait une inflammation suppurative. Un bilan sanguin était réalisé aussi, ainsi que des examens d'imagerie (radiographies thoraciques et abdominales, échographie abdominale), pour rechercher une cause primaire. Lorsque la polyarthrite était diagnostiquée, des radiographies des articulations concernées étaient effectuées en complément.

25 % de cas de polyarthrite confirmée

Ces examens ont permis de diagnostiquer 20 cas de polyarthrite, soit 25 % des cas.

Ces chiens étaient également répartis entre mâles et femelles (10 de chaque ; l'absence de prédisposition raciale était déjà documentée). Ils étaient de divers âges mais relativement âgés ici (13,8 ans d'âge médian). Ils étaient aussi de diverses races (11 en tout) : les races de petit format sont toutefois surreprésentées, à l'exemple du teckel nain avec 5 chiens (25 % de la cohorte). Mais ces races sont aussi particulièrement populaires au Japon.

Parmi ces cas, 10 seulement, soit la moitié, présentaient des signes locomoteurs. Et à l'exception de cette boiterie (moins fréquente chez les chiens sans polyarthrite), le reste de l'examen clinique était sans différence significative entre les groupes. En revanche, une augmentation de la kaliémie et surtout de la calcémie est plus fréquente chez ces chiens atteints de polyarthrite (mais avec 3 cas seulement d'hypercalcémie). Ces observations confirment l'hypothèse que la polyarthrite canine est probablement sous-diagnostiquée.

À l'inverse 2 de ces 20 chiens seulement ne présentaient pas de CRP augmentée, mais ils avaient été auparavant traités avec des corticoïdes ou des immunosuppresseurs. Les auteurs proposent alors d'envisager une polyarthrite relativement systématiquement lors de CRP augmentée, mais aussi de l'envisager si la CRP est normale chez un chien montrant une boiterie avec un historique de corticothérapie ou d'administration d'immunosuppresseurs. Il convient alors, lorsque possible, de réaliser une analyse du liquide synovial pour cytologie et idéalement culture bactérienne.

Un pronostic favorable

Les causes de polyarthrite sont infectieuses ou non : dans ce second cas, l'affection est à médiation immune, érosive ou non-érosive (plus fréquente), alors associée à une affection comme un lupus érythémateux systémique, ou idiopathique lorsque la cause sous-jacente reste méconnue.

Ici, les cas ont été répartis en 3 catégories,

  • polyarthrite d'origine infectieuse : pas de cas ;
  • polyarthrite réactive (secondaire à un stimulus immunogène extra-articulaire comme une tumeur, une infection non articulaire à l'exemple d'un pyomètre, une maladie digestive ou hépatique, un traitement ou une vaccination…) : 13 cas ;
  • polyarthrite primaire à médiation immune : 7 cas dont un de lupus.

Le traitement mis en œuvre ciblait la cause primaire lorsque déterminée, complété par des anti-inflammatoires et des immunosuppresseurs selon le cas. Le taux de rémission est bon : il atteint 90 % (18 cas sur les 20). La normalisation de la CRP plasmatique est associée à une amélioration de la boiterie lorsque présente.

Dans deux cas de polyarthrite réactive, les chiens sont décédés, mais des suites de la maladie sous-jacente.