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Elanco & Proplan

5 août 2024

Un gradient nord-ouest sud-est du portage de piroplasmes équins en France

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Fréquence du portage de la piroplasmose équine dans les différentes région métropolitaines ; les régions sans résultats avaient pas ou trop peu d'animaux échantillonnés. Les deux régions à la fréquence de portage la plus élevée ont un contour surligné (vert ou rouge). Jouglin et coll., 2024.
Fréquence du portage de la piroplasmose équine dans les différentes région métropolitaines ; les régions sans résultats avaient pas ou trop peu d'animaux échantillonnés. Les deux régions à la fréquence de portage la plus élevée ont un contour surligné (vert ou rouge). Jouglin et coll., 2024.
 

Les dernières données épidémiologiques sur la piroplasmose équine en France remontent à une vingtaine d'années, rappellent les auteurs d'une étude d'actualisation en prépublication (manuscrit soumis) depuis la fin juillet. Ces données reposaient sur un test diagnostique qui n'est plus employé et étaient fragmentaires quant au statut clinique des chevaux prélevés. La nouvelle étude a associé les quatre écoles vétérinaires, et fournit des chiffres de portage pour 9 régions. Elle confirme l'existence d'un gradient géographique pour la fréquence de ce portage, et que les régions où il est le plus fréquent sont à l'est.

566 chevaux, 4 écoles

Les auteurs ont donc utilisé la PCR, permettant de détecter même de faibles quantités de génome des parasites (Theileria equi et Babesia caballi) dans le sang des animaux. Les chevaux prélevés étaient asymptomatiques, « parce qu'ils représentent une partie significative du réservoir [des parasites], surtout pour T. equi ». Il s'agissait de chevaux consultant dans l'une des quatre écoles vétérinaire pour un motif autre que la piroplasmose (boiterie, chirurgie, reproduction…) entre novembre 2019 et janvier 2023. Lorsque le propriétaire acceptait que son cheval participe à l'étude, il remplissait un questionnaire (avec en particulier la localisation de résidence de l'animal) et une prise de sang était effectuée. Au total, 566 chevaux ont été inclus (250 juments, 249 hongres et 67 étalons). L'âge moyen de cette population était de 11,5 ans (de 1 à 31 ans).

Plus d'un tiers de porteurs asymptomatiques

Au plan national, plus du tiers (38 %) des chevaux étaient porteurs asymptomatiques de piroplasmose :

  • T. equi est le parasite le plus fréquent (92 % des positifs), et il est présent dans toute la France ;
  • B. caballi (8 %) est identifié dans le sud de la France, autour des ENV de Toulouse et de Lyon, alors qu'il n'a pas été détecté chez les chevaux consultant à Nantes. Ce plus faible chiffre reflète probablement le fait que les chevaux à piroplasmose clinique éliminent B. caballi après quelques années, alors qu'ils restent positifs à vie pour T. equi. Ce qui est aussi cohérent avec les données du Réseau d'épidémiosurveillance en pathologie équine (RESPE) qui, sur 2013-2022, a identifié T. equi dans 37 % et B. caballi dans 3 % des échantillons soumis pour suspicion de piroplasmose asymptomatique.
  • Un peu moins de 2 % des chevaux étaient porteurs des deux espèces de piroplasmes, et plus de la moitié (58 %) des porteurs asymptomatiques de B. caballi étaient co-infectés par T. equi.

Disparités régionales

La disparité des fréquences de portage était élevée selon les régions, avec 19 % en région parisienne et 56 % en région lyonnaise, les fréquences rapportées par les deux autres ENV étant entre ces extrêmes (voir l'illustration principale). La fréquence de B. caballi n'était pas significativement différente entre les trois ENV où l'espèce a été détectée. Pour les deux parasites pris ensemble, le portage était significativement plus fréquent « en Bourgogne-Franche-Comté (82 %) par rapport aux cinq régions de l'ouest ou du nord, mais pas par rapport aux régions du sud ou voisines. La région Île-de-France présentait une fréquence de portage significativement plus faible que les régions du sud-est : Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes et Occitanie ». Il y a donc bien « un gradient apparent de prévalence de la piroplasmose, augmentant du nord-ouest vers le sud-est ». Ce que les auteurs résument par : « un cheval sur trois est porteur en France, avec un gradient d'environ un sur cinq dans le nord-ouest à un sur deux dans le sud-est ».

Corrélation avec une piroplasmose clinique

Le portage est connu pour résulter d'un épisode de piroplasmose clinique, et pouvoir se poursuivre sur la vie de l'animal. De fait, le questionnaire demandait aux propriétaires de renseigner tout épisode antérieur de piroplasmose. Les auteurs observent une corrélation significative entre le fait d'avoir eu un épisode aigu de piroplasmose et celui d'être porteur asymptomatique (R2=0,9643).

Enfin, en région de faible fréquence du portage (région parisienne), le fait de provenir d'une région/pays enzootique pour la piroplasmose est également associé (p=0,005) au fait d'être porteur. Ni le sexe ni l'âge des chevaux n'a d'effet significatif sur la fréquence du portage.