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Elanco & Proplan

8 juillet 2024

Dysbiose cutanée chez les chiens atopiques : intérêt préliminaire des lingettes

par Caroline Driot

Temps de lecture  4 min

Le microbiote cutané des chiens atopiques se caractérise par une moindre diversité, et une surreprésentation de Staphylococcus pseudintermedius et Malassezia (cliché : DR).
Le microbiote cutané des chiens atopiques se caractérise par une moindre diversité, et une surreprésentation de Staphylococcus pseudintermedius et Malassezia (cliché : DR).
 

Pour améliorer les signes de dermatite atopique canine (DAC), il faut s'intéresser à la flore cutanée. Car c'est une affection fréquente chez le chien, dans laquelle la perturbation du microbiote cutané est désormais reconnue comme un facteur déterminant. L'International Commitee on Allergic diseases of Animals la définit  comme « une maladie cutanée inflammatoire à médiation cellulaire, héréditaire, généralement prurigineuse, impliquant des interactions entre des anomalies de la barrière cutanée, une sensibilité aux allergènes et une dysbiose microbienne ».

Chez le chien atopique, cette dysbiose se traduit par une perte de la diversité microbienne cutanée, au profit de certaines bactéries (Staphylococcus pseudintermedius notamment) et levures (Malassezia). Par ailleurs, le défaut d'hydratation de la couche cornée et une production défectueuse de peptides antimicrobiens par les kératinocytes maintiennent un environnement propice à la dysbiose. La prolifération des staphylocoques et des levures, en libérant des cytokines pro-inflammatoires et prurigènes, altère le revêtement cutané (modification du pH, déshydratation), aggravant alors les symptômes et entretenant le cercle vicieux de la maladie.  

Application quotidienne de lingettes à 3 % de chlorhexidine

La gestion de la dysbiose cutanée fait donc partie intégrante d'une prise en charge au long cours de la dermatite atopique canine. Une étude prospective récente, sur un panel restreint de chiens atopiques (vingt individus) mais dont le protocole ne prévoit pas de carré latin (pour lequel chaque animal est son propre témoin) ou de placébo, suggère un impact positif, à la fois clinique et microbiologique, d'une application quotidienne de lingettes imprégnées de chlorhexidine sur les zones de dysbiose.

Les patients inclus dans l'étude n'avaient reçu aucun traitement antibiotique ni de dérivés azolés dans le mois précédant leur inclusion, aucun corticoïde à action immédiate dans les deux semaines précédentes, ni de corticoïdes retard dans les six semaines précédentes, et aucun traitement topique dans la semaine précédente. Les zones de dysbiose étaient identifiées par l'analyse microscopique de calques cutanés, et caractérisées par une prolifération de cocci et de levures (plus de 15 germes), observée sur 10 champs consécutifs (grossissement x 1 000 à l'immersion). Un dénombrement moyen des germes était établi lors de la première visite (J0), ainsi qu'un score clinique, reposant sur l'évaluation de la sévérité des lésions (notée de 0 : absence, à 4 : très sévère) et leur étendue (de 0 : absent, à 5 : supérieure à un carré de 25 cm de côté). Le prurit était également évalué, de 0 (absence), à 10 (très sévère). À partir de J0, des lingettes imprégnées de 3 % de chlorhexidine et de principes actifs hydratants (glycérine et allantoïne), étaient appliquées quotidiennement sur les zones de dysbiose, pendant une durée de 10 secondes. Aucun rinçage ni séchage n'était effectué. Les chiens étaient revus à J7 et J14, pour un suivi cytologique et clinique.

Amélioration des signes cliniques et microbiologiques…

Résultat : des améliorations notables dès la première semaine de traitement, confirmées à l'issue des deux semaines de suivi, avec une réduction significative de la sévérité moyenne des lésions (2,35 à J0, contre 1,6 à J 7 et 1,15 à J 14), de leur étendue (1,65 à J0, contre 1,45 à J7 et 1,2 à J 14) comme du prurit (5,18 à J0, contre 3,63 à J7 et 2,75 à J14). Lors de la première visite, le score de dysbiose s'élevait à 15,47 germes par champ en moyenne. Après deux semaines de traitement, des réductions de 75 % des quantités de cocci et de Malassezia étaient observées respectivement chez 40 % et 50 % des patients.

L'efficacité globale du traitement, évaluée à J14 par les propriétaires et les vétérinaires via un questionnaire de satisfaction (de 0 : pas de réponse, à 4 : excellente réponse), s'élevait à 3,1 en moyenne pour les premiers, et 2,6 pour les seconds. La facilité d'emploi était estimée à 3,6 sur 4 par les propriétaires, confirmant l'intérêt des lingettes dans le traitement des zones difficiles d'accès (espaces interdigités, plis cutanés…), par rapport à d'autres types de traitements plus contraignants, comme les shampooings et les lotions. Par ailleurs, aucun effet indésirable n'a été signalé au cours du suivi.

…à confirmer par une étude en double-aveugle

Pour les auteurs, ces résultats confirment l'intérêt préliminaire des lingettes testées, pour la gestion de la dysbiose cutanée des chiens à DAC. Ils estiment que c'est l'association de l'activité antiseptique bien documentée sur les staphylocoques aux principes hydratants (restauration de l'intégrité de la barrière cutanée) des lingettes qui permet une gestion intégrée et responsable de la maladie. Cela « diminue potentiellement le risque de flambées infectieuses, et donc de recours aux antibiotiques ». Ils soulignent toutefois l'absence de comparaison avec un groupe témoin dans leur protocole, et envisagent de confirmer ces résultats par une étude randomisée en double aveugle, avec des « lingettes placébo », dépourvues de chlorhexidine.