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17 juin 2024
Triple résistance aux antiparasitaires équins : une première en France
C'est une étude menée dans un haras de chevaux de course où l'éleveur suspectait une résistance aux anthelminthiques qui a confirmé une double résistance au fenbendazole et au pyrantel des cyathostomes, mais qui a surtout identifié une résistance simultanée à l'ivermectine. Des observations inédites en France.
Les cyathostomes (petits strongles) sont les principaux parasites digestifs des équidés, qui se contaminent au pré. Leur contrôle repose sur la vermifugation régulière (plusieurs fois dans l'année) des animaux, et trois familles d'antiparasitaires sont disponibles : les benzimidazoles (fenbendazole), les tétrahydropyrimidines (pyrantel) et les lactones macrocycliques (ivermectine, moxidectine).
Comme dans d'autres espèces, des résistances à ces antiparasitaires émergent. Et une fréquente résistance au fenbendazole et au pyrantel était déjà documentée chez des chevaux, en France comme ailleurs dans le monde. C'est donc la résistance simultanée aux lactones macrocycliques – l'ivermectine ici – qui est une première, et qui aggrave la problématique, ne laissant plus guère d'alternative thérapeutique efficace.
Les chevaux de course et notamment les pur-sang sont particulièrement concernés par ces résistances, du fait de traitements relativement systématisés et sans surveillance du parasitisme.
Les scientifiques de l'Anses (laboratoire de Dozulé, Calvados) qui ont réalisé l'étude ont publié leurs résultats en libre accès dans International Journal of Parasitology, des résultats signalés également sur le site de l'Agence (actualité du 27 mai 2024).
Les recherches se sont déroulées dans un haras de pur-sang de course, en Normandie, entre mars et décembre 2023. L'éleveur y suspectait une résistance aux anthelmintiques, en particulier sur les jeunes chevaux : malgré les traitements systématiques administrés (fenbendazole, ivermectine), la croissance et l'état général des animaux lui paraissaient insatisfaisants.
Les chercheurs ont donc réalisé des comptages d'œufs post-traitement (test de réduction de l'excrétion fécale, FECRT) sur des yearlings qui avaient été régulièrement traités auparavant (tous les 1 à 2 mois), avec plusieurs molécules antiparasitaires en alternance, à partir de l'âge de 1 à 4 mois selon les cas, et répartis en groupes (parfois des mêmes animaux) : groupe 1 (6 mâles), groupe 2 (12 femelles), groupe 3 (8 femelles et 3 mâles). Ces yearlings ont pâturé de mars à septembre, sur différentes parcelles, et ont ainsi été naturellement infestés.
Les FECRT ont été réalisés suite aux traitements tels qu'habituellement prescrits (et réalisés par le vétérinaire du haras), aux doses recommandées dans les notices des médicaments et après évaluation du poids des individus :
Et les résultats ont montré une résistance à chacune des molécules, dans tous les groupes testés : réduction d'excrétion insuffisante post-traitement (par comparaison à l'efficacité ciblée sans résistance). La plupart des chevaux étaient forts excréteurs avant traitement : plus de 500 EPG (œufs par gramme de crottin). L'efficacité de la moxidectine n'a pas été évaluée.
Des cas de résistance aux lactones macrocycliques (ivermectine et/ou moxidectine) ont déjà été signalés dans plusieurs pays, en particulier le Royaume-Uni et l'Irlande en Europe (mais aussi aux États-Unis ou en Australie), parfois au travers d'une ré-excrétion fécale plus rapide après le traitement. Ce n'était pas encore le cas en France, et son observation dans ce haras est donc une première.
Les scientifiques de l'Anses proposent donc d'effectuer de nouvelles études, sur des effectifs plus larges et dans plusieurs élevages, afin d'évaluer la résistance des petits strongles aux anthelminthiques en France.
Une surveillance internationale serait utile aussi, en particulier pour les chevaux de course. La résistance aux anthelminthiques est particulièrement problématique chez ces chevaux qui font l'objet de beaucoup de déplacements (pour la reproduction, l'entraînements, les courses) et de ventes entre pays.
L'Anses diffuse aussi sur son site ses recommandations de bonnes pratiques de vermifugation des équidés (qui figurent de longue date sur le site de l'IFCE).
L'Agence rappelle ainsi que l'administration d'antiparasitaires non adaptés ou à des doses inadéquates ont pour conséquences de favoriser la résistance des parasites aux molécules utilisées, et d'altérer la santé de l'animal traité (risque de dysbiose et de toxicité). Ces traitements inadaptés ont également des effets délétères sur l'environnement du fait de la toxicité des molécules sur la faune sauvage (les insectes coprophages comme les bousiers ou les espèces aquatiques). L'Anses souligne aussi qu'il est « recommandé aux détenteurs d'équidés de prendre conseil auprès de leur vétérinaire pour choisir le traitement antiparasitaire adapté et vérifier l'absence de résistance aux molécules utilisées ».
Les bonnes pratiques de vermifugation reposent sur les 5 principes suivants.
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