31 octobre 2024
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Une mauvaise qualité du sperme est observée dans certaines races canines. Afin de mieux comprendre ce phénomène, une étude a été réalisée chez 65 bouvier bernois, une race dont les performances reproductives sont jugées faibles.
Les chiens ont été recrutés dans des cliniques vétérinaires suédoises. N'inclure qu'une seule race a permis aux auteurs de réduire les variations potentielles de la qualité du sperme en fonction de la taille et du poids des chiens.
La moyenne d'âge des chiens était de 4,5 ans (1,3 à 11,4 ans) et leur poids moyen était de 50 kg (35 à 58 kg). L'indice de condition corporelle des chiens allait de « normal » à « légèrement en surpoids ». Sur les 65 chiens inclus dans l'étude, 44 avaient déjà été utilisés pour la reproduction, entraînant une gestation dans 80 % des cas.
Conformément à des données antérieures, les spermatozoïdes anormaux sont plus nombreux quand le chien vieillit. La présence de gouttelettes proximales en regard de la pièce intermédiaire est notamment plus fréquente : cette anomalie est présente dans des spermatozoïdes considérés comme immatures. Les processus dégénératifs associés à l'âge peuvent en effet perturber la maturation des spermatozoïdes.
Une diminution de la motilité des spermatozoïdes avec l'âge a également été observée.
Une palpation testiculaire anormale est significativement corrélée avec une diminution de la motilité et du nombre de spermatozoïdes morphologiquement normaux (SMN), soulignant l'importance de l'examen clinique.
Des anomalies des testicules ont été constatées chez 37 % des chiens ici : la palpation montrait le plus souvent une consistance molle, un signe pouvant être associé à une affection dégénérative.
Le nombre total moyen de spermatozoïdes était de 1,1×109 (0,0 à 5,7), soit une fourchette normale pour des chiens de cette taille.
L'évaluation morphologique des spermatozoïdes a été effectuée pour 62 chiens. La qualité du sperme allait de très mauvaise à excellente, mais elle était en moyenne inférieure à ce qui est considéré comme normal chez le chien. Une motilité de plus de 70 % des spermatozoïdes (soit le seuil considéré comme normal) n'a été notée que dans la moitié des échantillons.
Le nombre total de SMN dans l'éjaculat était en moyenne de 522 millions (intervalle 0-1790×106) et la proportion moyenne de SMN était de 50 %. Cette proportion variait de 10 à 88 %. Le seuil de 60 % est habituellement associé à des performances reproductives élevées mais il n'était ici atteint que dans 34 % des cas.
Plusieurs biomarqueurs sanguins de la fonction testiculaire ont été dosés. Des corrélations entre la qualité du sperme et la présence d'anticorps hétérophiles ont également été recherchées, en vue de détecter d'éventuelles réactions auto-immunes.
L'hormone antimüllérienne (AMH) est sécrétée par les cellules de Sertoli. À la puberté, la production d'AMH est réorientée de la circulation sanguine vers les tubes séminifères. Dans cette étude, et contrairement à ce qui est observé dans d'autres espèces canines, l'AMH n'a pas pu être détectée dans le plasma séminal des chiens.
Les concentrations sériques d'AMH les plus élevées (> 10 ng/ml) sont en revanche trouvées associées à une baisse importante du nombre total de spermatozoïdes et de leur motilité. Le taux sérique d'AMH est également corrélé avec la fréquence des anomalies de la tête des spermatozoïdes.
Il n'existe pas de relation linéaire entre la concentration sérique d'AMH et l'âge : la courbe présente plutôt un aspect en U, mais le nombre relativement faible de chiens jeunes (< 2 ans) ou âgés (> 8 ans) a empêché de confirmer ce résultat.
La qualité du sperme de 19 chiens ayant été utilisés récemment pour la reproduction a été étudiée spécifiquement. Aucune différence significative n'a été observée entre les cas où une gestation a été observée et les autres, sans doute à cause de la petite taille de l'échantillon.
Il est intéressant de noter qu'une gestation a pu être obtenue alors que le sperme du chien contenait seulement 18,5 % de SMN. Même si le risque d'échec de la fécondation augmente lorsque la qualité du sperme est réduite, ce constat montre qu'un sperme de qualité médiocre peut être fécondant si l'accouplement a lieu pendant la fenêtre de fécondation optimale.
Finalement, les auteurs de cette étude suggèrent que la consanguinité liée à un pool génétique relativement limité au sein de la population suédoise de bouviers bernois pourrait contribuer à la faible qualité du sperme de ces chiens. Il est en revanche moins probable que des facteurs génétiques puissent expliquer les corrélations observées entre la qualité de la semence et les marqueurs endocriniens.
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