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Elanco & Proplan

1er décembre 2023

Acidocétose diabétique : une perfusion à dose fixe donne de bons résultats chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

D'après Gant et al., J. Vet. Emerg. Crit. Care, 2023.
D'après Gant et al., J. Vet. Emerg. Crit. Care, 2023.
 

À défaut de glucose, ou d'insuline pour métaboliser le glucose, l'organisme puise naturellement son énergie par le métabolisme des lipides. Une production de corps cétoniques résulte de cette adipolyse, en quantité importante si le phénomène persiste. Une cétose puis une acidocétose peut alors survenir, accompagnée d'un déséquilibre des électrolytes.

Cette complication grave survient chez les individus diabétiques, lorsque le diabète n'a pas été diagnostiqué, ou s'il est mal équilibré (dose insuffisante d'insuline), ou en cas de résistance à l'insuline.

L'acidocétose est une urgence métabolique, dont le traitement comprend, entre autres, l'administration intraveineuse d'insuline d'action rapide. Le protocole recommandé prévoit d'adapter la dose administrée à l'évolution du cas. Mais la perfusion à dose fixe est plus facile à mettre en œuvre, et permet de limiter le risque d'erreur. Elle est d'usage en médecine humaine, associée à une perfusion de dextrose.

Une étude prospective a donc été menée chez des chiens et des chats, afin d'évaluer l'efficacité d'une perfusion d'insuline à dose fixe (PDF), et la comparer à celle d'un traitement par perfusion à dose variable (PDV).

36 animaux répartis en 2 groupes

Dans cette étude britannique, 20 chiens et 16 chats en état d'acidocétose marquée ont été recrutés. Le diagnostic était confirmé par une hyperglycémie (> 11 mmol/l), une acidose (pH sanguin < 7,3) et une hypercétonémie (> 3 mmol/l).

Les animaux ont été répartis en deux groupes :

  • Traités par perfusion à dose fixe (PDF, 10 chiens et 8 chats), soit 0,01 UI/kg/h ;
  • Traités par perfusion à dose variable (PDV, 10 chiens et 8 chats), la dose étant ajustée en fonction de l'évolution de la glycémie.

Les animaux des deux groupes présentaient des caractéristiques morphologiques ou médicale (gravité de l'acidocétose, notamment) sans différence significative.

Une perfusion de dextrose 5 % était ajoutée lorsque la glycémie avait atteint 15 mmol/l, et sa dose ajustée pour maintenir cette dernière entre 10 et 15 mmol/l. Des traitements supplémentaires (fluidothérapie en particulier) étaient mis en place à la discrétion du clinicien, comme usuellement.

La cétose était considérée comme corrigée lorsque les corps cétoniques sériques étaient redescendus à 0,6 mmol/l. Des injections sous-cutanées d'insuline prenaient alors le relais de la perfusion.

Résultats non conclusifs pour les chats

La prise en charge des chats n'a pas permis d'évaluer comparativement l'intérêt du traitement à dose fixe. En effet, seuls 9 cas ont présenté une rémission de l'acidocétose (56 %), 5 dans le groupe PDF et 4 dans le groupe PDV (voir tableau en illustration principale). Ils ont tous survécu. Parmi les 7 autres cas, 5 sont décédés (sans rémission), par arrêt cardiorespiratoire dans 4 cas, et 2 ont été rendus à leur propriétaire en état d'acidocétose persistante.

Efficacité du traitement chez les chiens

Chez les chiens en revanche, les résultats montrent que la perfusion à dose fixe est intéressante (voir tableau en illustration principale).

Une rémission de l'acidocétose a été obtenue chez presque tous les chiens : 19 sur 20 soit 95 %. Le dernier chien a tout de même survécu à l'hospitalisation. La glycémie a également été stabilisée chez tous les chiens.

La rémission de l'acidocétose a été observée dans un délai moyen de 28 heures, sans différence significative entre les groupes. La dose moyenne administrée est toutefois restée supérieure de 25 % dans le groupe PDF par comparaison au groupe PDV.

Peu de complications thérapeutiques

Les complications étaient également recensées et comparées (hypoglycémie par exemple, ou anémie, ou autres désordres électrolytiques comme une hyponatrémie, une hyperphosphatémie, etc.). Elles sont restées anecdotiques, dans chacun des groupes. Une plus grande proportion de complications était présumée avec la dose fixe, mais n'a pas été confirmée ici.

L'acidocétose reste une affection grave et potentiellement mortelle : le taux de survie est de 70 % (14 chiens sur les 20 ont survécu à l'hospitalisation). Ce taux est sans différence significative entre les groupes : 60 % dans le PDV (6/10) et 80 % dans le PDF (8/10).

Les 6 chiens qui n'ont pas survécu sont morts malgré la bonne correction de l'acidocétose : 4 par pneumonie par aspiration, 1 en raison d'un abcès pancréatique et le dernier pour troubles digestifs persistants. Le pronostic semble donc dépendre en grande partie d'autres facteurs que le protocole d'insulinothérapie.

Durée d'hospitalisation raccourcie à dose fixe

Une différence significative est observée quant à la durée d'hospitalisation, laquelle est plus longue dans le groupe « dose variable » : 200 heures versus 129 dans le groupe « dose fixe », ce qui impacte le coût du traitement pour le propriétaire. Cette durée n'est toutefois que modérément corrélée au délai avant correction de l'acidocétose. Et elle est probablement liée aussi à d'autres paramètres, en particulier les éventuelles comorbidités et les complications indépendantes du protocole de traitement.

Au bilan, peu de différences sont observée en termes d'efficacité et de risques entre les deux protocoles de traitement. Les auteurs avaient émis l'hypothèse que la perfusion à dose fixe apporterait une correction plus rapide de l'acidocétose, ce qui n'a pas été confirmé ici. Dans tous les cas, le suivi de la glycémie est nécessaire.