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Elanco & Proplan

21 novembre 2023

France : 17 ans de dépistage font reculer les cas de sténose ventriculaire chez le Boxer

par Caroline Driot

Temps de lecture  4 min

En France, entre 2005 et 2021, les Boxers destinés à la reproduction ont fait l'objet d'un dépistage cardiovasculaire obligatoire. Le bilan de cette action préventive vient d'être publié (cliché : Mood210, wikimedia).
En France, entre 2005 et 2021, les Boxers destinés à la reproduction ont fait l'objet d'un dépistage cardiovasculaire obligatoire. Le bilan de cette action préventive vient d'être publié (cliché : Mood210, wikimedia).
 

Intolérance à l'effort, syncopes, mort subite… les conséquences des cardiopathies congénitales sont lourdes, voire dramatiques. Dans l'espèce canine, les sténoses ventriculaires représentent près de deux tiers des maladies cardiovasculaires héréditaires. Ces affections se caractérisent par une obstruction anatomique au flux sanguin systolique, du ventricule gauche vers l'aorte pour la sténose aortique, et du ventricule droit vers le tronc pulmonaire pour la sténose pulmonaire. Leurs prévalences respectives varient selon les races. En 2005, le Boxer occupait la première place au classement des races les plus affectées par la sténose aortique, et la troisième place pour la sténose pulmonaire. Cette année-là, l'Association française du Boxer a lancé un programme de dépistage obligatoire des sténoses ventriculaires congénitales, chez les individus destinés à la reproduction. Dix-sept-ans plus tard, une étude rétrospective résume les modalités et les résultats de ce programme au long cours. 

Plus de 3 000 Boxers dépistés

Entre avril 2005 et décembre 2021, 3 126 Boxers ont fait l'objet d'un dépistage cardiovasculaire, associant un examen clinique, une échocardiographie transthoracique, et un électrocardiogramme. Au total, 218 vétérinaires, dont 209 généralistes et 9 spécialistes en cardiologie, ont été impliqués dans la réalisation et l'enregistrement des examens. L'ensemble des données récoltées au cours de ce programme ont été validées, et analysées par une même vétérinaire spécialiste en cardiologie. Pour chaque animal, les données épidémiologiques (âge, sexe, poids) et cliniques étaient enregistrées, notamment la présence d'un souffle cardiaque, catégorisé de 1 à 6. Le diagnostic de sténose aortique ou pulmonaire reposait sur les critères suivants :

  • souffle cardiaque systolique accentué en région basale gauche,
  • vitesse maximale du flux aortique > 2,6 m/s pour la sténose aortique,
  • vitesse maximale du flux pulmonaire > 2,0 m/s pour la sténose pulmonaire.

La gravité de la sténose était déterminée par le calcul du gradient de pression ΔP, de légère (ΔP ≤ 50 mm Hg), modérée (50 < ΔP ≤ 80 mm Hg), à sévère (ΔP > 80 mm Hg).

Souffle cardiaque systolique

Sur 3 001 Boxers inclus dans l'étude rétrospective — 125 chiens étant exclus en raison d'un manque de données cliniques et échographiques, 53 étaient affectés par une sténose aortique (1,8 %), et 30 par une sténose pulmonaire (1 %). Aucune prédisposition liée au genre n'a été mise en évidence. D'un point de vue clinique, tous les chiens atteints de sténose aortique ou pulmonaire présentaient un souffle cardiaque systolique basal gauche, de faible grade (< 3/6). À noter que de tels souffles ont également été perçus chez 7 % des chiens exempts de toute cardiopathie. Au-delà des sténoses ventriculaires, différentes maladies cardiovasculaires congénitales ont aussi été détectées au cours des examens, telles que la dysplasie valvulaire mitrale (5,5 % des chiens), ou un défaut du septum atrial (4 %). Des anomalies à l'ECG ont été rapportées chez 15 Boxers (0,5 %), aucun d'entre eux n'étant affecté par une sténose ventriculaire.

Moins de Boxers parmi les chiens atteints de sténose aortique…

Pour évaluer l'impact de ce programme de dépistage cardiovasculaire, les auteurs ont analysé les dossiers médicaux des chiens présentés au service de cardiologie de l'École nationale vétérinaire d'Alfort entre 2005 et 2021. Sur l'ensemble de cette période, un diagnostic de sténose aortique et pulmonaire a été établi respectivement chez 110 et 254 chiens. Dans les premières années du dépistage obligatoire, entre 2005 et 2009, le Boxer représentait de loin la race la plus affectée par la sténose aortique (18 chiens/42, soit 43 % des chiens atteints), suivi par le Bull terrier (3/42, 7 %) et le Golden retriever (3/42, 7 %). Entre 2017 et 2021, le Boxer ne se classait plus qu'en 3ème position (5/50, 10 %) ex æquo avec le Berger blanc suisse, mais derrière le Bull terrier (6/50, 12 %) et le Golden retriever (7/50, 14 %).

… et pulmonaire

Parmi les animaux atteints de sténose pulmonaire et diagnostiqués entre 2005 et 2009, le Boxer se classait 3ème ex aequo avec le bouledogue anglais (6/85, 7 %), derrière le bouledogue français (27/85, 32 %) et le Bull terrier (7/85, 8 %). Entre 2017 et 2021 en revanche, le Boxer n'arrivait plus qu'en sixième position, (3/122, soit 2,5 %), derrière le bouledogue français (37/122, 30 %), l'American staffordshire terrier (8/122, 7 %), le Golden retriever (7/122, 6 %), le Spitz (6/122, 5 %), et le Berger suisse (5/122, 4 %).

Ainsi, en 17 ans, la proportion de Boxers parmi les chiens atteints de sténose ventriculaire a chuté de 67 %. Dans le même laps de temps, les naissances dans cette race n'ont diminué que de 17 %, ce qui laisse supposer un impact positif du dépistage obligatoire sur la santé cardiaque de la race. Depuis 2008, l'Association Française du Boxer recommande en effet d'écarter de la reproduction les individus atteints de sténose aortique modérée et sévère. La mise à la reproduction des chiens atteints de sténose aortique légère est déconseillée, et ne devrait se faire qu'avec des individus indemnes.