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17 mars 2023
Évolution épidémiologique récente de la dirofilariose canine à Dirofilaria immitis en Europe
La dirofilariose à Dirofilaria immitis sévit presque partout dans le monde, des climats tropicaux aux climats froids. Une revue bibliographique a fait le bilan de la situation épidémiologique de cette maladie en Europe, chez les chiens, les chats, les animaux sauvages et les insectes vecteurs, et les données concernant la France sont ici résumées.
Les auteurs de cette revue ont aussi analysé les facteurs qui ont pu contribuer à la propagation de la maladie au cours de la dernière décennie (2012-2021).
La dirofilariose causée par D. immitis est une maladie vectorielle qui touche les chiens et les chats, mais aussi les canidés et les félidés sauvages. Le chien est considéré comme l'hôte principal de D. immitis (dit le « ver du cœur »).
Cette maladie est transmise par plusieurs genres de moustiques, notamment Culex spp., Aedes spp., Anopheles spp. et Coquillettidia spp. Lorsque les moustiques ingèrent du sang contenant des microfilaires, celles-ci se transforment en larves infectieuses (L3) en 14 jours environ, mais plus la température extérieure est élevée, plus la mue est courte. À l'inverse, le développement des L3 s'interrompt lorsque la température passe en-dessous de 14°C. Lorsque les moustiques piquent à nouveau, les L3 sont inoculées à l'hôte définitif pour poursuivre leur cycle biologique. En Europe, la dirofilariose se transmet principalement durant les mois de juillet et août.
La dirofilariose chronique provoque des lésions vasculaires dans les artères pulmonaires et, à un stade avancé, entraîne un risque d'hypertension pulmonaire et d'insuffisance cardiaque congestive droite. Une thromboembolie pulmonaire mortelle est parfois due à la mort massive des parasites.
La dirofilariose pulmonaire est également une maladie zoonotique : la piqûre de moustiques infectés par D. immitis peut provoquer l'apparition de nodules pulmonaires bénins chez l'homme, pouvant être confondus avec des tumeurs pulmonaires malignes.
Les techniques d'étude géospatiale de la diffusion des maladies à transmission vectorielle sont aujourd'hui très sophistiquées et permettent de créer des cartes fiables montrant le risque d'infection. Des modèles utilisant des systèmes d'information géographique (SIG) ont, par exemple, été développés pour prédire le risque de transmission de D. immitis en se basant sur des données de température, de précipitations et de localisation des cultures irriguées.
Des études menées en Europe ont logiquement montré que, lorsque les données climatiques collectées dans plusieurs stations météorologiques d'une zone donnée sont favorables au développement des moustiques, des chiens positifs peuvent être repérés dans les mêmes endroits.
Grâce à ces données, le risque d'infection par D. immitis est jugé élevé en Europe dans le sud de l'Espagne et du Portugal, dans certaines régions du sud de la France (dont la Corse), en Bosnie-Herzégovine, en Turquie, à Chypre, sur la côte albanaise, dans plusieurs régions de l'Italie, à Naples, en Sardaigne et en Sicile, en Grèce, dans certaines régions de Bulgarie, dans le sud-est de l'Ukraine et dans la région de Rostov-sur-le-Don en Russie.
Dans les pays du sud de l'Europe, traditionnellement enzootiques, la prévalence de la maladie a continué à augmenter depuis une dizaine d'années, à l'exception de certains territoires où des mesures de contrôle adoptées ont permis de diminuer la prévalence. La dirofilariose est aussi devenue une maladie enzootique dans certains pays d'Europe orientale et centrale, où elle s'est rapidement propagée à partir des pays du sud. Dans les régions balkaniques du pourtour méditerranéen, la propagation de la dirofilariose serait en partie liée à l'augmentation et l'expansion de la population de chacals dorés (ou chacals communs, Canis aureus), le réservoir le plus important du ver du cœur dans cette région.
Dans d'autres pays non enzootiques, des cas isolés ou importés de zones endémiques ont continué à apparaître et ont même augmenté.
En France, un foyer de dirofilariose canine à D. immitis et D. repens a été repéré en 2019, dans un chenil militaire de l'Indre. Sur un total de 17 chiens, 6 (35,2 %) étaient positifs pour D. immitis, D. repens ou les deux parasites. Il s'agissait de la première description documentée d'un foyer de dirofilariose cardiopulmonaire canine dans le centre de la France.
Une enquête a été menée de 2017 à 2021 au sein de la population canine du sud-est de la France pour évaluer la prévalence de Dirofilaria spp. Au total, 13 % des chiens testés (12 individus) ont obtenu des résultats moléculaires positifs pour Dirofilaria spp., dont 9 étaient porteurs de microfilaires dans le sang. En Corse, selon une autre étude, la prévalence de l'infection chez le chien est estimée autour de 21 % et reste apparemment stable.
Dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Var, des prélèvements réalisés chez 93 renards roux, entre 2008 et 2018, a révélé la présence de D. immitis chez 2 d'entre eux. Il s'agissait du premier diagnostic de ce type dans cette région.
Toutes ces études indiquent un risque élevé d'infection dans les régions du sud et du centre de la France, et il est probable que la maladie diffuse prochainement vers le nord.
En effet, l'évolution de la distribution de la dirofilariose à D. immitis est influencée par plusieurs facteurs : les changements climatiques, mais aussi la présence de vecteurs dans de nouvelles zones (certains moustiques deviennent plus résistants aux basses températures) et l'apparition de nouveaux vecteurs compétents qui augmente le temps d'exposition au parasite (moustiques à la fois diurnes, crépusculaires et nocturnes).
L'augmentation de la circulation d'animaux de compagnie en provenance de pays endémiques, l'urbanisation des zones rurales conduisant à la formation d'îlots de chaleur et la création de vastes zones de cultures irriguées sont également des facteurs qui favorisent l'établissement des vecteurs dans des régions où ils n'étaient pas présents auparavant.
Dans les zones européennes enzootiques, la prévalence de la dirofilariose féline représente 5 à 20 % de la prévalence de la maladie canine dans la même région. Mais le nombre d'études traitant de la situation épidémiologique chez le chat est faible, notamment en raison de la difficulté du diagnostic dans cette espèce.
Le chat est considéré comme un hôte imparfait pour D. immitis : dans la majorité des cas d'infection, les larves sont éliminées par le système immunitaire avant que les parasites ne deviennent adultes. Chez le chat, la charge parasitaire est donc généralement beaucoup plus faible que chez le chien : chez les individus infectés, on retrouve généralement un à trois vers dans le cœur (au lieu de parfois plus de 50 chez le chien dans les zones hyperenzootiques), et la plupart des chats infectés ne présente pas de microfilarémie. Les chats infectés présentent des signes cliniques non spécifiques, parfois transitoires, et la mort de l'animal peut survenir sans signe clinique préalable.
Selon les auteurs de la revue, des études épidémiologiques et séro-épidémiologiques sont indispensables pour surveiller la diffusion de D. immitis, à la fois dans les pays enzootiques et non enzootiques. Des mesures adaptées à la situation de chaque pays sont à mettre en œuvre pour un contrôle adéquat de la maladie.
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