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Elanco & Proplan

3 mars 2023

Sarcome des tissus mous : dans quels cas proposer l'exérèse chirurgicale avec un pronostic favorable

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Les cas sélectionnés étaient des sarcomes cutanés ou sous-cutanés, mesurant au moins 5 cm (13 cm ici), et traités par exérèse chirurgicale. Le chien en photo est un bouvier australien de 8 ans, décédé 224 jours après l'intervention pour un motif sans lien avec la tumeur (cliché Davis & Hosgood, Aust. Vet. J., 2023).
Les cas sélectionnés étaient des sarcomes cutanés ou sous-cutanés, mesurant au moins 5 cm (13 cm ici), et traités par exérèse chirurgicale. Le chien en photo est un bouvier australien de 8 ans, décédé 224 jours après l'intervention pour un motif sans lien avec la tumeur (cliché Davis & Hosgood, Aust. Vet. J., 2023).
 

Des cliniciens australiens se sont intéressés à l'évolution à long terme chez le chien des cas de sarcomes cutanés ou sous-cutanés pris en charge chirurgicalement. Ces tumeurs malignes sont en effet invasives, associées à des risques de récidive et métastatique notables, et leur exérèse chirurgicale doit être large pour être complète. Des caractéristiques qui écartent souvent la solution chirurgicale lorsque la taille de la tumeur est importante. Trop souvent semble-t-il, selon les résultats de leur étude. Sous réserve d'une sélection précautionneuse des cas, le pronostic à long terme n'est pas si mauvais.

Des tumeurs de 5 à 20 cm

Ces auteurs rappellent que l'exérèse doit effectivement être large. Mais lorsque le risque de récidive locale et de métastases est limité (grade I), les marges en tissus sains peuvent être réduites, en ménageant 1 cm dans toutes les directions, contre les 2 à 3 cm recommandés dans les autres cas.

Pour cette étude, rétrospective, ils ont donc retenu des cas de tumeurs de grande taille (au moins 5 cm), de grade I (28 cas) ou II (11 cas), établi par histologie, et bien sûr traités par chirurgie. Les cas de récidive étaient exclus.

Les 39 cas ainsi inclus sont 21 chiennes et 18 chiens mâles, d'âge médian 10 ans et pesant 30 kg en médiane.

La taille de la tumeur était évaluée dans toutes les dimensions (longueur, largeur et profondeur), la plus grande étant retenue : celle-ci est de 8 cm en médiane dans l'échantillon (et jusqu'à 20 cm !).

Les localisations sont variables, mais les plus fréquentes sont la cuisse (9 cas) et le thorax (8 cas). Lorsqu'un examen d'imagerie du thorax avait été réalisé (radiographie ou scanner, dans 30 cas ici), il n'avait pas détecté la présence de métastases. Le scanner est également très intéressant pour évaluer les caractéristiques de la tumeur (notamment l'infiltration des muscles sous-jacents) et planifier l'intervention.

13 % de complications post-chirurgicales majeures

Les marges d'excision étaient variables selon le cas (notamment selon la localisation de la tumeur), mais d'au moins 1 cm dans tous les cas, et avec une résection profonde du fascia.

La fermeture du site opératoire a été réalisée par apposition des bords de la plaie dans 22 cas, et par reconstruction autologue (par lambeaux) dans les 17 autres cas.

Les complications à court terme (jusqu'à 2 semaines après la chirurgie) ont été évaluées. Elles sont relativement fréquentes (38 %, soit 15 cas). Mais ce sont surtout des complications mineures (10 cas) : sérome, infection du site chirurgical, déhiscence mineure de la plaie…

Des complications majeures, nécessitant une reprise chirurgicale, sont survenues chez 5 chiens (13 %), dont une amputation de l'épaule dans un cas. Elles concernent toutes des cas où une reconstruction par lambeaux a été nécessaire.

2 cas de récidive suspectée

Les analyses histologiques pratiquées ont montré que l'excision était complète dans 15 cas, et quasi-complète dans 8 cas. Elle était incomplète dans 4 cas (et non renseignée dans les 12 autres).

Le suivi à long terme (1064 jours, soit près de 3 ans en médiane) a pu être renseigné pour les 39 chiens, ce qui n'est pas fréquent. Il montre une bonne récupération fonctionnelle de tous les chiens.

Une récidive locale a été suspectée (non confirmée par un vétérinaire) dans 2 cas seulement, soit 5 %, après 549 et 1053 jours. Il s'agissait de deux tumeurs de grade I, dont l'excision avait été complète ou quasi-complète.

Une espérance de vie prolongée

Au moment du suivi, 16 chiens étaient encore en vie. La durée de survie postopératoire, calculée à partir des cas décédés, est ainsi de 1022 jours en médiane (2,8 ans). Et un seul chien a été euthanasié au motif d'une probable récidive de la tumeur.

Selon les auteurs de cette étude, lorsqu'une exérèse chirurgicale est possible en ménageant une marge d'au moins 1 cm autour de la tumeur (et avec une résection profonde du fascia), le pronostic à long terme est bon, avec une espérance de survie prolongée et un faible risque de récidive.

L'intervention s'envisage toutefois après évaluation du grade de la tumeur (par histologie sur biopsie idéalement), les grades III, non évalués ici, étant de prise en charge plus complexe, rarement limitée à une excision chirurgicale. Et les possibilités de reconstruction autologue, avec préservation de la fonctionnalité corporelle, sont évidemment à évaluer aussi en amont de la chirurgie. Mais cette précaution n'est pas spécifique aux exérèses de sarcomes cutanés.