titre_lefil
Elanco & Proplan

7 août 2025

Pyodermites canines : recommandations mondiales pour un traitement raisonné

par Karin De Lange

Temps de lecture  4 min

Approche diagnostique par étapes d'un chien à pyodermite, selon les recommandations émises cette année par la Société internationale pour les maladies infectieuses des animaux de compagnie (ISCAID). D'après Loeffler et coll., 2025.
Approche diagnostique par étapes d'un chien à pyodermite, selon les recommandations émises cette année par la Société internationale pour les maladies infectieuses des animaux de compagnie (ISCAID). D'après Loeffler et coll., 2025.
 

La pyodermite canine est l'un des motifs de consultation les plus courants en médecine des animaux de compagnie, et conduit fréquemment à la prescription d'antimicrobiens. Pour encadrer un tel recours thérapeutique, dans un contexte d'utilisation judicieuse des antimicrobiens, dix dermatologues et microbiologistes vétérinaires de sept pays ont publié des recommandations sur le traitement antimicrobien de la pyodermite staphylococcique, y compris celles liées à des staphylocoques résistants à la méticilline. L'article, de 49 pages, a été publié dans Veterinary Dermatology par la Société internationale pour les maladies infectieuses des animaux de compagnie (ISCAID). Ce document, qui développe également les recommandations concernant les pyodermites à staphylocoques résistants, est en libre accès.

« Toujours faire une cytologie »

De nombreuses lésions cutanées associées à la pyodermite se produisent également en cas de maladie non infectieuse, et il est donc essentiel de confirmer une cause bactérienne avant de choisir un traitement. Une cytologie de la peau devra donc être effectuée « dans tous les cas de suspicion de pyodermite canine », pour confirmer une cause bactérienne, recommandent ces dermatologues vétérinaires (voir l'illustration principale). « L'évaluation cytologique des lésions cutanées est un outil clé dans la pratique d'une antibiothérapie raisonnée et l'un des tests les plus précieux dans le diagnostic, la gestion et le suivi des chiens atteints de maladies de la peau ». Sa sensibilité diagnostique est évaluée à 93 % dans la pyodermite superficielle canine, soulignent-ils. L'article fournit des conseils clairs sur la façon de prélever un échantillon cytologique.

Trois types de pyodermites

Les auteurs rappellent les trois types de pyodermites :  

  • Les pyodermites de surface, dont la dermatite pyotraumatique, la pyodermite des plis cutanés (intertrigo), et le syndrome de prolifération bactérienne, qui survient souvent en cas de dermatite atopique ou d'endocrinopathies.
  • Les pyodermites superficielles, définies comme des infections bactériennes affectant l'épiderme et le follicule pileux. Quatre présentations cliniques sont décrites : folliculite bactérienne superficielle, pyodermite superficielle exfoliative, impétigo et pyodermite mucocutanée.
  • Enfin, la pyodermite profonde, infection bactérienne survenant dans le derme et s'étendant parfois dans le tissu sous-cutané (pannicule). Elle comprend la furonculose, la dermatose du léchage acral, la pyodermite du menton, la furonculose interdigitée ainsi que la pyodermite du berger allemand.

Pyodermite de surface : antiseptiques topiques uniquement

La thérapie antimicrobienne topique est le traitement de choix, selon ces recommandations. Les antiseptiques topiques (comme la chlorhexidine) seront préférés aux antibiotiques topiques (comme l'acide fucidique ou la mupirocine). Cependant, les auteurs soulignent qu'un antibiogramme n'a « pas de valeur » dans ces cas. L'association d'un traitement antimicrobien topique à des glucocorticoïdes topiques ou systémiques de courte durée (5 à 7 jours) ou à des médicaments antiprurigineux peut être utile en cas de dermatite pyotraumatique et d'intertrigo — lorsqu'une cause primaire inflammatoire ou prurigineuse est impliquée. Le traitement antiseptique peut être poursuivi de manière proactive sur la peau affectée, potentiellement à vie, lorsque les causes sous-jacentes primaires ne peuvent pas être résolues (par ex. les plis cutanés) et que le risque de récidive persiste.

Pyodermite superficielle : traitement topique uniquement, sauf…

L'antibiothérapie topique seule est aussi le traitement de choix pour la folliculite bactérienne superficielle (FBS) canine et pour d'autres pyodermites superficielles. L'antibiothérapie systémique doit être réservée aux cas qui n'ont pas répondu à la thérapie topique, ou si celle-ci n'est pas réalisable en raison de limitations liées au client ou au patient (voir le schéma ci-dessous). Les médicaments ne doivent être choisis de manière empirique que lorsque le risque de résistance à la méticilline est jugé faible, et seuls des molécules de première ligne (dans les pays des auteurs : clindamycine, céfalexine, céfadroxil, amoxicilline-acide clavulanique) seront alors pris en compte. Cependant, un antibiogramme et la cytologie doivent être utilisés dans la mesure du possible, pour guider ces choix.

Classification des pyodermites canines selon la profondeur histologique et les approches thérapeutiques recommandées par la Société internationale pour les maladies infectieuses des animaux de compagnie (ISCAID). D'après Loefflet et coll., 2025.

 

Traitement de deux semaines

Une durée de traitement initiale de 2 semaines peut être prescrite, et un rendez-vous pour un contrôle doit être prévu avant la fin du traitement, afin de déterminer si le traitement systémique peut être arrêté ou prolongé. Les auteurs notent d'ailleurs qu'il n'existe « aucune preuve soutenant l'extension du traitement antimicrobien systémique au-delà de la résolution des signes cliniques ». Cependant, ils répètent qu'un traitement antiseptique topique peut être poursuivi plus longtemps que le traitement systémique (à vie si besoin).

Pyodermite profonde : toujours une antibiothérapie systémique

Une thérapie antibactérienne systémique est toujours indiquée en cas de pyodermite profonde, et le choix du médicament doit toujours reposer sur les résultats d'un antibiogramme. Un traitement antimicrobien topique adjuvant est recommandé dans tous les cas dès que le chien est considéré comme non douloureux. Une durée initiale de trois semaines est recommandée, et un rendez-vous pour un contrôle doit être prévu avant la fin du traitement. Si les signes cliniques s'améliorent mais ne se sont pas résolus et si des signes cytologiques d'infection sont toujours présents, le traitement devra être poursuivi avec une réévaluation toutes les deux semaines. Le traitement antimicrobien systémique peut être arrêté lorsque les lésions cutanées associées à une infection profonde sont résolues et qu'il n'y a aucune preuve cytologique d'infection.

Et s'il n'y a pas d'amélioration...

Les auteurs rappellent que la pyodermite est toujours secondaire à des causes primaires sous-jacentes, et celles-ci doivent être prises en compte dès la première prise en charge. Chez les chiens nécessitant une antibiothérapie systémique plus d'une fois par an pour une pyodermite récurrente, la recherche de l'origine doit être intensifiée ou répétée. Si une résistance à la méticilline est signalée chez les staphylocoques à coagulase négative, leur pertinence clinique peut être douteuse et ces auteurs recommandent d'examiner attentivement les signes cliniques et la cytologie avant de prescrire un traitement antimicrobien.