12 août 2025
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La conclusion générale d'une étude hongroise sur l'éducation des chiens est que le programme d'entraînement mis-en-œuvre gagne à être adapté individuellement au caractère de l'animal. Mais les résultats montrent surtout que pour des chiens inattentifs, le renforcement positif seul n'est pas le plus efficace. Comme chez l'enfant.
Cette étude a été menée à Budapest (Université Eötvös Loránd), par une équipe pluridisciplinaire associant biologistes, éthologues et neuropsychologues. Les résultats sont publiés en libre accès dans Applied Animal Behaviour Science.
Les 25 chiens de compagnie inclus dans l'étude avaient initialement été recrutés pour d'autres travaux (de la même équipe), dont cette nouvelle étude est un prolongement. Il s'agit de 12 mâles et 13 femelles, âgés de 1 à 9 ans, et de diverses races.
Leur caractère avait été évalué, en particulier leur impulsivité, leur hyperactivité et leur inattention (scores établis par un outil validé : le questionnaire Dog ADHD and Functionality Assessment Scale, ou DAFRS). Aucun ne présentait de comportements extrêmes sur ces critères.
Les compétences du chien (niveau d'éducation), sa personnalité ainsi que celle de son propriétaire étaient également renseignées.
Tous les chiens ont été entraînés suivant des techniques permissives et répressives (dans un ordre aléatoire), chaque session étant suivie d'un test de performance, réitéré aussi après un repos de 2 heures (retest). Il a effectivement été montré que l'activité qui suit une session de travail influence la mémorisation des apprentissages – le sommeil, notamment, l'améliore.
L'entraînement et les tests étaient réalisés par des éducateurs canins et un expérimentateur, en présence du propriétaire (lequel restait toutefois passif). Après une phase d'adaptation, les ordres appris étaient simples : se coucher et tourner sur soi par la méthode répressive (punitions/récompenses, de type réprimandes verbales et friandises), se lever et donner la patte par la méthode permissive (sur la base du renforcement positif, avec des récompenses uniquement). Pendant l'entraînement, les chiens étaient volontairement distraits : une caisse contenant friandises et jouets était disposée à proximité.
Ces tâches étaient déjà connues des chiens, mais elles étaient ordonnées par de nouvelles commandes verbales (en anglais et non en hongrois), associées initialement à des signaux gestuels maîtrisés, auxquelles l'animal apprenait donc à obéir.
Au total, les chiens étaient ainsi évalués 4 fois : après chacune des 2 sessions d'entraînement, et par test et retest.
Les résultats montrent que globalement, les chiens se laissent davantage distraire lors des sessions d'entraînement permissif que lors des sessions d'entraînement répressif, indépendamment de leur comportement (lequel n'influence pas ce paramètre). Les progrès sont également meilleurs lors de la 2nde session d'entraînement.
Les résultats montrent par ailleurs qu'à l'inverse de ce qu'anticipaient les auteurs, les chiens les plus impulsifs (sans excès dans cette population) mettent moins longtemps à acquérir les apprentissages, indépendamment de la technique d'entraînement. Chez l'homme, il a été montré que les personnes impulsives adaptent plus rapidement leurs réactions suite à une expérience négative (échec).
En revanche, les chiens les plus inattentifs apprennent plus lentement que les autres, uniquement lors des sessions d'entraînement permissif toutefois, alors qu'aucune différence n'est observée lors des sessions d'entraînement répressif.
Par ailleurs, leurs performances lors des seconds tests est meilleure, alors qu'aucune différence significative n'est observée lors des premiers (voir figure en illustration principale).
Enfin, les performances lors des retests est aussi positivement associée au score d'inattention des chiens, lors des sessions d'entraînement répressif uniquement (les chiens les plus inattentifs performent mieux suite aux entraînements répressifs). Alors qu'une association négative est notée entre progrès des performances et note d'inattention, lors des sessions d'entraînement permissif uniquement (les chiens les plus inattentifs progressent moins bien suite aux entraînements permissifs, voir figures ci-dessous).
Résultats individuels des tests selon la technique d'entraînement ; une droite de régression linéaire a été tracée lorsque l'interaction entre les paramètres était significative. D'après Kovács et al., Appl. Anim. Behav. Sci., 2025.
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Il apparaît ainsi que chez un chien inattentif, le recours à une éducation incluant de légères punitions, de type réprimandes verbales comme ici, améliore les performances dans les apprentissages. Le défaut d'attention serait effectivement moins limitateur dans la mémorisation des expériences négative que dans celle des expériences positives. La technique semble plus efficace également que le seul renforcement positif pour détourner l'animal d'une source de distraction, indépendamment de son comportement (et sans nécessiter de punitions physiques).
Il avait déjà été observé que les chiens impulsifs et/ou hyperactifs présentaient de moins bons autocontrôles, par exemple des difficultés à répondre à un ordre de « non-go » (qui impose de rester immobile en attendant l'ordre de « go », pour aller chercher une balle par exemple).
Répéter les entraînements apparaît également bénéfique aux chiens les plus inattentifs, à l'image de ce qui est rapporté chez les enfants atteints d'un trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité.
Les auteurs ont évalué aussi l'influence du niveau d'apprentissage des animaux (chien débutant à expérimenté, voire très expérimenté comme les chiens d'assistance), mais ils n'ont pas observé d'impact sur les résultats. Tous les chiens inclus savaient toutefois réaliser les 4 tâches de l'expérimentation, et disposaient donc d'un niveau d'éducation de base.
Enfin, les auteurs ont évalué la rigueur (sévérité) du propriétaire dans l'éducation de son chien, les plus « sévères » n'associant pas de renforcement positif basé sur des interactions sociales comme des caresses. Ils observent que les performances lors des retests sont associées à ce facteur : elles sont d'autant meilleures que le maître est « sévère », indépendamment du caractère de l'animal.
Parmi, les facteurs influençant les performances d'apprentissage, le caractère du chien, en particulier son impulsivité et son attention, tient ainsi une place importante, ce qui incite à individualiser les programmes d'éducation. Les auteurs rappellent toutefois que de nombreux autres paramètres entrent en ligne de compte, comme la durée et la fréquence des sessions, ainsi que le stress associé. La nouveauté liée à l'environnement et à l'éducateur (personne inconnue), comme ici, peut également perturber l'apprentissage chez certains chiens, en particulier les plus inattentifs.
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