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22 juin 2022

Équine. Comment le véto peut aider à préparer au mieux la saison estivale de concours équestres en six étapes

par Sonia Wittreck

Temps de lecture  8 min

La saison de concours, pour ne pas chuter, cela se prépare aussi avec le véto
Pour ne pas tomber en été sur le dernier obstacle, la saison de concours peut se préparer aussi avec le véto : vaccination, vermifugations, bilan orthopédique, examen des dents, prévention des ulcères, lutte contre les insectes et les coups de chaleur, biosécurité… Photo IFCE.
La saison de concours, pour ne pas chuter, cela se prépare aussi avec le véto
Pour ne pas tomber en été sur le dernier obstacle, la saison de concours peut se préparer aussi avec le véto : vaccination, vermifugations, bilan orthopédique, examen des dents, prévention des ulcères, lutte contre les insectes et les coups de chaleur, biosécurité… Photo IFCE.
 

La saison estivale des concours a commencé. Comment s'y préparer ? Quels conseils un vétérinaire peut-il donner à ses clients-cavaliers ? Pour espérer performer, le cheval, qu'il soit athlète de haut niveau ou amateur, devrait être dans une condition physique et mentale optimale.

Pour de nombreux propriétaires cavaliers et entraîneurs, cela signifie maintenir ces niveaux de forme et de performance optimaux tout au long d'une saison de concours, qui peut s'étendre sur plusieurs mois avec une acmé en période estivale. Cela nécessite une bonne gestion, de l'anticipation, surtout de la prévention et de la coordination avec un gros travail d'équipe autour du cheval entre le vétérinaire, le maréchal-ferrant, l'entraîneur ou le coach sportif et les cavaliers, propriétaires.

Ces mêmes propriétaires éduqués et informés par leur vétérinaire traitant (notamment à l'occasion de la visite sanitaire) comprendront et connaîtront d'autant mieux les comportements normaux et les signes vitaux d'alerte de leurs chevaux, ils seront ainsi mieux équipés pour identifier précocement quand quelque chose ne va pas.

Le calendrier des concours. Ne pas trop pousser pour ne pas dégoûter

Le premier point d'une gestion proactive d'une saison sportive commence par l'élaboration d'un calendrier de concours réaliste avec des pauses prévues pour des périodes de repos et de soins. Cela permet de planifier les procédures vétérinaires telles que les vaccins, les vermifugations, les injections articulaires éventuelles en respectant les délais d'élimination pour éviter le dopage.

Ensuite, il faut gérer l'entraînement en tenant compte du climat, des sols, de l'âge du cheval, de son niveau, de son expérience, de son état physique et psychologique, de ses éventuels problèmes orthopédiques et de son moral.

Beaucoup de cavaliers poussent, poussent, poussent jusqu'à ce que les chevaux s'usent et se dégoûtent, voire deviennent rétifs. Un cheval d'âge n'aura pas besoin de s'entraîner aussi dur et régulièrement qu'un cheval plus jeune en cours d'apprentissage. Pour le bien-être du cheval, il convient de prévoir quelques minutes de liberté dans un paddock ou un manège pour que le cheval puisse se rouler, ruer, se déplacer librement. En clair, le cavalier peut s'inspirer, pour son cheval, des meilleures pratiques de la médecine sportive humaine lors du conditionnement et de l'entraînement. Ainsi, il est conseillé aux athlètes de pousser plus fort les jours où ils se sentent bien et… de ne pas forcer aussi fort les jours où ils ne le sont pas. L'important reste de prendre du plaisir sur les compétitions… aussi pour le cheval.

Première étape. Programmer les visites vétérinaires à des dates-clefs

La première étape consiste à conseiller des bilans orthopédiques et médicaux réguliers et à programmer des visites vétérinaires à des dates stratégiques. Bien qu'il puisse sembler contre-intuitif de programmer une évaluation de boiterie pour un cheval sain, des examens réguliers peuvent permettre au vétérinaire de détecter de petits problèmes avant qu'ils ne deviennent importants. De plus, ils assurent au cavalier la tranquillité d'esprit et la confiance de savoir que le cheval est physiquement équipé pour donner le meilleur de lui-même. Un bilan radiologique et échographique fournira un bon état des lieux. Ce bilan permettra d'affiner le planning et le programme des entraînements et de mieux accompagner la récupération.

Le statut cardiorespiratoire est à contrôler. L'été et les transports favorisent la survenue d'asthme ou d'épistaxis. Des visites conjointes avec le maréchal-ferrant et/ou un ostéopathe favorise un meilleur suivi.

Prendre soin des pieds est évidemment primordial. En été, les sabots sont confrontés à de sols plus durs et secs. Pour les sabots du cheval, il peut être conseillé une huile spécifique, une cure de biotine si la corne est de mauvaise qualité et aussi de vérifier la qualité des sols.

Deuxième étape. La bouche du cheval

La deuxième étape consiste à vérifier la bouche du cheval. Un examen dentaire bisannuel permettra d'éviter les surdents, les problèmes de gencives ou de dent de loup qui peuvent rendre le cheval difficile à diriger, notamment dans des parcours d'obstacles très techniques avec de nombreux changements directionnels et des contrats de foulées courts.

Troisième étape. Les ulcères et la nutrition

La troisième étape consiste à établir un bilan nutritionnel et vérifier l'absence d'ulcères gastriques. Les ulcères gastriques sont fréquents chez les chevaux qui voyagent ou qui sont à l'entraînement intensif selon une étude de 2005 (McClure, et al.) publiée dans le Journal of American Veterinary Medical Association.

Ils peuvent être détectés à travers des signes précoces : bâillements fréquents, grincements de dents, amaigrissement, contreperformance, changement de comportement, anxiété, coliques après la ration. En cas de doute une gastroscopie pourra être envisagée pour mieux adapter le traitement.

Il est alors indiqué de revoir la ration, en vérifiant que l'apport en fourrages est adéquat, de surveiller le poids du cheval par des pesées régulières et vérifier l'apport en énergie car avec la chaleur et les efforts intensifs, le cheval peut avoir une baisse d'énergie et une perte de poids.

Pour y pallier, des complexes vitaminés et des oligo-éléments peuvent être proposés ainsi que des antiacides ou autres protecteurs de la muqueuse gastrique.

Le foin ou les granulés peuvent être trempés dans l'eau pour augmenter la consommation d'eau et diminuer les risques d'asthme. Un accès illimité à de l'eau fraîche et propre est utile.

Quatrième étape. En été, gare à l'hydratation et au coup de chaleur

La quatrième étape consiste à évaluer l'état d'hydratation. L'été est souvent synonyme de sudation excessive. Ainsi, pour limiter la perte de minéraux et aider à la récupération, il est préférable de :

  • Vérifier que le cheval ait toujours de l'eau à disposition,
  • Allonger les temps de récupérations entre les efforts, surtout en périodes de grandes chaleurs,
  • Opter pour des aliments complémentaires drainant pour éliminer les toxines,
  • Apporter des électrolytes.

Il est indispensable d'apprendre au propriétaire, groom ou cavalier à réévaluer régulièrement l'état d'hydratation de son cheval en évaluant le pli de peau à l'encolure et la couleur de la muqueuse gingivale.

En effet le risque de déshydratation des chevaux (une perte d'eau corporelle à un rythme supérieur à ce que le corps peut la remplacer) augmente avec l'exercice, la hausse des températures et de l'humidité. L'un des besoins les plus élémentaires du cheval — l'eau — peut être le plus difficile à satisfaire à l'extérieur de l'écurie habituelle. Car certains chevaux refusent de boire de l'eau dont l'odeur ou le goût sont différents de ceux de leur source habituelle.

Apporter au cheval qui ne boit pas, sa boisson préférée

Le vieil adage, « vous pouvez amener un cheval à l'abreuvoir, mais vous ne pouvez pas le faire boire », est souvent vérifié. Pour y pallier, il est conseillé de chercher la saveur préférée du cheval (le raisin ou la cerise, le jus de pomme ou de banane), puis de l'ajouter à son seau d'eau lors des concours ainsi que des blocs de sel ou des électrolytes pour aider à la récupération et augmenter la prise hydrique.

Il est aussi recommandé de former les cavaliers à reconnaître et prévenir les signes de stress thermique. Car ce stress thermique peut être potentiellement mortel, si le cheval ne se refroidit pas. Ce coup de chaleur se manifeste par des naseaux dilatés, une difficulté à respirer, de la fièvre avec une température rectale supérieure à 39 °C, une fréquence cardiaque élevée.

La température d'un cheval augmente pendant l'exercice, mais la température d'un cheval en bonne santé devrait revenir à la normale dans les 20 minutes qui suivent l'exercice s'il a été bien douché, passé au couteau de chaleur et marché régulièrement après l'effort. Si la température du cheval atteint 41 °C, des lésions cérébrales permanentes peuvent survenir.

Il est donc recommandé de modifier les habitudes au fur et à mesure que la température augmente pendant les mois chauds. Il est évidemment préférable de monter tôt le matin et le soir lorsque la température est la plus basse. La durée ou l'intensité des entraînements peuvent être réduites. Et en cas d'effort intense sous la chaleur, la température rectale est à surveiller dans les deux heures qui suivent.

Cinquième étape. Lutter contre les insectes et les coups de soleil

La cinquième étape consiste à gérer les insectes. Le retour du soleil entraîne généralement de nombreux problèmes dermatologiques chez le cheval. Pour les éviter, certaines précautions peuvent être conseillées :

  • Protéger le ladre et les zones blanches du cheval avec une crème solaire ;
  • Équiper le cheval d'un masque et d'une chemise anti-insectes et anti-UV ;
  • Appliquer des insecticides régulièrement ;
  • Surveiller les signes de morsures d'insectes et de démangeaisons sur la nuque, les oreilles, la crinière, le garrot, la poitrine, l'arrière-train et la queue ;
  • Déplacer les chevaux dans des boxes avec un ventilateur lorsque les insectes sont actifs (au crépuscule et l'aube) ;
  • Ajouter une moustiquaire aux ouvertures des boxes ;
  • Ajouter à la ration des aliments complémentaires contenant des acides gras oméga-3 (qui atténuent la réponse inflammatoire aux piqûres d'insectes) ;
  • Et éviter les lieux de reproduction des culicoïdes (par exemple, les zones boisées, les étangs et toute eau stagnante) lorsque cela est possible.

Dernière étape. La biosécurité dans les concours

Les concours et les compétitions sont des lieux de rassemblements où les maladies infectieuses, telles que la grippe ou la rhinopneumonie, ou d'autres maladies contagieuses, peuvent vite se propager. Même si les chevaux sont vaccinés, la dernière étape consiste à rappeler les consignes de biosécurité.

  • Les vans et le matériel utilisé pour les concours sont régulièrement désinfectés avec des produits biocides bactéricides et virucides efficaces.
  • Les boxes de location sur les concours peuvent être désinfectés avant d'y introduire le cheval.
  • Il est recommandé d'éviter de faire boire les chevaux dans des bacs ou gros abreuvoirs communs qui peuvent facilement propager des germes d'un cheval à l'autre. Des seaux individuels à remplir à un robinet sont à préférer.
  • La température rectale du cheval est à surveiller matin et soir pendant toute la durée d'un concours et dans les 3 jours qui suivent et qui précèdent un transport afin de détecter précocement une maladie infectieuse.

Et, pour les vétérinaires cavaliers lecteurs de ce Fil, bonne saison de concours.