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18 novembre 2021
La pandémie, c'est aussi une masse équivalente à 10 milliards de masques dans les océans à la fin de l'année…
D'ici fin 2021, il devrait y avoir 34 000 t de déchets plastiques supplémentaires dans les océans du fait de la pandémie, ont estimé des spécialistes des pollutions environnementales, en utilisant des modèles déjà appliqués au charriage de déchets plastiques par les fleuves. Près des trois quarts de ces déchets seront issus de l'activité hospitalière, et dans la même proportion, de l'Asie. Ces auteurs ne le calculent pas (une autre publication estimait qu'en 2020, 1,56 million de masques chirurgicaux avaient rejoint le milieu marin), mais si un masque chirurgical pèse 3,4 g, cette masse excédentaire de plastique correspondrait à 10 milliards de masques dans les océans fin 2021 (en réalité cette masse est aussi constituée de plastiques d'autres origines)… Et leur devenir, lui aussi modélisé, n'est rassurant ni pour l'Arctique, ni pour l'Antarctique.
Leur modélisation repose au départ sur les 15 premiers mois de la pandémie, à partir des chiffres de cas officiels des 193 pays arrêtée au 23 août dernier (212 millions de cas). Les auteurs calculent à la fois les déchets de plastiques liés à l'activité hospitalière générée par la pandémie (blouses, gants et masques jetables, matériel médical), mais aussi les masques portés par les particuliers (ils partent du principe que les particuliers n'utilisent pas de gants ni de visières et conserve un masque chirurgical en moyenne 6 jours), le matériel utilisé pour le dépistage, et… « les emballages des biens achetés en ligne », dont le nombre a explosé depuis le début de la pandémie, et qui contiennent beaucoup de plastique. Toutefois, « la gestion des déchets plastiques n'a pas suivi le même rythme » que cette augmentation forte et brutale de la demande. Lorsqu'il ne peut être recyclé, ces déchets plastiques « mal gérés se retrouvent dans l'environnement et une fraction atteint l'océan ». Cette fraction mal gérée représente un surcroît de 8,4 millions de tonnes de déchets plastiques (±1,45 mt) sur les 15 premiers mois de la pandémie, et fin 2021, cette masse de déchets excédentaire devrait atteindre 11 mt.
Pour cette même période de15 mois, les fractions attribuables de ces déchets supplémentaires sont :
Bien que les cas soient en majorité survenus aux Amériques (47,6 %), devant l'Asie (31,2 %) et l'Europe (17,3 %), les excédents de déchets plastiques ne suivent pas la même répartition : ils proviennent avant tout d'Asie (46 %, mais 80 % des masques du fait du recours important et précoce à cette protection), devant l'Europe (24 %) et les Amériques (22 %). L'Océanie apparaît peu car ses deux principaux représentants (Australie et Nouvelle-Zélande), en appliquant confinement et arrêt des transports internationaux, ont limité le nombre de cas de Covid-19 (0,1 % de la population affectée) et donc à la fois les hospitalisations et le dépistage. Pour les emballages des achats en ligne, la Chine représente à elle seule 58 % du total, devant les USA (15 %), le Japon (10 %), l'Allemagne et le Royaume-Uni (4 % chacun).
Les modèles utilisés sont ceux établis pour les estimations du charriage des pollutions plastiques par 369 fleuves : 25 900 t (± 3 800 t) de plastiques excédentaires se sont retrouvés dans les océans du fait des 15 premiers mois de pandémie (et 34 000 t fin 2021). Il s'agit de 12 300 t de microplastiques (particules de moins de 5 mm de diamètre) et 13 600 t de macroplastiques. Pour impressionnants qu'ils soient, ces chiffres « ne représentent que 1,4 % de la masse de plastiques charriée par les fleuves » vers les océans en temps normaux. Cinq des 6 fleuves apportant la plus importante quantité de plastique sont asiatiques (le Danube s'intercale en 5e position avec 1 700 t). L'essentiel de cette pollution disparaîtra de la surface des océans en environ 3 ans, et sera d'abord déposée sur les plages, avant de rejoindre les sédiments (fonds marins, voir le graphique ci-dessous). Ainsi, « fin 2021, les fractions (en masse) des plastiques dans l'eau de mer, les sédiments et sur les littoraux devraient être de 13, 16 et 71 %, respectivement ». Fin 2022, ces proportions devraient être de 5, 19 et 76 %, respectivement.
Dans l'eau de mer, ils devraient représenter une masse de 9,1 kg/km2 fin 2021 et 3,1 kg/km2 un an plus tard, mais surtout rester concentrés à proximité de leur source jusque vers 2025, avant de rejoindre les 5 grands vortex océaniques connus pour leur forte densité en microplastiques. Ils commenceront alors à envahir les sédiments, surtout en zone arctique pour les microplastiques, et surtout en zone antarctique pour les macroplastiques (voir l'illustration principale). A partir de 2025, une zone d'accumulation circumpolaire se sera formée, affectant l'écosystème arctique, déjà vulnérable et alors soumis aux changements climatiques. Ainsi, à la fin du siècle, l'essentiel de ces plastiques (71%) sera dans les sédiments, le restant sur les littoraux, « endommageant potentiellement les écosystèmes benthiques ». Ainsi, « la sensibilisation mondiale à l'impact environnemental des équipements personnels de protection et des autres produits plastiques doit être augmentée » et « la gestion des déchets plastiques dans les pays en développement est nécessaire ».
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