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8 octobre 2021

Faudrait-il réchauffer la pâtée des vieux chats ?

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Sans hésitation, la préférence des chats va sur les bouchées en sauce réchauffées à 37°C (cliché Pixabay).
Sans hésitation, la préférence des chats va sur les bouchées en sauce réchauffées à 37°C (cliché Pixabay).
 

« Les vieux chats préfèrent manger chaud ». C'est le titre de la publication signée des chercheurs du centre Waltham de Mars Petcare et de Royal Canin, rapportant les résultats d'une étude sur les préférences alimentaires des chats âgés. Avec l'âge, et les comorbidités associées, les chats séniors deviennent souvent plus difficiles à nourrir, ce qui devient réellement problématique en hospitalisation. L'objectif de l'étude était d'évaluer l'impact sur son appétence de la température de l'aliment distribué. Ses résultats sont publiés en libre accès dans le Journal of Veterinary Behavior.

Deux choix chaque jour de test

L'étude s'est limitée à un aliment humide, le même évidemment (des bouchées en sauce), proposé aux chats à trois températures différentes :

  • 6°C (sorti du réfrigérateur),
  • 21°C (à température ambiante)
  • ou 37°C (réchauffé au bain marie).

32 chats âgés de 8 à 14 ans (11 ans en moyenne), en bon état de santé, ont participé à l'étude. Ils étaient nourris individuellement, trois fois par jour : 2 fois avec un aliment humide (en matinée), puis une fois avec des croquettes (l'après-midi).

Les jours de test, deux jours successifs pour chacun, les chats avaient le choix pour leur second repas entre l'aliment test présenté à deux températures différentes (dans des gamelles distinctes) : 6°C ou 21°C, 6°C ou 37°C, 21°C ou 37°C. Le second jour, la place des gamelles (gauche-droite) était inversée. Pour les autres repas ou les jours sans test, les aliments proposés étaient diversifiés.

37° tous les matins

Les résultats sont univoques : les plats chauds ont la préférence des chats. Ils préfèrent de manière significative les bouchées à 37°C versus celles à 6°C ou 21°C, de même que celles à 21°C versus 6°C.

La différence dans les quantités consommées est toutefois moins importante lorsque le choix est proposé entre 21 et 37°C (par comparaison aux autres choix).

Viscosité conservée, arômes améliorés

La température pouvant affecter la texture et les arômes de l'aliment, son impact sur la viscosité (de la sauce) et les composés volatils de l'aliment a également été étudié.

Les analyses effectuées montrent que la viscosité n'est pas modifiée avec la température, cet aspect ne peut donc pas expliquer la préférence des chats.

En revanche, des différences sont observées sur le profil volatil de l'aliment en fonction de sa température (composition, quantités de la plupart des composés), en clair ses arômes. L'acide hexanoïque, par exemple, qui dégage une odeur de fromage, de fruits, est davantage présent lorsque l'aliment est chaud. De même pour des composés soufrés, qui apportent des parfums salés, rôtis. Inversement, les terpènes, moins attractifs pour les chats (composés aromatiques associées à des végétaux comme les pelures d'orange), diminuent, tout comme l'hexanal (odeur de rance). Etc.

Ces modifications pourraient expliquer, au moins en partie, l'attirance des chats pour les bouchées chauffées. Le goût lui-même pourrait être mieux perçu lorsque l'aliment est chaud (selon d'autres travaux).

Palier la perte d'odorat et de goût

Selon les auteurs, comme chez l'homme, la perception des odeurs et du goût pourrait s'altérer avec l'âge chez le chat. Et chauffer la nourriture permettrait ainsi d'y palier. Il faudrait désormais le vérifier sur des chats malades.

On peut regretter toutefois que l'étude n'ait pas inclus des chats plus jeunes également, susceptibles d'apprécier eux-aussi une nourriture réchauffée à 37°C… Dans la nature, les souris ou les oiseaux chassés par un chat affamé sont consommées sans avoir eu le temps de refroidir !