18 avril 2024
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Rage importée ou rage autochtone ? Ce cas de rage sur un chien résidant en France peut sans doute être considéré comme un cas de rage importé et non autochtone. La France pourrait donc conserver son statut de pays indemne de rage. Ce cas démontre à nouveau l'intérêt de vacciner contre la rage même si les animaux ne sortent pas du territoire français.
Sultan, un Bull-Terrier âge de six mois, a séjourné en Algérie pendant 10 jours, du 21 avril au 7 mai, avant de revenir en France à Le Chambon-Feugerolles, près de Saint-Étienne.
Il est décédé de la rage dans la nuit du dimanche 17 au lundi du 18 mai après avoir mordu son propriétaire et le chien d'un voisin.
L'Institut Pasteur a confirmé l'origine africaine du virus (type Africa 1).
Le propriétaire s'est heureusement rendu chez son vétérinaire ce qui a permis le diagnostic de rage. Le jeune Bull-Terrier, importé illégalement des pays de l'Est, n'était pas vacciné contre la rage avant de partir de 10 jours en Algérie, un pays où la rage est enzootique. Avant ce voyage, un vétérinaire avait pourtant prévenu son propriétaire que la vaccination antirabique était obligatoire pour un tel séjour.
Dix-neuf personnes ont été recensées comme ayant été en contact avec le chien depuis le retour du chien d'Algérie le 7 mai. Treize sont déjà traitées préventivement. Six autres âgées d'une trentaine d'années sont recherchées. « C'est une question de vie ou de mort » a indiqué la Directrice départementale de la protection des populations (DDPP) de la Loire lors d'une conférence de presse le 22 mai. Elle insiste pour que les personnes ayant été en contact avec le chiot se déclarent en urgence au 04 77 48 47 58.
Ce nouveau cas de rage importé — le dernier datait de 2013 sur un chaton en Seine-Saint-Denis — sensibilise sur l'intérêt de la vaccination antirabique même pour les chiens et les chats qui ne voyagent pas à l'étranger.
C'est donc l'occasion de rappeler la police sanitaire antirabique applicable lorsque des cas de rage sont suspectés ou confirmés en France. Cette police sanitaire a été modifiée par trois arrêtés datés du 9 août 2011.
Les définitions réglementaires des « animaux reconnus enragés, suspects de rage, contaminés de rage, ou éventuellement contaminés de rage » sont rappelées dans le tableau 1 (article R. 223-25). Elles concernent les « animaux des espèces sensibles à la rage », les mammifères carnivores, herbivores domestiques ou en captivité.
L'article R. 223-25 du Code rural définit les « animaux reconnus enragés, suspects de rage, contaminés de rage, ou éventuellement contaminés de rage ».
Les chiens et les chats ayant été en contact avec un animal enragé sont des animaux « contaminés de rage ». Ils sont normalement « abattus » selon l'article L. 223-9 du code rural.
Un arrêté du 9 août 2011 précise dans quelles conditions les animaux vaccinés et « contaminés de rage » sont conservés en vie en étant placés sous surveillance sanitaire pendant six mois à un an.
Les animaux « éventuellement contaminés de rage » ne sont pas automatiquement abattus mais aussi placés sous surveillance sanitaire. Ils peuvent être abattus s'ils se montrent dangereux ou si les mesures de police sanitaire ne sont pas appliquées.
Autour de chaque cas d'animal enragé, il est établi une zone de restriction pour six mois. Il s'agit de la zone où l'animal a pu circuler librement durant la période où il aurait pu contaminer un autre animal, soit durant les 15 jours précédant le début des symptômes et jusqu'à sa mort, soit durant les 20 jours précédant la mort (si la date de début des symptômes n'est pas connue).
Pour Sultan, cette zone est celle où le chiot a circulé depuis son retour en France le 7 mai, soit le quartier de la Romière du Chambon-Feugerolles d'environ 500 mètres à 1 km de long. La zone inclut un hôpital et le square Louis Pasteur (!).
Dans la zone dite de restriction, seuls les chiens vaccinés peuvent circuler librement sous la surveillance de leur maître dans la zone et ainsi entrer et sortir de la zone (voir tableau 2).
Les chiens non vaccinés de la zone ne peuvent sortir que muselés et tenus en laisse. Pendant six mois, ils ne peuvent ni sortir de la zone ni y entrer.
Les chats, vaccinés ou non, doivent rester enfermés. Ceux vaccinés peuvent circuler, entrer ou sortir en cage ou paniers fermés.
Dans le cas de Sultan, l'arrête préfectoral a aussi interdit la primovaccination antirabique dans la zone de restriction pendant six mois.
Dans la zone de restriction, tous les détenteurs de chiens, de chats ou d'autres mammifères ayant été en contact avec l'animal enragé doivent le déclarer immédiatement à un vétérinaire sanitaire ou en mairie. Ces derniers, dits « contaminés de rage », seront alors euthanasiés s'ils ne sont pas vaccinés (voir ci-dessus). Les autorités incitent donc les propriétaires à se déclarer dans ce cas, sans toutefois les prévenir que leur animal sera alors probablement euthanasié.
Les chiens et les chats errants dans la zone de restriction sont placés en fourrière ou en refuge. La préfecture de la Loire a même organisé une opération de capture des chats errants.
Des dérogations sont prévues pour les chiots et chatons nés moins de trois mois et trois semaines avant le début de la période de « contamination » ou nés durant cette période (soit les animaux nés entre le 24 janvier et jusqu'au 17 mai dans le cas de sultan).
Ces jeunes animaux peuvent être cédés et donc sortir de la zone de restriction à deux conditions.
Depuis 2007, Sultan est le dixième cas de rage confirmé en France sur un chien ou un chat. Dans neuf cas sur dix, ils sont directement ou indirectement lié à l'importation irrégulière d'un chien ou d'un chat en provenance d'un pays où sévit cette maladie.
Les derniers cas de rage confirmés et rendus public en France depuis 2007 sont les suivants.
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