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26 juin 2020
Le contre-conditionnement en traitement de fond et les anxiolytiques en appoint donneraient les meilleurs résultats lors de phobie des bruits
Avec l'été arrive la saison des orages et, peut-être moins cette année, des feux d'artifice. Période délicate pour les chiens qui souffrent de phobie des bruits. Une enquête suisse auprès de propriétaires concernés a évalué l'efficacité perçue des traitements suivis contre ces troubles : traitements médicaux, comportementaux, « alternatifs »... L'auteur de l'étude, responsable du groupe de recherches sur le comportement des animaux de compagnie à la faculté vétérinaire de Berne en Suisse, publie ses observations en libre accès dans le dernier numéro du Journal of Veterinary Behavior.
Ses principales conclusions sont que les anxiolytiques apparaissent être les médicaments les plus efficaces pour gérer la crise. En termes de thérapeutiques comportementales, plutôt suivies dans un objectif préventif, les techniques de contre-conditionnement et de relaxation apportent les meilleurs résultats.
Les réponses de 639 propriétaires confrontés à cette problématique, sur 1225 réponses au total, ont été analysées pour cette étude. Le questionnaire utilisé permettait d'abord de récolter les données démographiques (race, âge, sexe, etc.) et de santé de l'animal (troubles comportementaux et autres maladies). Il évaluait surtout la gravité de la phobie des bruits présentée, et son évolution sur les années précédentes (scores calculés sur une échelle de 1 à 5), la gestion de la situation lors de stimulus bruyant comme les feux d'artifice du nouvel-an. Et il recensait les traitements entrepris ainsi que leur efficacité, selon les maîtres.
Il ressort de ces réponses que seule une proportion limitée de propriétaires utilise des médicaments sur prescription (202/639, soit 32 %), dont ils constatent toutefois en bonne majorité l'efficacité : à près de 70 % (voir figure en illustration principale).
Préciser le (ou les) médicaments administrés était une question optionnelle, qui n'a recueilli que 103 réponses. Un faible nombre qui incite à aborder avec réserves l'avis des répondants quant à l'efficacité perçue de ces médicaments.
Ainsi, les meilleurs résultats sont rapportés pour une benzodiazépine, l'alprazolam (Xanax° en humaine), jugée efficace par plus de 90 % des utilisateurs (n=32), et pour le gel buccal de dexmédétomidine (Sileo°), à 74 % (n=19), les molécules les plus souvent citées. À noter d'ailleurs, que l'usage de Siléo° est probablement freiné par le risque pour l'utilisateur en cas d'ingestion accidentelle (notamment par des enfants). L'imépitoïne (Pexion°, actuellement en rupture, voir LeFil du 25 juin), dont les indications comportent aussi la réduction de l'anxiété associée à la phobie des bruits chez le chien, n'était pas citée.
Au moment de l'exposition au stimulus bruyant facteur de stress, l'intervention du propriétaire pour gérer les troubles de son animal distingue quatre « stratégies » distinctes :
Et le croisement des réponses montre que seules les techniques de détournement de l'attention sont corrélées à un résultat positif, laissant supposer une efficacité : leur mise en oeuvre est statistiquement associée à une amélioration des signes d'anxiété du chien.
Inversement les mesures de modification de l'environnement sont associées à leur détérioration. Toutefois, ce résultat ne signifie pas que les mesures prises aggravent les troubles... Selon l'auteur, une explication possible de cette corrélation est que face à l'aggravation des réactions de leur chien, les propriétaires aient tenté de mettre en oeuvre des mesures de modification de l'environnement, qui sont habituellement conseillées.
Les autres stratégies ne sont pas liées à l'évolution des troubles.
Plus précisément, dans l'évaluation de l'efficacité perçue des traitements non médicamenteux (voir la même figure), les résultats montrent que cette efficacité se situe entre 27 et 35 %, c'est-à-dire « non supérieure à celle qui serait attendue d'un effet placebo », d'après les données observées dans diverses études d'efficacité versus contrôle.
De nombreux propriétaires recourent également à des thérapeutiques comportementales, destinées à limiter ou maîtriser la réaction du chien au moment où il sera exposé au stimulus déclencheur. Et cette fois, une grande satisfaction est rapportée pour les techniques de contre-conditionnement (mises-en-oeuvre par 694 répondants) et de relaxation (433), jugées efficaces par environ 70 % des utilisateurs.
Les gilets dits « anti-anxiété » (qui exercent une pression aux effets supposés apaisants) sont jugées efficaces par 44 % des 300 utilisateurs, et la désensibilisation (à l'aide d'enregistrements sonores reproduisant les stimuli bruyants) par 54 % des 377 maîtres l'ayant effectuée.
En introduction de son travail, et parmi les constats qui l'ont d'ailleurs motivé, l'auteur rappelle que nombre de produits sont commercialisés avec un effet revendiqué contre les phobies des bruits chez le chien, « mais que beaucoup ne disposent pas de données scientifiques attestant leur efficacité ». Et elle associe au compte-rendu d'étude une courte revue des principales approches thérapeutiques actuelles de ce trouble, fréquemment rapporté dans l'espèce canine. Elle y décrit notamment les techniques comportementales (désensibilisation, relaxation, etc.).
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