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13 mai 2020

Avec un programme dédié, près de 80 % des chats FeLV+ d'un refuge “spécialisé” sont adoptés

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Le refuge d'Austin (Texas, USA) a un programme spécialisé d'adoption de chats FeLV+ dont une évaluation de l'efficacité vient d'être publiée.
Le refuge d'Austin (Texas, USA) a un programme spécialisé d'adoption de chats FeLV+ dont une évaluation de l'efficacité vient d'être publiée.
 

Le refuge Austin Pets Alive!, basé comme son nom l'indique au Texas (USA) est un refuge qui recueille plus de 10 000 animaux par an et arrive à en placer plus de 90 %. Il est spécialisé dans l'accueil « de chiens et de chats à risque d'euthanasie dans d'autres refuges de la région ». Pour les chats, il se distingue par « un programme unique de diagnostic du statut FeLV » et de suivi de leur placement/adoption. Ce programme « repose sur l'éducation de l'adoptant et un suivi post-adoption » et vient de faire l'objet d'un bilan scientifique : près de 80 % des chats FeLV+ ont été adoptés.

Deux tests successifs

Tous les chats passant par le refuge reçoivent les vaccinations (protocole national standard) et sont vermifugés et stérilisés, si ce n'est pas encore le cas. Ils font également l'objet d'un dépistage vis-à-vis des virus de la leucose féline (FeLV) et de l'immunodéficience féline (FIV) sur sang total (test snap combo). Si le test est négatif pour le FeLV, ils sont considérés comme non infectés et le protocole standard leur est appliqué (même s'ils sont FIV+). S'ils sont positifs sur sang total, « ils sont immédiatement retestés à partir de sérum ». Si ce second test est négatif, ils sont considérés non infectés et rejoignent les autres chats – lors de leur adoption, ces résultats discordants seront présentés aux futurs maîtres et expliqués (faux positif/négatif, virémie transitoire…). Si le test est positif, ils sont considérés FeLV+. Leur programme d'accueil comporte les mêmes vaccinations que les autres chats, un déparasitage avec fenbendazole, praziquantel et du ponazuril ; ils font aussi l'objet d'une prise de sang pour recherche d'anémie et leur stérilisation est repoussée au-delà de 6 mois d'âge (s'ils sont plus jeunes). Les chatons nouveau-nés sont testés sur sang total à l'arrivée (pour le FeLV seul, les positifs sont séparés des autres), puis retestés à 8 semaines d'âge (stérilisation).

Soins palliatifs offerts

Ils intègrent dès lors le programme d'adoption/placement des chats FeLV+ : soit dans la chatterie FeLV+, soit individuellement (incompatibilité d'humeur), soit dans des familles d'accueil en attendant l'adoption. Le refuge « fait la promotion de l'adoption [de chats FeLV+] sur les réseaux sociaux et directement lors des visites » sur place. Les « personnes intéressées reçoivent une grande quantité d'informations sur le virus et l'infection, y compris sur la durée de vie des animaux infectés ». « Ne sont acceptés que les maîtres chez lesquels le chat ne pourra avoir d'accès extérieur, et où il n'y a pas d'autre chat, à moins qu'il ne soit FeLV+ ». Les frais liés d'adoption comme ceux des futurs traitements des chats (pour les affections imputables au virus) sont exonérés – pour l'essentiel « des soins palliatifs ». Les exemples fournis aux futurs propriétaires sont : « déshydratation, fièvre, maladie respiratoire, anorexie, léthargie, lymphome et anémie ».

801 chats en 18 mois

La publication détaille le suivi de tous les chats ayant intégré ce programme entre janvier 2018 et juillet 2019 (n=801). Près de 1 sur 5 (18,6 %) ont été trouvés non infectés selon le protocole appliqué à l'admission. Les 652 autres, FeLV+, ont été placés (et suivis dans le cadre de l'étude jusqu'à la mi-décembre 2019) ou sont décédés (euthanasie ou mort lors de soins). L'adoption était la grande majorité des cas (78,8 %), devant la mort (16,7%) ; ne restaient au final que 4,1 % des chats à placer. Pour les adoptés, la durée moyenne de séjour dans le refuge est supérieure pour les FeLV+ par rapport aux non-infectés (15 et 7 semaines, respectivement, p<0,0001). Pour les décès, leur fréquence était logiquement nettement plus élevée chez les FeLV+ (16,7 %, contre 4,7 % parmi les non infectés, p=0,0008), mais la proportion des causes de décès n'est pas significativement différente, avec une prédominance des suspicions de pancréatite infectieuse.

4 % de retours

Pour les auteurs, la clé du succès en termes de proportion de chats FeLV+ adoptés est « un programme centré sur l'éducation de l'adoptant et un soutien médical par la suite », d'autant que le taux de retour des chats adoptés est < 4 %. Ils s'opposent à l'euthanasie de sujets « ayant fourni un résultat positif à un seul test en refuge » et rejoignent en cela « la position de l'association [américaine] des vétérinaires de refuge ». Dans le cas présent, les chats référés disposaient d'un résultat positif auparavant (cause du référé), mais avec un test et dans des conditions inconnues : de fait dans près d'un cas sur 5 ils ont été testés négatifs. Le refuge précise qu'il poursuit aussi d'autres programmes selon les affections des animaux : pour les chats, « dermatophytose, panleucopénie, élevage de nouveau-nés et chats harets (peu socialisés) ». Le succès est tel que « des centaines de chats infectés sont gérés par ce programme chaque année, y compris des chats envoyés par d'autres refuges ou des personnes du monde entier » (dans le cas du FeLV, deux chats provenaient du Mexique).