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8 novembre 2019

Un collier partiellement rembourré accroît la pression de contact sur le cou des chiens en promenade

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Pression de contact moyenne (3 réplicats) mesurée sur l'encolure de chiens selon la nature de trois types de colliers testés et la direction de la promenade. Au sein d'une même direction, des lettres différentes indiquent une différence significative (Hunter et coll., 2019).
Pression de contact moyenne (3 réplicats) mesurée sur l'encolure de chiens selon la nature de trois types de colliers testés et la direction de la promenade. Au sein d'une même direction, des lettres différentes indiquent une différence significative (Hunter et coll., 2019).
 

Eux-mêmes se disent surpris du résultat : c'est avec le collier à double épaisseur que les forces exercées sur le cou du chien lors de promenade sont les plus fortes. Des biologistes de l'université d'Agronomie britannique de Writtle (Essex) ont glissé entre le collier et la face ventrale du cou de chiens un capteur de pression, pour évaluer la force de traction lors de promenade, avec trois types de colliers d'une même marque.

Nylon, tissu ou rembourrage

Les trois colliers choisis avaient tous une largeur de 2 cm et une longueur de 65 cm. La boucle destinée au réglage de la circonférence est en plastique, l'anneau pour l'attache de la laisse en métal, et l'attache pour boucler le collier en plastique et métal. Les trois colliers différaient par le matériau et son agencement :

  • le collier double épaisseur (nylon et polyester tissés) avec un rembourrage avait une épaisseur de 12 mm (là où il était doublé), ou 5 mm (une épaisseur). Sur sa section, il est plus épais au centre (rembourrage) que sur les extrémités (coutures) ;
  • le premier collier simple épaisseur en nylon tissé (2 mm d'épaisseur sur sa section simple et 4 mm sur la portion doublée), d'épaisseur constante ;
  • le second collier simple épaisseur en tissu (3 mm d'épaisseur sur sa section simple et 7 mm sur la portion doublée). Sa section est bombée car les coutures des extrémités limitent alors son épaisseur.

2 400 données par promenade

Sur chaque collier, un capteur de pression était placé, en face interne, et au regard de la face ventrale du cou des chiens, raccordé à un enregistreur sans fil (qui ne gênait pas les mouvements de l'animal) ; la surface sensible mesurait 30,5 x 6,5 cm. Les colliers ont été placés sur le cou des chiens avant la promenade par le même opérateur, qui laissait toujours un espace de deux doigts entre le cou et le collier. Les 8 chiens choisis pour l'expérience étaient tous de races et croisements différents et pesaient de 13,2 à 55 kg (circonférence du cou : 35 à 58 cm). Ils ont tous été promenés par la même personne, et la longueur de laisse était toujours la même et restait en légère tension (2 à 4 N) et l'humain restait à gauche du chien pendant tout le parcours. Ce parcours était toujours réalisé dans le même ordre : cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, puis cercle dans l'autre sens, puis ligne droite. L'ordre de passage des chiens et des colliers était tiré au sort. Chaque passage a été réalisé à trois reprise pour chaque couple chien/collier. Chaque segment de ce parcours donnait lieu à l'enregistrement de 800 données, de force (en N) et de pression (N/cm2). Les auteurs rappellent qu'un Newton « est la force qui serait capable de communiquer à une masse d'un kg une accélération d'un mètre par seconde ».

Pression de contact et rembourrage

Quel que soit le mouvement effectué (ligne droite, virage dans le sens des aiguilles d'une montre ou l'inverse), la pression de contact était significativement supérieure pour le collier rembourré (5,13 N/cm2), par rapport aux deux autres colliers (4,28 et p=0,007 ; 4,33 et p=005, voir l'illustration principale). Le maximum mesuré était à 44,6 N/cm2. Ces valeurs sont élevées au regard de celles publiées jusque-là. A titre de comparaisons, les valeurs maximales mesurées « sont supérieures à celles mesurées pour des chevaux présentant des signes cliniques du fait de selles non adaptées ». Et le résultat négatif pour le collier rembourré est expliqué, selon les auteurs, par le fait que « le rembourrage ne concerne qu'une partie du collier, ce qui crée une zone de contact réduite, qui concentre les forces et pressions ». Ils indiquent aussi qu'une référence ancienne (1930) indique qu'une pression dépassant la pression capillaire (0,43 N/cm2) sur la peau humaine suffit induire une nécrose cutanée. Les auteurs se retiennent d'extrapoler au chien car leur peau est plus épaisse que celle de l'Homme, et tous les sujets de l'expérience étaient à poils longs. Mais, notent-ils, « la peau en face ventrale du cou, où s'exerce la pression lors de traction, est plus fine ».

Centrifuge ou -pète

Quel que soit le collier, le pic de pression de contact était comparable (pas de différence significative). Pour ce qui est de la force exercée sur le cou, il n'y a pas de différence d'effet selon les colliers, mais bien selon la direction du déplacement. Cette force était minimale en ligne droite (en moyenne de 147,2 N), plus importante lors du virage dans le sens des aiguilles d'une montre (humain à l'extérieur, 164,4 N, p=0,011) et encore plus importante en sens inverse (196,4 N, p=0,004). Ce qui est logique à la fois du fait de la force centripète, mais aussi du comportement du chien, qui sera maintenu dans le cercle par le corps de la personne le promenant si celle-ci est à l'extérieur du virage. Quant au pic de force, il était significativement plus important avec le collier rembourré par rapport aux deux autres, dans les trois directions testées : en line droite (+250 % et +212 %, p=0,021) comme dans les virages (p=0,043 et p=0,046, respectivement). En moyenne, ce pic était de 30,2 N, mais pouvait monter jusqu'à 73 N quand le chien accélérait.

Au bilan, les auteurs soulignent que « le matériau constituant les colliers n'est pas le seul paramètre à prendre en considération, mais aussi leur design ». Ceux présentant un rembourrage limité à une portion du collier semblent ne pas « limiter les charges s'exerçant sur le cou des chiens » lors des promenades en laisse, mais au contraire « provoquer une concentration de la pression sur des zones spécifiques ».