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9 juillet 2019

Un hémangiosarcome métastase aussi dans les muscles squelettiques chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Chez ce chien mâle castré de 11 ans, des métastases ont été détectées dans le muscle de la langue par l'examen scanner, visibles ici sur des coupes transversale à gauche (A) et sagittale à droite (B). Source Carloni et al., JVIM, 2019.
Chez ce chien mâle castré de 11 ans, des métastases ont été détectées dans le muscle de la langue par l'examen scanner, visibles ici sur des coupes transversale à gauche (A) et sagittale à droite (B). Source Carloni et al., JVIM, 2019.
 

Les hémangiosarcomes métastasent aussi dans les muscles squelettiques chez le chien. Ces tumeurs malignes sont réputées avoir un haut potentiel métastatique qui affecte leur pronostic. Les métastases se situent préférentiellement dans le foie, le mésentère, l'épiploon et le poumon. Mais une nouvelle étude montre qu'elles touchent aussi les muscles du squelette, plus souvent que pensé.

Tout type d'hémangiosarcome sauf cutané

Cette étude rétrospective réalisée en Italie a inclus 61 chiens chez qui un hémangiosarcome primaire a été diagnostiqué et confirmé par histologie (sur biopsie ou prélèvement pas aspiration à l'aiguille fine). Un scanner du corps entier avait également été réalisé. Les cas d'hémangiosarcome cutané, moins agressif, ont été préalablement écartés. Tous les autres types d'hémangiosarcomes étaient acceptés.

L'objectif était d'évaluer la prévalence, la distribution et les conséquences cliniques des métastases musculaires associées. Quatre localisations étaient déterminées : muscles paraspinaux, des parois thoraciques et abdominales, du squelette appendiculaire ou « autres » muscles. Les résultats sont publiés en ligne dans le JVIM (article en anglais, en libre accès).

66 % d'hémangiosarcomes de la rate

Sans surprise, les cas d'hémangiosarcome splénique étaient les plus nombreux (40/61 soit 66 %). Les autres principales localisations de la tumeur primaire étaient le foie (n=9), les muscles (n=5) ou le péritoine (n=4).

Des métastases ont été identifiées dans les trois quarts des cas (46/61 soit 75,4 %), le plus souvent au niveau du foie, des poumons et/ou de la rate, comme habituellement décrit.

Mais surtout, des métastases musculaires ont été découvertes chez 15 chiens, soit 24,6 % de l'effectif, parfois simultanément en plusieurs localisations. Cette prévalence est plus élevée qu'attendue.

Leur répartition est la suivante :

  • Muscles paraspinaux : 10 chiens (67 % des cas) ;
  • Muscles du squelette appendiculaire : 6 chiens (40 %) ;
  • Muscles des parois thoraciques ou abdominales : 4 chiens (27 %) ;
  • Autres muscles : 1 chien (7 %), sur la langue (voir images de l'examen scanner).

La diversité et la multiplicité des localisations justifie de préconiser un scanner de l'ensemble du corps.

Les mâles plus à risque

La liste des facteurs de risques potentiels étudiés était la suivante : âge du chien, sexe, statut sexuel (stérilisation) et race, localisation et taille de la tumeur primaire. L'analyse statistique effectuée ici ne retient qu'un seul facteur de risque significatif : le sexe, avec des mâles plus souvent atteints que les femelles (36 % vs 4,5 %). Les mâles sont toutefois déjà prédisposés aux hémangiosarcomes.

Le muscle n'est pas atteint isolément

Les métastases musculaires sont également significativement associées à la présence de lésions multiples : chacun des 15 chiens concernés présentait simultanément des métastases sur d'autres sites (que les muscles), tandis que des métastases étaient identifiés sur plusieurs organes chez seulement 31 des 46 autres chiens de l'étude (soit 67 %).

Ces métastases dans les muscles sont particulièrement liées à la présence de métastases rénales, osseuses et pulmonaires. Les lésions à d'autres localisations n'atteignent pas le seuil de significativité.

Les atteintes musculaires sont assez rares, chez l'homme comme chez l'animal. Les muscles représentent effectivement « un environnement hostile aux embolies tumorales » (en lien avec la température et le pH, la présence de métabolites, l'activité contractile…). Ces métastases se développent plus lentement ou plus tardivement qu'en d'autres localisations de l'organisme. Leur détection affecte ainsi fortement le pronostic de la tumeur primaire ; elle signe en effet un stade plutôt avancé de la dissémination des métastases donc de l'évolution tumorale.

Des signes locomoteurs chez 6 chiens sur 10

Au plan diagnostique, les chiens atteints au niveau des muscles présentaient à 60 % (9/15) des signes cliniques locomoteurs (sans autre signe associé) : boiterie, peine à se mouvoir. Ces signes étaient absents chez les autres chiens de l'étude. Ceux-ci pouvaient toutefois présenter d'autres symptômes, relatifs à la localisation de leurs métastases (signes respiratoires par exemple).

Des signes moins spécifiques comme une anorexie ou une léthargie sont également observés, mais dans les deux groupes de chiens. Leur présence est ainsi moins différenciante.