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5 décembre 2017

VetFuturs France se donne un an pour passer à l'action

par Agnès Faessel

Temps de lecture  6 min

Lancé en février dernier, le projet VetFuturs France présente un « point d'étape » et diffuse la synthèse des résultats de sa consultation de la profession. Un premier bilan de la réflexion de ses groupes de travail est également publié. Ici, au dernier congrès Afvac à Nantes, le poster résumant les étapes de la démarche (cliché E. Vandaële).
Lancé en février dernier, le projet VetFuturs France présente un « point d'étape » et diffuse la synthèse des résultats de sa consultation de la profession. Un premier bilan de la réflexion de ses groupes de travail est également publié. Ici, au dernier congrès Afvac à Nantes, le poster résumant les étapes de la démarche (cliché E. Vandaële).
 

Le projet VetFuturs France entre dans un nouveau « temps de synthèse ». Après lui viendra le « temps des propositions » et enfin le « temps de l'action », fin 2018.

Ce projet national, destiné à « préparer l'avenir de la profession vétérinaire », a été initié en début d'année, piloté conjointement par l'Ordre des vétérinaires et le syndicat des vétérinaires libéraux (SNVEL). Il a débuté par la consultation des praticiens français, élargie aux parties prenantes internes à la profession (étudiants, vétérinaires non praticiens) et bientôt externes (éleveurs, administration, industrie du médicament…). En retour, les constats issus de son analyse ainsi que l'état des lieux des réflexions entamées par les quatre groupes de travail constitués font l'objet d'une première restitution, au travers de la publication d'une série de documents de synthèse ainsi que de leur présentation et discussion sur les congrès vétérinaires de fin d'année (congrès triennal de l'Ordre et congrès annuel de l'Afvac dernièrement, Journées annuelles de l'Avef à venir).

7 chantiers stratégiques

L'objectif de VetFuturs France est d'identifier les principaux enjeux de la profession, actuels et à venir à horizon 2030, afin d'établir un plan d'actions pour y faire face efficacement. La première grande phase des travaux s'achève ainsi sur l'ouverture de sept « chantiers stratégiques » :

  1. Identité et appartenance (valeurs, éthique, confraternité, etc.), afin de valoriser par exemple la confiance et l'échange entre confrères, de recréer du lien intergénérationnel ;
  2. Rôle et image du vétérinaire dans la société, pour répondre aux enjeux liés à la considération du métier, à son rôle en matière de santé publique (vis-à-vis de problématiques comme celle de l'antibiorésistance) et son positionnement sur les causes animales ;
  3. Révolution technologique, pour s'adapter avant tout aux progrès du numérique ;
  4. Ressources humaines, organisation du travail et management ;
  5. Formation (initiale et continue), nouveaux métiers, dans le but de répondre aux nouveaux besoins, justement, de connaissances techniques ou managériales pour ne citer qu'elles, d'accompagner les trajectoires professionnelles désormais moins linéaires ;
  6. Modèles économiques d'activité, face à des enjeux comme la délivrance des médicaments ou l'autonomie financière des entreprises vétérinaires ;
  7. Maillage territorial et nouvelles approches colla­boratives, avec les difficultés de recrutement, notamment en milieu rural, les opportunités du travail en réseaux.

Les prochains mois devraient donc voir l'éclosion de propositions concrètes, puis leur évaluation. La cohérence de l'ensemble est « assurée par le travail collectif sur une vision partagée ». Et une fois cette vision pour l'avenir élaborée, le projet prévoit son "passage à l'action". D'ici un an donc.

« Technicité » en hausse et « confraternité » en baisse

Avant d'ouvrir ces chantiers, la "consultation" de la profession s'est appuyée sur une enquête en ligne, menée en juin et juillet dernier, qui a récolté l'avis et les attentes de 2600 vétérinaires (voir LeFil du 24 août 2017). Une série d'ateliers de réflexions a également été organisée dans 6 villes de France au printemps dernier. Le bilan de cette « grande enquête » et de ce « tour de France » est donc diffusé dans deux courts documents de synthèse.

Il en ressort, entre autres, que les trois premières valeurs qui animent les praticiens aujourd'hui sont techniques (expertise et technicité de l'activité, spécialisation), sociétales (avec la recherche d'un équilibre entre vie professionnelle et vie privée) et éthiques (le respect de l'animal, notamment son bien-être). Inversement, trois valeurs apparaissent en « perte de vitesse » : l'engagement sans compter, la confraternité et le respect des personnes quelles qu'elles soient (confrères, employés, clients). Une évolution somme toute générale, qui s'observe « plus largement au sein de la société française ».

Pour compléter cet état des lieux, de petits groupes de travail ont effectué en parallèle des recherches sur quatre grandes thématiques.

  • Le vétérinaire, les clients et la société : pour évaluer la place de la profession dans la société et son rôle ;
  • Les métiers vétérinaires : afin de les répertorier, en connaître le cheminement et les passerelles ;
  • L'entreprise vétérinaire : sous divers angles (juridique, économique, managérial, etc.) ;
  • La révolution numérique : progrès et impacts.

La réflexion britannique bouleversée par le Brexit

À l'aube du projet se trouve en effet la transformation du contexte de l'exercice vétérinaire. Le « point d'étape » communiqué le résume en ces termes : « L'avenir qui, il y a vingt ans, semblait assu­ré pour des décades est désormais beaucoup plus incertain et imprévisible. Face à cette situation po­tentiellement anxiogène, il est apparu nécessaire de prendre le temps de la réflexion en analysant ce qui caractérise la profession de vétérinaire aujourd'hui et le contexte dans lequel elle évolue pour préparer et créer son avenir plutôt que de le subir ».

Les changements sont autant techniques, scientifiques et économiques qu'humains et sociétaux. Et ils dépassent nos frontières. Ainsi, VetFuturs France est un projet miroir de celui entamé au Royaume-Uni en 2014. Ce dernier avait abouti, il y a deux ans déjà, à l'élaboration d'une vision d'avenir sur 15 ans, traduite en six "grandes ambitions" et assortie de recommandations pour les satisfaire, en préalable à la construction d'un plan d'actions (voir LeFil du 25 novembre 2015). Mais entre temps, le vote du Brexit est survenu… et la profession britannique fait face à des enjeux supplémentaires.

19 recommandations dans le plan européen

À l'échelle européenne, la Fédération des vétérinaires d'Europe (FVE) a également adopté dès 2016 un travail de réflexion similaire à l'initiative britannique : le projet VetFutures Europe. Et un "plan d'actions", qui s'apparente plutôt à nouveau à une vision d'avenir, vient d'être publié. Les 19 recommandations proposées s'articulent autour de 6 thématiques :

  • « Leaders de demain », afin d'encourager la prise de leadership par les vétérinaires, d'être proactifs et faire entendre la voix de la profession dans toutes les questions relatives à la santé et au bien-être animal ;
  • « Valoriser les plans de carrière », au travers de la construction de parcours professionnels variés, stimulants et gratifiants, abordés dès la formation initiale ;
  • « Élargir le rôle du vétérinaire », en exploitant plus complètement ses compétences et son expertise, notamment dans des domaines émergents comme l'aquaculture, l'élevage des abeilles et autres insectes, le bien-être animal, la protection de l'environnement, etc. ;
  • « Entreprises durables », pour défendre des modèles solides, garantissant une valorisation et une rémunération convenables du vétérinaire ;
  • « Bien-être de la profession » essentiellement en lien avec la santé mentale des praticiens (épanouissement dans le travail, équilibre avec la vie privée, maîtrise du stress) ;
  • « Soutenir l'innovation », notamment en termes de nouvelles technologies, ce qui signifie les apprivoiser (s'approprier les bénéfices de la vente en ligne ou de l'usage des réseaux sociaux par exemple) mais aussi être le garant de leur intérêt pour la santé animale (s'agissant des outils connectés notamment).