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25 novembre 2015

« Prendre le volant de son futur ». Les vétérinaires britanniques tracent leur route pour 15 ans

par Agnès Faessel

Le rapport ‘VetFutures’, aboutissement d’une large étude sur un an Outre-Manche, a été rendu public le 20 novembre, au London Vet Show, l’un des plus grand congrès vétérinaire britannique.

 
 

Depuis un an, l’Association des vétérinaires britanniques (BVA) et le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS, équivalent de l’Ordre des vétérinaires en Grande-Bretagne) mènent une large étude pour dresser l’état des lieux et les perspectives d’avenir de la profession dans le pays.

Le rapport final vient d’être présenté, à l’occasion du grand congrès vétérinaire London Vet Show, tenu à Londres les 19 et 20 novembre. En 64 pages, il expose une vision, les ambitions et des recommandations sur l’évolution de la profession d’ici 2030. Pour que la profession « prenne en charge son futur ».

Enquêtes, débats, interviews

Dans leur analyse, la BVA et le RCVS ont consulté les avis et recueilli les perceptions des praticiens et de leurs assistants (les nurses), mais aussi des directeurs de cliniques (managers chargés de l’organisation et de la gestion des grandes structures), des représentants des autres parties prenantes (autorités, universités, associations, presse), et des clients.

De larges enquêtes, notamment, ont été menées auprès des vétérinaires (600 praticiens de tout profil, 2000 diplômés depuis moins de 8 ans, 900 étudiants) et du grand public (2000 répondants). Des échanges plus interactifs ont également été conduits lors de réunions-débats (avec 450 personnes au total), de focus groupes, d’interviews téléphoniques, etc.

Une revue de la littérature a complété les recherches, pour obtenir, par exemple, des éléments de comparaison avec d’autres professions.

6 ambitions

Résumé des ambitions du rapport VetFutures

Source : Rapport VetFutures. RCVS, BVA. Novembre 2015.

La BVA et le RCVS en tirent 6 "ambitions" pour la profession vétérinaire, afin qu’elle s’empare de son avenir, plutôt que le subir :

  1. Être reconnue comme un acteur de premier plan pour la santé et le bien-être des animaux ;
  2. S’affirmer dans un rôle sociétal plus large (santé publique, développement durable), valoriser son expertise scientifique ;
  3. Assurer le bien-être des membres des équipes vétérinaires, souhaitant que chacun soit confiant, réactif, épanoui, soutenu et… en bonne santé ;
  4. Élargir l’éventail des opportunités de carrières, stimulantes et gratifiantes ;
  5. Conjuguer plusieurs modèles d’entreprises, prospères, innovantes, centrées sur le client, proposant des soins de qualité à des tarifs adaptés, dans l’intérêt de l’animal ;
  6. Former une communauté vétérinaire bénéficiant d’un fort leadership et s’exprimant d’une seule voix.

34 recommandations

Pour atteindre ces objectifs, ils ne proposent pas moins de 34 recommandations, encore très conceptuelles.

Les 34 recommandations du rapport VetFutures

Source : Rapport VetFutures. RCVS, BVA. Novembre 2015.

La majorité d’entre elles s’adressent aux associations et représentants de la profession, mais quelques unes aux praticiens. Rattachée à la première "ambition", la recommandation n°2 propose ainsi de « renforcer le raisonnement moral et l’éthique dans la démarche décisionnelle, dans […] la pratique quotidienne ». La n°6 prévoit aussi d’améliorer la collaboration entre professionnels de la santé humaine et animale…

Pour combattre le stress et le mal-être des praticiens (ambition 3), les recommandations du rapport proposent, entre autres, de revoir les critères de sélection à l’entrée des établissements vétérinaires et d’instaurer un système de mentorat pour les étudiants et les jeunes diplômés. Des outils seraient aussi à développer pour aider les employeurs vétérinaires à améliorer le cadre de travail dans leur clinique. Une autre piste consiste à apprendre aux praticiens à appréhender les incertitudes à venir et réagir au changement.

Pas si différent de la France

Dans son intégralité, le rapport dresse une analyse complète et détaillée de la profession vétérinaire en Grande-Bretagne, des aspirations, des craintes ou déceptions des praticiens, des problématiques et des défis futurs.

Nul doute que nombre des constats et interrogations formulés pourraient se transposer au paysage vétérinaire en France, dans un contexte économique, technique et sociétal assez similaire : évolution du marché, féminisation de la profession, entre autres.

Des idées à concrétiser

Prochaine étape pour la BVA et le RCVS « dans les prochains mois » : dresser un plan d’actions détaillé pour mettre en œuvre ces recommandations.

Une évolution de l’enseignement et de la réglementation – pour s’approprier les nouvelles technologies au travers de la télémédecine, par exemple – est identifiée comme un point clé pour satisfaire les ambitions posées. Des pistes qui demanderont sans doute davantage de temps que celui de la préparation du rapport.