24 juin 2025
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Dans son dernier document de synthèse, le think tank « Fabrique Spinoza » explore les différentes options pour réenchanter le travail. Il semble y avoir urgence en la matière, à l'heure où en France, en 2021, un salarié sur deux souhaitait changer de poste, d'entreprise ou de métier. Cette proportion atteignait même 68 % chez les cadres. L'impact du Covid, qui explique une partie de ces chiffres, est insuffisant pour expliciter ce désamour du travail. La tendance reste identique de nos jours, renforcée par la peur liée à la digitalisation croissante et aux intelligences artificielles apprenantes.
L'enjeu est conséquent, car la relation entre bonheur au travail et performance économique de l'entreprise, largement étudiée ces 10 dernières années, est clairement démontrée. Cependant, ce n'est pas la performance économique qui génère le bonheur au travail, mais bien l'inverse. Nous nous sommes trompés pendant des années ! C'est bien le bonheur au travail qui induit la performance économique, car le bien-être de l'individu est la base de sa productivité.
Le document explore différentes pistes de modèles d'entreprise qui permettraient de relever le défi de réenchanter le travail. Parmi ceux-ci figure celui de l'entreprise relationnelle et émotionnelle, c'est-à-dire une entreprise qui stimule, régule et promeut les relations humaines dans son organisation. Il postule que la qualité et la diversité des relations favoriseront non seulement le bon fonctionnement de l'ensemble des processus, mais également l'épanouissement des collaborateurs.
Les émotions sont un actif immatériel de l'entreprise à forte valeur qui génère de la performance économique et de la compétitivité. Cela oblige à sortir progressivement de la zone tabou des émotions pour dessiner un nouveau modèle économique. En 2019, 65 % des salariés déclaraient masquer leurs émotions au travail, que ce soit par obligation ou par choix personnel. Dans le même temps, cette exigence de taire ses émotions est l'une des 6 grandes causes de risques psycho-sociaux, selon la sociologue Sybille Gollac. Et il existe 18 fois plus d'émotions agréables et joyeuses dans les entreprises sur-performantes que dans les sous-performantes.
La demande de liens au travail est unanime, en particulier chez les jeunes, qui déclarent se sentir seuls dans leurs vies à 71 %. En outre, 97 % des actifs déclarent qu'avoir de bonnes relations avec leurs collègues et leur supérieur hiérarchique est essentiel, y compris pour leur propre performance selon 71 % d'entre eux.
Ainsi, tout peut être vu sous le prisme de la relation : un service proposé aux clients est une relation, le management est aussi une relation, et n'importe quelle transaction est encore une relation. Comme le sens est inhérent aux relations humaines, et qu'actuellement la quête de sens dans son travail est permanente, investir dans la relation peut se traduire en résultats économiques positifs.
Les bénéfices d'une telle entreprise sont à la fois individuels, pour les salariés, et organisationnels pour l'entreprise.
En pratique, la première mesure à prendre est la réhabilitation des émotions qui ont encore mauvaise presse en France, en particulier dans le monde très codifié du travail. La question n'est plus de savoir s'il est bon ou mauvais de cacher ses émotions sur son lieu de travail, l'enjeu est de trouver des solutions pour créer un environnement professionnel qui permette de les exprimer sans troubler l'harmonie du collectif. Pour cela il est nécessaire d'avoir un leader qui montre l'exemple, en exprimant par exemple sa vulnérabilité. Il convient aussi d'implanter des formations sur les pratiques relationnelles et émotionnelles, sur l'intelligence émotionnelle, sur la communication non violente (CNV), sur l'écoute active. Des pratiques d'attention émotionnelle sont également des outils pertinents : météos intérieures, tours de tables expressifs participatifs…
Ensuite, la transformation du management directif vers un management de la relation est un point essentiel. Selon la Harvard Business Review, 85 % des compétences du manager de demain sont émotionnelles. La demande de bienveillance est forte : 93 % des salariés déclarent que l'une des clés pour les fidéliser est un manager empathique.
Un autre point est la création d'espaces relationnels. La qualité des zones de convivialité pour partager les repas ou les moments de détente est devenu un critère de choix de son futur employeur. Le « coin café » est placé en tête de la zone indispensable pour travailler (selon 54 % des salariés), devant la présence d'une terrasse ou d'un jardin, et d'une cuisine en libre accès. Et bien loin devant l'aménagement d'une salle de visioconférence (17 %) ou d'un espace de coworking (10 %) !
Une large majorité – 84 % – des salariés considèrent la reconnaissance de leur travail comme indispensable à leur bien-être. De nombreuses entreprises mettent en place des programmes spécifiques pour la développer, tant elle n'est pas une pratique naturelle. Cela commence par connaître les prénoms de ses collègues de travail, leur dire bonjour tous les matins… Certaines entreprises ont instauré d'autres techniques comme la culture du « merci » à expliciter pendant 1 minute à un collaborateur pour lequel on ressent de la gratitude, l'organisation de campagnes régulières de feedback, ou des évaluations dites « à 360° » pour tous les managers.
Une entreprise de santé américaine a développé le code suivant : arrivé à 10 pas de son collègue, on lui sourit, et à 5 pas, on lui dit bonjour. À chaque entreprise d'imaginer les actions bienveillantes à instaurer, développeuses du lien et de la convivialité, à l'intérieur comme à l'extérieur du lieu de travail.
Il existe plusieurs points de vigilance à garder en mémoire pour la crédibilité et le succès de la démarche.
L'économiste Maurice Obadia invite à passer d'une économie de service, fondée sur le strict échange, à une économie de la relation, fondée sur la qualité de la relation.
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