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Elanco & Proplan

27 novembre 2025

Le chat : prédisposé aux tumeurs malignes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

 

Le Danish Veterinary Cancer Registry (registre vétérinaire des cancers) a été créé en 2005 à l'Université de Copenhague, inspiré du registre national des cancers humains qui étudie l'incidence de ces maladies chez l'homme. Il recense, sur le mode du volontariat, les cas de tumeurs chez les chiens et les chats. Les cliniques généralistes comme les centres spécialisés y contribuent (ainsi que les établissements universitaires).

Les cas renseignés ne sont pas nécessairement indubitablement confirmés (à l'histologie ou par dosage hormonal par exemple), mais alors identifiés comme tels. Cela permet d'étendre le registre aux cas où peu d'examens complémentaires ont été réalisés, en raison de l'âge de l'animal ou de comorbidités par exemple, d'une euthanasie (chirurgie inenvisageable, atteinte clinique grave) ou, à l'inverse, pour des tumeurs considérées comme probablement bénignes (adénome thyroïdien suspecté à la cytologie).

L'analyse de 767 cas chez des chats, enregistrés entre 2005 et 2023, a permis de préciser, entre autres, les facteurs de risque démographiques de ces maladies.

Trois quarts de tumeurs malignes

Ces tumeurs avaient quand même été confirmées à 39 % par histologie. Le diagnostic avait été posé suite aux résultats d'une cytologie à 42,9 % et par « une autre méthode » à 9,4 %. Dans 64 cas (8,3 %), le diagnostic était présomptif (une tumeur du cerveau sans IRM par exemple, ou un lipome sans cytologie).

Lorsque renseigné, le comportement biologique des tumeurs montre que les tumeurs malignes prédominent largement chez le chat, ce qui était rapporté par ailleurs : elles en représentent ici près des deux tiers (n=561, soit 73,1 %). Seules 175 tumeurs étaient recensées comme bénignes (22,8 %).

Des chattes, des chats âgés

Sur le plan démographique :

  • Les femelles sont significativement plus souvent atteintes que les mâles (elles représentent 55,8 % des cas contre 44,2 %), ce qui était déjà rapporté ;
  • Toutefois, en excluant les tumeurs mammaires (très fréquentes dans l'espèce féline), ce sont les mâles qui sont significativement les plus atteints (54,5 % contre 45,5 %) ;
  • Sans surprise, l'âge moyen au diagnostic est élevé (10,4 ans) ;
  • Il a tendance à être légèrement supérieur pour les tumeurs malignes par comparaison aux bénignes (10,6 ans contre 9,8 ans, la différence n'est pas significative), et l'analyse par tranche d'âge confirme qu'à l'exception des plus jeunes chats (0-3 et 3-5 ans), les tumeurs malignes sont significativement plus fréquentes que les bénignes.

Sans surprise, les tumeurs mammaires touchent davantage les chattes non stérilisées. Mais elles sont alors plus souvent bénignes que chez les chattes stérilisées (22,4 % des cas contre 16,3 %, respectivement).

Tumeurs cutanées et mammaires… et lymphomes

La localisation anatomique des tumeurs montre que les plus fréquentes touchent la peau (et ses annexes), devant les tissus hémolymphatiques puis les glandes mammaires et les organes digestifs (voir tableau en illustration principale). La dominance des tumeurs cutanées, sous-cutanées et mammaires avait déjà été rapportées dans d'autres études menées en Europe.

Toutefois, les auteurs ont reclassé tous les cas de lymphomes dans les tissus hémolymphatiques. En les conservant dans les organes ou systèmes initiaux (tels que renseigné par les vétérinaires), la peau demeure le premier tissu touché, devant les glandes mammaires puis les organes digestifs. Seuls 50 cas de lymphome étaient initialement associés aux tissus hémolymphatiques.

Pour les seules tumeurs malignes, les lymphomes prédominent, devant les cancers cutanés et mammaires. Les tumeurs bénignes touchent plus souvent la peau encore, mais devant le système endocrinien et les glandes mammaires. D'une manière générale, à l'exception des tumeurs endocriniennes, les affections par organe ou système sont toutes significativement plus souvent des tumeurs malignes (voir tableau).

Les tumeurs épithéliales dominent

En matière de type tumoral, les tumeurs épithéliales prédominent, autant parmi les malignes (carcinomes) – dont elles représentent 33,8 % – que les bénignes (adénomes, 15,6 %).

Les adénomes thyroïdiens concentrent 39,2 % des tumeurs bénignes. Les lymphomes et les sarcomes des tissus mous représentent 18,4 et 10,3 % des tumeurs malignes, respectivement.

Les tumeurs cutanées sont variées (sarcomes, tumeurs épithéliales bénignes, mastocytomes, carcinomes). Les lymphomes sont le plus fréquemment digestifs (dans plus d'un cas sur 4).

Les européens moins à risque

Pour analyser la distribution par races, le domestic shorthair et l'european shorthair ont été groupés (chats « européens », totalisant près de 70 % des cas) et comparés aux autres races. Les données du registre national félin ont servi de référence pour mettre les races atteintes en perspective de leur répartition au sein de la population féline globale au Danemark.

Les résultats montrent que les européens sont significativement moins à risque de développer une affection tumorale, bénigne comme maligne. Parmi les autres races représentées, les siamois et les norvégiens présentent les risques les plus élevés de maladies tumorales, notamment malignes pour les siamois.

Bien que locales, ces observations sont intéressantes, car le Danemark est plus proche de la France et globalement de l'Europe que d'autres lieux d'études comme les États-Unis ou l'Afrique du Sud : les conditions d'ensoleillement, les maladies infectieuses et la vaccination (notamment contre le FeLV), ainsi que les habitudes de stérilisation y sont très différentes, avec des conséquences sur l'épidémiologie des maladies tumorales.