21 juillet 2022

Les effets bénéfiques, apaisants, d'une stimulation sonore lors de stress chronique chez le chien sont connus, par exemple avec la diffusion de musique classique dans les chenils de refuges. Ils semblent toutefois limités dans la durée.

Une étude nord-irlandaise en a évalué l'intérêt lors de stress plus aigu, comme celui du chien séparé de son maître pour une durée limitée (pour un toilettage par exemple, des soins, etc., ou simplement lorsque laissé seul à la maison). Publiée en accès libre, elle n'observe qu'un faible bénéfice de la démarche dans ce cadre.

Mozart ou Harry Potter

L'expérimentation a été menée par des chercheurs du Centre d'étude du comportement animal rattaché à l'école de psychologie de l'université de Belfast.

Les chiens inclus, de propriétaires, étaient d'âges et de races divers (tous âgés de plus de 7 mois). Ils ne présentaient pas de maladie ni de troubles comportementaux (notamment une anxiété de séparation) et n'étaient pas sous traitement. Ils étaient habitués à être séparés sporadiquement de leur maître, et régulièrement exposés à divers stimuli auditifs (télévision par exemple).

Ils ont été répartis en trois groupes, soumis à des conditions sonores différentes alors que laissés par leur maître dans une même pièce inconnue (une salle du centre de recherches) :

• La diffusion de musique classique (sonate pour deux pianos en ré majeur de Mozart) pour le groupe 1 ;
• Celle d'un livre audio (Harry Potter à l'école de sorciers !) pour le groupe 2, un éventuel effet bénéfique des mots parlés ayant été suggéré par les observations issues d'autres travaux ;
• Ou l'environnement sonore habituel de la pièce (peu bruyant) pour le groupe témoin.

Un examinateur (la même personne) restait présent dans la pièce afin d'évaluer le comportement du chien (suivant un éthogramme comprenant de multiples items dont l'activité, les vocalises, la direction du regard), lequel était aussi enregistré par caméras vidéo.

Petit effet apaisant de la sonate

La première phase de l'étude a inclus 60 chiens répartis également entre les 3 groupes. Leur comportement a été observé pendant 1 heure après le départ du propriétaire.

Les résultats montrent un effet significatif du fond sonore chez les chiens du groupe 1, se traduisant par un délai plus court avant que le chien se couche, et/ou reste couché plus de 30 secondes (signes d'état apaisé). Les chiens du groupe 2 ont également plus longtemps regardé en direction de la source sonore (enceinte Bluetooth posée sur la table de la pièce) que ceux des autres groupes, ceux du groupe 1 l'ayant fait eux-mêmes plus longtemps que les témoins (pour lesquels l'enceinte était présente mais éteinte). Ces effets apparaissent ainsi limités, les autres paramètres d'évaluation n'ayant pas montré de variation. Aucun effet délétère n'a été observé.

Indépendamment du groupe, les plus jeunes chiens ont passé plus de temps à se déplacer et à rechercher le contact avec l'examinateur.

Attention portée vers l'enceinte seulement

22 autres chiens, recrutés selon les mêmes critères d'inclusion et d'exclusion, ont participé à la seconde phase de l'étude, dans laquelle ils étaient exposés durant 30 minutes à chacun des contextes sonores (dans les mêmes conditions que précédemment) suivant un ordre aléatoire et en respectant un intervalle de 10 minutes entre chaque (période durant laquelle ils retrouvaient leur propriétaire). Leur comportement était analysé de la même manière que dans la première phase.

Les résultats montrent de faibles différences significatives, limitées à un temps plus long passé à regarder en direction de la source sonore en cas de diffusion de la musique ou de la lecture du livre, (sans différence entre elles) par comparaison à l'absence de stimulation sonore.

Effet marginal de la musique classique

Les auteurs en concluent que seule la diffusion de musique semble apporter un effet apaisant chez un chien soumis à un stress aigu, et qu'il reste marginal. Ils invitent toutefois à continuer d'explorer ce domaine, avec des recherches portant sur des contextes de stress plus diversifiés, en impliquant différents outils (divers types de musique par exemple, mais aussi divers outils d'évaluation du bien-être), et pour évaluer plus finement l'éventuel effet des livres audio, qui reproduisent une conversation humaine. En outre, le peu de bruit auquel les chiens étaient exposés dans le groupe témoin pourrait aussi, par lui-même, avoir eu un effet apaisant sur les animaux.