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28 octobre 2025
L'image d'un chien en colère est perçue comme exprimant de la joie par les enfants ; erreur est d'autant plus fréquente que l'enfant est jeune

Chez les enfants entre 4 et 7 ans, l'erreur d'interprétation la plus fréquente d'une image de face de chien agressif est de prendre leur expression pour un sourire ! Tel est l'un des principaux résultats d'une étude étoffée, réalisée par un duo de psychologues, une britannique et une française, permettant de mieux comprendre pourquoi les enfants sont si souvent victimes de morsures : ce n'est pas qu'une question de taille ou d'ignorance des mises en garde par le chien.
« Afin de prévenir les morsures de chien chez les enfants, il est essentiel de comprendre pourquoi ils se font mordre », estiment ces deux auteures, qui soulignent que quelques études antérieures se sont déjà penchées sur le sujet. Alors que les expressions faciales humaines sont rapidement reconnues par les enfants (« les nourrissons peuvent distinguer les expressions de joie de celles de peur dès l'âge de 7 mois »), adultes comme enfants « ne comprennent pas bien les signaux canins ». Une étude démontre même que « les étudiants vétérinaires ne perçoivent pas pleinement les comportements de détresse des chiens comme étant liés au stress ». Les auteures citent trois études récentes (depuis 2018) qui ont examiné la capacité des jeunes enfants à interpréter les expressions faciales des chiens. Elles « ont révélé que les enfants confondaient fréquemment les expressions faciales agressives des chiens (avec ou sans grognements) avec des sourires “joyeux” et qu'ils jugeaient les chiens accessibles », ce qui peut inciter à s'en approcher et expose au risque de morsure. Elles ont donc lis en place un protocole visant à « identifier les tranches d'âge qui commettent des erreurs » d'interprétation.
Pour cela, elles ont travaillé à partir de clichés (qui permet aux enfants de se concentrer sur l'image), et avec cinq tranches d'âge distinctes (4, 5, 6, 7 ans et adultes). Les parents ont fourni leur consentement à la participation de leurs enfants et ceux-ci devaient accepter pour participer – ils pouvaient se retirer de l'étude à tout moment. Les auteures ont donc inclus 89 enfants (environ 20 par année d'âge) et 30 adultes au début de l'étude, tablant que certains abandonneraient – il leur fallait 45 participants pour atteindre la puissance statistique voulue. Aucun n'a abandonné en cours de route.
Un jeu de 24 photos en noir et blanc était préparé : 12 portraits humains et autant de canins, avec 4 photos par catégorie : expression fâchée, joyeuse et neutre pour chaque espèce. « Concernant les expressions faciales “fâché”, des photos ont été prises de chiens affichant des signes typiques d'antagonisme et de menace : dents découvertes, museau ridé, oreilles dressées et pointées vers l'avant. L'une de ces photos a été prise par un chien policier dressé pour ce comportement ; une autre a été prise par un chien en chenil présentant un comportement agressif envers les étrangers » (voirci-desous). Pour les clichés “joyeux”, une gamelle d'aliment était présentée aux deux animaux, en leur parlant “chienchien”. « La réaction faciale typique était une gueule ouverte, la langue tirée et les oreilles dressées ». Les photos humaines sont issues d'un atlas standardisé sur le sujet (2 hommes et 2 femmes par expression). Chaque personne était seule dans une pièce avec l'expérimentateur, et les photos lui étaient présentées en deux sessions (humains et chiens, dans cet ordre pour la moitié et l'ordre inverse pour l'autre moitié), dans un ordre aléatoire au sein de chaque session. Pour les adultes, la nature de l'expression exprimée était demandée. Pour les enfants, il s'agissait de question comme « à ton avis, que ressent cette personne/ce chien ?», ou « penses-tu qu'il/elle est “heureux” ou “en colère ” ou simplement normal/bien, ou autre chose… ? ». Chaque participant était noté 1 (expression bien identifiée) ou 0 (erreur), soit une note maximale de 24.
Deux des 12 clichés de chiens présentés à 89 enfants de 4 à 7 ans et à 30 adultes dans le cadre d'une expérience visant à évaluer leur interprétation des expressions faciales – ici les chiens fâchés. Clichés : Anaïs Racca.
La majorité des enfants a fait une interprétation erronée du cliché de chiens “fâchés” : 39 % parmi ceux de 4 ans, 35 % pour ceux de 5 ans, 25 % pour ceux de 6 ans et 17 % pour ceux de 7 ans. Contre < 1 % chez les adultes. Chaque classe d'âge se trompe moins pour identifier l'expression de colère sur un visage humain (14, 6, 6, 13 et < 1 %, respectivement). Les auteures précisent que « au cours de la tâche, les enfants accompagnaient souvent leurs choix de commentaires, et nous avons constaté que, par exemple, les stimuli du chien “fâché” étaient décrits comme “riant aux éclats” ou “souriants” et donc jugés par les enfants comme particulièrement à même d'être approchés », pour les « câliner ou les embrasser ». Elles se sont donc attelées à détailler les qualificatifs de l'ensemble des réponses : chez les 4 ans, 78 % des erreurs sont de considérer le chien “fâché” comme “joyeux”. Cette proportion est de 86 % chez les 5 ans, 66 % chez les 6 ans et 43 % chez les 7 ans – voir l'illustration principale. Les différences sont statistiquement significatives (4-5 ans vs 6-7 ans, p<0,001). Et les taux d'erreurs étaient significativement plus élevés que pour les humains (pour la même expression).
Le taux d'erreur était plus faible pour l'expression joyeuse du chien (24, 11, 14, 17 et 10 % pour les adultes). L'expression neutre était source de nettement plus d'erreurs pour les plus jeunes (79 % chez les 4 ans) que les autres (23, 26 et 35 % pour les 5, 6 et 7 ans). Et en analyse de variance, les auteures relèvent que seul le groupe des enfants de 4 ans a un taux d'erreur significativement élevé, les autres âges n'étant pas différents entre eux (ni avec les adultes). Mais il reste que la reconnaissance de l'émotion de joie du chien « n'est pas fiable chez les enfants » non plus.
En fin d'expérimentation, les auteures faisaient un débriefing individuel où elles corrigeaient les réponses erronées. Si un enfant qualifiait à tort un chien “fâché” de “joyeux” ou “neutre”, « un temps supplémentaire était accordé pour clarifier les expressions affichées. Si la réponse d'un enfant suggérait qu'il adopterait un comportement dangereux en présence d'un chien “fâché”, l'expérimentateur l'informait de l'interprétation correcte et du risque encouru ». Des documents de prévention étaient remis aux parents en fin de session.
Mais il reste qu'une proportion importante de jeunes enfants a « pris des grognements pour des sourires, une démonstration d'agressivité gueule ouverte et dents saillantes pour un éclat de rire, et ont supposé que ces chiens pouvaient être “câlinés et embrassés”, les jugeant très “heureux” et donc approchables. Ces résultats sont aussi alarmants qu'importants » et il est « urgent d'utiliser ces connaissances pour informer les parents et enseigner aux enfants les différences dans les expressions faciales des humains et des chiens ». Elles insistent sur les questions auxquelles devraient répondre les prochains travaux sur le sujet : « pouvons-nous apprendre aux enfants à interpréter correctement ces expressions canines ? Pouvons-nous enseigner toutes les expressions à tous les âges ? Que faire si nous n'y parvenons pas ? »…
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