31 octobre 2025
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Un quadragénaire a été mordu par un chien errant en février 2025, chez lui, dans le nord-est de la Roumanie ; il est décédé de rage en juillet dernier. C'est le second cas humain autochtone de rage en deux ans – et les seuls depuis au moins 10 ans dans l'UE. La Roumanie fait partie des États membres de l'UE27 où la rage animale est encore enzootique, et où les campagnes de vaccination orale des renards (VOR) peinent à reprendre. L'occasion d'un retour sur les difficultés d'éradication de la rage, en Europe continentale comme à l'échelle mondiale.
La description du cas, réalisée par des cliniciens hospitaliers et des virologistes – dont vétérinaires – roumains décrit un chien errant qui est entré sur la propriété de cette personne et l'a mordu à la main. Cela s'est passé dans le comté de Iași, au nord-est du pays – non loin de la frontière moldave. « La morsure a été prise en charge par des soins locaux et une courte antibiothérapie. Une prophylaxie post-exposition antirabique a été proposée par le médecin traitant, mais refusée par le patient ». Il n'est pas fourni de détails sur les autres troubles du comportement de l'animal mordeur. En revanche, le quadragénaire mordu a « présenté vers la mi-juin des symptômes de confusion et d'agitation. En raison d'une aggravation progressive de son état neurologique, il a été admis dans un hôpital psychiatrique quatre jours plus tard. L'évolution est restée défavorable, avec apparition de fièvre et d'hypersalivation, et [il] est tombé dans le coma cinq jours après son admission ». Du fait de la méningite, le patient a été transféré à l'hôpital en soins intensifs, mais la rage « n'a été suspectée qu'une fois que la famille eût parlé de la morsure » du début d'année.
Le diagnostic ante-mortem par RT-qPCR a été obtenu à partir du LCR puis de la salive du patient. Il est resté en soins intensifs plus de trois semaines, avant de décéder. Le diagnostic a été confirmé par les méthodes de référence par la suite. Outre une large communication, d'ampleur nationale, auprès des médecins généralistes, sur le risque de rage et l'impérieuse nécessité de la prophylaxie post-exposition, les autorités ont aussi agi à l'échelle du comté de Iași. « Les chiens errants ont été capturés et conduits dans des refuges, tandis que des enquêtes épidémiologiques ont permis d'identifier les chats et les chiens non vaccinés ou récemment vaccinés ayant été exposés à des animaux infectés ; ces derniers ont ensuite été euthanasiés afin de prévenir toute transmission ultérieure. Les animaux sensibles potentiellement exposés ont été isolés pendant 30 jours, et tout animal présentant des signes cliniques compatibles avec la rage a été euthanasié ». Outre les « campagnes de vaccination obligatoire » pour les chiens et chats, « des chasses ciblant les renards et les chacals ont été organisées afin de réduire les réservoirs potentiels ».
Les auteurs de cet article signalent aussi qu'un autre cas autochtone, fatal, avait été diagnostiqué en 2022 – mais non déclaré à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il a toutefois été publié dans une revue à comité de lecture, en libre accès. Il s'agit d'une fillette de 10 ans qui a « développé des symptômes évocateurs de rage 10 jours après avoir été mordue à la main par un chat. Elle n'a pas consulté de médecin et n'a reçu aucun traitement prophylactique antirabique post-exposition. Le chat était connu de la famille, n'était pas vacciné contre la rage et présentait un comportement agressif, ce qui a fait suspecter une rage animale lors de son hospitalisation »… Et ces neurologistes précisent que le dernier car humain en Roumanie remontait à 2012, mais que six autres cas avaient été détectés entre 2008 et 2012, dont la moitié sur des enfants.
La rage est enzootique aux frontières de l'UE : Moldavie, Ukraine, Belarus, Russie. Les campagnes biannuelles de VOR, financées par l'UE27, se déroulaient du côté UE de la frontière (Pologne, Slovaquie, Hongrie et Roumanie), ainsi que de l'autre côté – en fonction des accords. Mais la guerre en Ukraine a mis fin à ces opérations, permettant à la rage animale de redevenir une réalité dans ces pays frontière. Pour la seule Roumanie, détaillent ces auteurs, ce sont 7 campagnes de VOR qui ont été manquées depuis 2020… Et elles « mériteraient être remises en place de manière urgente »…
Pour les auteurs de la description du cas humain de 2025, celui-ci « devrait servir d'avertissement pour l'Europe et pour la Roumanie, mettant en évidence l'urgence de rétablir et de pérenniser les programmes de prévention de la rage ». L'UE prévoyait l'éradication de la rage animale pour 2022 sur son territoire, mais les événements ont plutôt conduit à son expansion. En parallèle, l'OMS pilote une campagne d'éradication de la rage dans le monde d'ici 2030, nommé “zero by 2030”. Toutefois, à la mi-octobre, des experts ont publié une tribune dans le Lancet Microbe, en libre accès, où ils estiment que la complétion de cet objectif est « hautement improbable », malgré les efforts déployés. Ils s'en expliquent au travers de 7 arguments, que ce programme « manque de données fiables, [ce qui] limite la compréhension de l'épidémiologie de la rage et la capacité de mesurer les progrès accomplis vers l'objectif (…). Pour se rapprocher de cet objectif, un effort coordonné à l'échelle mondiale est urgent ».
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