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Elanco & Proplan

25 janvier 2016

La leucémie lymphoïde chronique : une maladie des chiens de petit format

par Agnès Faessel

Parmi les quelques races moyennes prédisposées à la leucémie lymphoïde chronique, le bouledogue anglais a la caractéristique de présenter la maladie plus tôt : 6 ans contre 11 ans toutes races confondues (cliché Pixabay).

Leucémie la plus fréquente chez l’homme adulte, la leucémie lymphoïde chronique touche également l’espèce canine, avec une prédisposition des races de petit format.

 
Parmi les quelques races moyennes prédisposées à la leucémie lymphoïde chronique, le bouledogue anglais a la caractéristique de présenter la maladie plus tôt : 6 ans contre 11 ans toutes races confondues (cliché Pixabay).
 

Un chien de plus de 10 ans présentant une adénopathie périphérique ou une splénomégalie et une anémie : si c’était une leucémie lymphoïde chronique ?

Cette maladie a fait l’objet d’une étude sur près de 500 cas, dont les résultats viennent d’être publiés dans le JVIM (Bromberek et al. 2016. Publication en ligne en libre accès).

Au delà de leur intérêt vétérinaire, les travaux sur l’affection chez le chien visent aussi à en améliorer les connaissances chez l’homme. Car la leucémie lymphoïde chronique est la forme de leucémie la plus fréquente chez l’adulte. Elle serait liée à des facteurs génétiques. Dans l’espèce humaine, elle apparaît généralement après l’âge de 50 ans, et touche plus souvent les hommes que les femmes.

Prédisposition de race, pas de sexe

Chez le chien, en revanche, aucune prédisposition des mâles n’a été observée : les deux sexes sont touchés dans les mêmes proportions (voir tableau ci-après).

Dans leur étude, les auteurs ont analysé rétrospectivement les dossiers et les résultats des examens d’immunologie (cytométrie en flux) effectués entre 2010 et 2014 chez plus de six mille chiens (6 164) présentant une suspicion de maladie lymphoproliférative. Une leucémie lymphoïde chronique a été diagnostiquée chez 491, soit 8 %. Une affection qui demeure donc peu fréquente chez le chien.

Parmi les cas avérés, la race a été identifiée comme un facteur de risque majeur. Dans l’échantillon, 12 races sont associées à une prévalence significativement plus élevée que pour les races croisées (groupe choisi comme référence). Dix sont de petit format : teckel, loulou de Poméranie, cairn terrier, bichon frisé, terrier de Boston, Jack Russel, bichon maltais, Yorkshire terrier, Shih Tzu, cocker anglais. Deux races moyennes complètent la liste : l’American pit bull terrier et le bouledogue anglais (l’étude est américaine).

Inversement, des races chez qui la prévalence d’autres maladies lymphoprolifératives est connue pour être plus élevée (golden retriever, berger allemand, rottweiler) présentent plus rarement cette leucémie lymphoïde.

Une maladie du vieux chien

D’un point de vue clinique, les symptômes apparaissent à l’âge médian de 11 ans. La moitié des chiens présentaient une adénopathie périphérique ou une splénomégalie. D’autres symptômes fréquents sont une hépatomégalie, une adénopathie viscérale, une hyperglobulinémie.

Une anémie, majoritairement non régénérative, était présente chez 26 %. Les cas de neutropénie et thrombocytopénie, en revanche, sont rares  (voir tableau).

Description et résultats des examens cliniques et de laboratoire réalisés par les vétérinaires référents chez 491 cas de leucémie lymphoïde chronique canine.

* % des cas pour lesquels les données sont disponibles. D’après Bromberek et al. JVIM 2016.

 

Spécificités du bouledogue et du cocker

Deux races « à risque » présentent des spécificités cliniques. Le bouledogue anglais est atteint plus jeune (âge médian : 6 ans). Il présente plus souvent une hyperglobulinémie.

Inversement, le cocker anglais présente des symptômes plus tardifs (à 13 ans et demi). Et dans cette race, l’adénopathie périphérique est moins fréquente.

Les examens de cytométrie en flux pour évaluer l’expression de deux antigènes ont par ailleurs détecté des différences significatives pour deux races : le bouledogue anglais, encore, et le Shih Tzu. Un argument supplémentaire pour utiliser le chien comme modèle d’étude de la maladie, notamment ses facteurs génétiques.