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Elanco & Proplan

7 janvier 2016

Nouvelles AMM. Le métronidazole enfin seul…

par Eric Vandaële

Jusqu’à présent, les praticiens ont recours aux spécialités humaines (Flagyl°) lorsqu’ils ont besoin de métronidazole seul pour les chiens ou les chats.

Une gamme inédite de comprimés de métronidazole seul (Metrobactin°) est autorisée pour les chiens et les chats. Au chapitre des retraits, les AMM de la gamme homéopathique de Bonapp sont provisoirement suspendues. En outre, Merial et MSD ont abandonné leurs vaccins Schmallenberg.

 
Jusqu’à présent, les praticiens ont recours aux spécialités humaines (Flagyl°) lorsqu’ils ont besoin de métronidazole seul pour les chiens ou les chats.
 

L’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) a accordé en fin d’année 2015 des autorisations de mise sur le marché (AMM) à quelques nouveaux médicaments inédits en France et aussi à de nombreux génériques. Ces AMM étant récentes, aucun de ces nouveaux médicaments n’est encore commercialisé.

Le métronidazole et le plan EcoAntibio

Jusqu’à présent, le métronidazole, l’un des seuls anti-infectieux à spectre étroit contre les germes anaérobies stricts, n’est disponible pour les chiens ou les chats qu’en association avec la spiramycine, un macrolide, dans des comprimés destinés à traiter les infections buccodentaires (Stomorgyl°, Buccoval°).

Ces formes ne sont donc pas adaptées au traitement des infections à germes anaérobies stricts. Les praticiens canins le regrettaient, contraints parfois de recourir aux spécialités humaines (Flagyl°). À la demande des vétérinaires, le plan EcoAntibio prévoyait d’ailleurs de saisir l’Anses sur cette question. Car le métronidazole seul, avec son spectre étroit, n’exerce pas de pression de sélection des résistances sur les autres germes.

Metrobactin° : contre les anaérobies ou la giardiose

Le laboratoire néerlandais Le Vet a donc développé Metrobactin° : une gamme inédite en France de deux comprimés de métronidazole (250 et 500 mg) pour chiens et chats.

Le spectre d’activité étroit des nitro-imidazolés, limité aux anaérobies stricts et à certains protozoaires, conduit à ce que cette gamme soit approuvée dans deux indications chez les chiens et les chats :

  1. « Le traitement des infections de l’appareil urogénital, de la cavité buccale, de la gorge et de la peau lorsqu’elles sont associées à des bactéries anaérobies strictes (par exemple Clostridia spp.),
  2. Le traitement des infections gastro-intestinales à Giardia spp. ou à Clostridia spp. (C. perfringens ou difficile). »

Le métronidazole à 25 mg/kg/12 heures

Le schéma posologique recommandé est de 50 mg/kg/jour en deux prises (matin et soir), soit 25 mg/kg/12 heures, pendant 5 à 7 jours. Cette dose est bien plus élevée que celle mentionnée dans les associations avec la spiramycine (entre 12,5 et 16,5 mg/kg/j en une prise unique).

Les comprimés dosés à 250 ou 500 mg de métronidazole sont aromatisés (arôme poulet et levure de bière), sécables en 2 ou en 4 dans les deux dosages et conditionné par dix dans un blister.

Effets indésirables : la toxicité du métronidazole

Dans les effets indésirables, il est mentionné dans « de très rares cas (< 0,01 %), des signes neurologiques », surtout lors de traitement prolongé ou de surdosage. « Des vomissements et une hépatotoxicité » sont aussi signalés. Car le métronidazole est métabolisé par le foie. Son utilisation n’est pas recommandée pendant la gestation.

Pour mémoire, l’usage des nitro-imidazolés reste aussi interdit en productions animales en raison de la toxicité de leurs résidus.

Nouveaux vaccins respiratoires bovins chez Merial

Du côté de la rurale, Merial a décroché des AMM pour deux vaccins bovins respiratoires inactivés adjuvés et multivalents :

  • Bovalto° Respi 3 dirigé contre les virus RS et Pi3, et Mannheimia haemolytica A1,
  • Bovalto° Respi 4 dirigé en plus contre la BVD (maladie des muqueuses).

Ces vaccins bovins respiratoires devraient venir concurrencer Bovilis° Bovigrip° (MSD) dirigé contre les mêmes pathogènes que Bovalto° Respi 3, ainsi que de nombreux vaccins de la gamme Rispoval° de Zoetis, notamment Rispoval° 3 (RS, Pi3, BVD) ou Rispoval° 4 (RS, Pi3, BVD, IBR). Dans cette gamme, la valence bactérienne Pasteurella n’est toutefois pas combinée aux virus. Enfin, sur ce marché des vaccins respiratoires bovins, Hipra a aussi récemment lancé Hiprabovis° Somni/LKT avec deux valences bactériennes (M. haemolytica A1 et Histophilus somni).

Bovalto° : deux vaccins inactivés adjuvés prêts à l’emploi

Les deux nouveaux vaccins Bovalto° sont inactivés et adjuvés avec de l’hydroxyde d’aluminium et le quil A. Ils sont autorisés sous une forme liquide prête à l’emploi dans des flacons de 10 ml (5 doses), 50 ml (25 doses) ou 100 ml (50 doses).

Ces vaccins sont indiqués chez les bovins « pour réduire l’excrétion virale des virus Pi3, RS (et BVD pour Bovalto° Respi 4) », ainsi que « les signes cliniques et les lésions pulmonaires dus à Mannheimia haemolytica sérotype A1 », selon les termes leurs RCP (résumés officiels des caractéristiques du produit).

À deux semaines d’âge « en l’absence d’Ac maternels »

La primovaccination comprend deux injections SC espacées de trois semaines sur des veaux à partir de deux semaines d’âge « en l’absence d’Ac maternels » (mère non immunisée). En présence d’Ac maternels, l’âge de la primovaccination doit être reporté (sans autre précision dans le RCP).

Le délai d’apparition de l’immunité est de trois semaines après la primovaccination en deux injections. La durée d’immunité et, le cas échéant, le premier rappel sont à 6 mois après la primovaccination.

Dans les effets indésirables, il est signalé des réactions locales « très fréquentes » (> 10 % des cas), « une hyperthermie fréquente » (1 à 10 % des cas) jusqu’à une élévation de 1,5 °C maximum pendant trois jours, et, dans de « très rares cas » (< 0,01 %), des « réactions anaphylactiques ».

La gamme Bioveine° étendue à la perfusion des veaux

Biové obtient aussi deux AMM pour élargir sa gamme Bioveine° de solutés pour perfusion intraveineuse avec deux flacons pour les veaux déshydratés : Bioveine° Électrolytes et Bioveine° Alcalin.

  • Bioveine° Alcalin a la même composition que Spéciale° 2411 (Merial-Coophavet), soit du bicarbonate de sodium (40 mg/ml) ainsi que de l’énergie sous forme de glucose (15 mg/ml) et de saccharose (15 mg/ml). Il est aussi présenté en flacon plastique de 500 ml.
  • Bioveine° Électrolytes a la même formulation que Lodevil° (Vétoquinol) : glucose (10,8 mg/ml), acétate de sodium (4,08 mg/ml), bicarbonate de sodium (4,2 mg/ml), chlorure de sodium (3,51 mg/ml), de potassium (0,45 mg/ml) et de magnésium (0,2 mg/ml). Ce soluté est présenté en flacon plastique d’un litre (comme Lodevil°).

Les deux nouveaux solutés Bioveine° sont indiqués chez les veaux comme « traitement symptomatique de la déshydratation » (accompagnant les affections gastro-intestinales pour Bioveine° Électrolytes).

Les doses, à renouveler si besoin, sont identiques aux solutés de référence :

  • Un flacon de 500 ml par veau pour Bioveine° Alcalin,
  • Un à deux flacons d’un litre par veau pour Bioveine° Électrolytes.

Gare à l’hypervolémie ou à l’alcalose

Les RCP mettent notamment en garde contre une perfusion trop rapide avec un risque d’hypervolémie et d’œdème pulmonaire, ou une alcalose métabolique associée à la présence du bicarbonate.

Les temps d’attente sont évidemment de « zéro jour ».

Kaolin et salicylate basique d’aluminium

Biové a aussi développé Alussaline°, le premier médicament similaire (générique ?) à Aluminal° (Merial-Coophavet). Ce « traitement symptomatique des diarrhées des veaux » présente des caractéristiques proches ou identiques au « princeps ».

La poudre orale est composée de kaolin lourd à 360 mg/g (comme « antiacide et pansement digestif ») et de salicylate basique d’aluminium (300 mg/g) (« astringent et pansement digestif par la libération d’hydroxyde d’aluminium »), dans un excipient à base de carbonate de calcium.

La dose reste de 15 g de poudre par veau, deux à trois fois par jour (ou 30 g chez les bovins adultes). Les temps d’attente (viandes et lait) sont toujours à « zéro jour ». Deux présentations sont autorisées : le pot de 1 kg et le sac de 5 kg.

L’homéopathie de Bonapp suspendue

Au chapitre des mauvaises nouvelles, l’autorisation d’ouverture du fabricant Bonapp LHV a été retirée. De ce fait, les 37 AMM de la gamme Bonapp de médicaments homéopathiques, distribuée par Merial-Coophavet, ont été provisoirement suspendues dans l’attente du transfert éventuel de leur fabrication chez un autre fabricant.

La fin de deux vaccins Schmallenberg

Les deux vaccins Schmallenberg de Merial (SBVvax°) et MSD (Bovilis° SBV) ne sont plus autorisés en France. À l’été 2013, MSD et Merial avaient obtenu des AMM pour ces vaccins Schmallenberg. Le vaccin de MSD n’a jamais été disponible en France, mais au Royaume-Uni. Son AMM est aujourd’hui abandonnée dans les deux pays.

En France, seul Merial a commercialisé son vaccin. Mais, l’AMM « circonstances exceptionnelles », accordée en urgence, nécessitait de nouvelles études en vue de l’octroi à terme d’une AMM « pleine et entière ». Aujourd’hui, la faible incidence de cette maladie et la quasi-absence de vaccination ne justifient plus cet investissement. Merial a donc confirmé son intention « de reprendre le développement de ce vaccin si les circonstances épidémiologiques et sanitaires le justifient » (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui). Dans cette perspective, l’ANMV a toutefois décidé d’une suspension seulement temporaire de l’AMM du vaccin pour une durée d’un an.

Enfin, un troisième vaccin Schmallenberg bénéficie d’une AMM européenne centralisée récente accordée en mai dernier. Il s’agit du vaccin Zulvac° SBV de Zoetis. Il reste le seul autorisé à ce jour, sans toutefois être commercialisé en France.