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Elanco & Proplan

23 mai 2025

Carcinome pulmonaire : la lobectomie est de meilleur pronostic si la tumeur ne dépasse pas 5 cm

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Courbe de survie de Kaplan-Meier selon la taille de la tumeur pulmonaire (d'après Treggiari et al., JSAP, 2025).
Courbe de survie de Kaplan-Meier selon la taille de la tumeur pulmonaire (d'après Treggiari et al., JSAP, 2025).
 

C'est parce que les tumeurs pulmonaires primaires sont relativement fréquentes dans l'espèce canine – elles représentent environ 1 % des nouvelles tumeurs diagnostiquées chez le chien –, et qu'un traitement chirurgical – par lobectomie – est généralement possible, qu'une étude a été menée pour évaluer leur pronostic. Elle a ciblé les seuls carcinomes (notamment les adénocarcinomes), cancers du poumon les plus fréquents, afin d'éviter les variations liées au type tumoral.

Assez étonnamment, seuls deux facteurs ont été identifiés comme influençant significativement la durée de survie postopératoire.

Une découverte fortuite à 12 %

Cette étude rétrospective multicentrique, italo-britannique, a porté sur 89 chiens atteints d'un carcinome pulmonaire primaire, confirmé et gradé par examen scanner, et opéré par lobectomie partielle ou totale sur une période de 17 ans (2005-2021). Un suivi sur au moins 6 mois devait être disponible. Les cas de récidive ou de lésions métastasiques étaient exclus.

Ces tumeurs primaires touchent généralement les vieux chiens. Et sans surprise donc, les animaux de l'étude étaient relativement âgés : 5 à 17 ans mais 11 ans en médiane. Ils pesaient entre 2,5 et 47 kg, et 23 kg en médiane. Nombre de races étaient représentées : aucune prédisposition raciale n'est décrite pour ces tumeurs.

Souvent, les signes cliniques sont aspécifiques et intermittents (toux, intolérance à l'effort…), éventuellement une faiblesse ou une baisse d'appétit. Ces cancers peuvent même être occasionnellement une découverte fortuite, ce qui était le cas pour 11 chiens ici soit 12 % de la cohorte. Des signes respiratoires aigus (tachypnée) sont possibles, notamment en cas de complication de type hémothorax ou épanchement pleural. Dans cette population référée, les trois quarts des chiens présentaient des signes respiratoires et 19 (21,5 %) étaient asymptomatiques.

Atteinte majoritaire des lobes caudaux

Il était rapporté que ces carcinomes sont plus souvent localisés dans les lobes caudaux. Et effectivement, c'était le cas chez 55 chiens ici (29 à gauche et 26 à droite). Chez 19 chiens, la tumeur se trouvait dans un lobe crânial (11 à gauche et 8 à droite), chez 7 dans le lobe moyen droit et chez 5 dans le lobe accessoire. La tumeur touchait plusieurs lobes dans 3 cas.

Une lobectomie a donc été pratiquée dans tous les cas, avec des complications postopératoires (survenues dans les 15 jours) chez 11 chiens. Celles-ci étaient graves dans 5 cas (pneumothorax, hémothorax) chez lesquels la tumeur était grande (plus de 5 cm). Un tube de thoracostomie a été systématiquement utilisé, et laissé en place plus de 24 heures chez plus de la moitié des chiens (47 soit 52,8 %).

Chez 43 chiens, les ganglions lymphatiques régionaux ont été excisés car anormaux à l'examen scanner ; ils ont été trouvés métastatiques à l'histologie chez 12.

8 mois d'espérance de survie médiane

Le taux de mortalité en lien avec la maladie atteint 46 % (41 chiens) : cas de récidive, de métastases, d'épanchement pleural, entraînant des troubles respiratoires. 26 autres chiens sont décédés durant le suivi, mais pour des causes indépendantes.

Le délai de survie médian après la lobectomie est limité à 252 jours (soit environ 8 mois). Et la survie sans progression (SSP) est de 140 jours. Le taux de survie à 1 an est de 61 % ; il est de 47 % à 2 ans, puis de 30 % à 3 ans.

Peu de facteurs pronostiques

L'objectif de l'étude était aussi d'identifier les facteurs associés au pronostic de survie. Et seuls deux paramètres le sont significativement.

  • Le délai de survie est ainsi plus long si le diamètre de la tumeur n'excède pas 5 cm, ce qui était le cas chez 35 chiens ici (39 %). Il atteint alors 717 jours contre 284 jours en médiane. Mais la survie sans progression n'est pas différente.
  • La présence de métastases régionales (nœuds lymphatiques confirmés atteints) affecte également le pronostic de survie, sa durée étant alors de 162 jours contre 614 jours. La survie sans progression, ici encore, n'est pas significativement différente.

En pratique, il importe donc d'évaluer systématiquement les ganglions lymphatiques régionaux et, le cas échéant, d'effectuer une biopsie ou une exérèse chirurgicale.

Aucun autre paramètre n'est associé au délai de survie ou à la survie sans progression, notamment, les signes cliniques ou la présence d'un épanchement lors du diagnostic (8 cas ici) ou des comorbidités. Les complications postopératoires ou la durée de conservation du tube de thoracostomie sont sans influence également. Plus étonnant, une exérèse incomplète (pas de marges saines, ce qui était le cas de 22 chiens ici), ou le grade de la tumeur, n'influence pas le pronostic de survie dans cette étude.

Une chimiothérapie adjuvante avait été administrée chez 32 chiens (36,4 %), dans les cas de tumeurs métastasées ou de nature agressive (déterminée à l'histologie). Elle est sans influence significative sur le pronostic de survie, mais le type de traitement effectué l'est (une chimiothérapie métronomique est associée à une moindre survie), ce que les auteurs proposent d'affiner au travers de nouvelles études.