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Elanco & Proplan

1er août 2024

USA : après 8 ans, la gestion conservatoire de l'arthrose de la hanche est la moins coûteuse pour les maîtres

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Coût à vie (en dollars américains) comparé des trois mesures/interventions de la coxarthrose canine selon l'âge à la détection des signes cliniques ; le dernier point est à 11,3 ans car il s'agit de la durée de vie moyenne attendue des chiens nécessitant une arthroplastie totale de la hanche (LeFil, d'après Eginton & Gordon-Evans, 2024).
Coût à vie (en dollars américains) comparé des trois mesures/interventions de la coxarthrose canine selon l'âge à la détection des signes cliniques ; le dernier point est à 11,3 ans car il s'agit de la durée de vie moyenne attendue des chiens nécessitant une arthroplastie totale de la hanche (LeFil, d'après Eginton & Gordon-Evans, 2024).
 

Il n'y a pas de consensus scientifique sur le traitement de l'arthrose de la hanche chez le chien. Aussi, deux cliniciens et épidémiologistes de la faculté vétérinaire du Minnesota (USA) se sont-ils lancés dans l'estimation, sur le reste de la vie de l'animal, du coût des trois intervention possibles : le remplacement de la hanche (prothèse), la résection de la tête et du col du fémur, et la mise en œuvre de mesures conservatoires (sans acte chirurgical). Un chiffrage à partir de données collectées en “vie réelle”, puis ajustées par modélisation montre, sans réelle surprise, que ce coût dépend de l'âge auquel la détection et/ou l'intervention sont réalisées.

Satisfaction du maître

Hors interventions, moins fréquentes et considérées comme de dernier recours, la prise en charge de la coxarthrose clinique est « le plus souvent conservatrice et multimodale : gestion du poids, traitement antalgique par les AINS et prise en charge nutritionnelle par des régimes riches en acides gras oméga-3 disposent de suffisamment de preuves pour justifier leur utilisation », estiment les auteurs. Les interventions chirurgicales ont un niveau de preuve limité en médecine factuelle, mais les auteurs rappellent que « cette pratique impose de prendre en compte les valeur et préférences des clients », qui par exemple sont très satisfaits des résultats de la résection tête/col fémoral malgré l'asymétrie musculaire qui en résulte. C'est aussi à ce titre qu'ils se sont donc lancés dans cette évaluation comparée du coût de chacune des méthodes : même si les assurances sont en plus en plus populaires, « il y a souvent encore une composante financière sur plusieurs plans ».

Données réelles et modélisation

L'hypothèse des auteurs est que la résection tête/col fémoral serait la méthode la moins onéreuse quel que soit l'âge de l'animal. Ils ne se sont intéressés qu'aux interventions unilatérales. Pour collecter les données, ils ont pris la liste des 100 villes les plus importantes des USA et en ont tiré deux au sort par grande région (nord-est, centre-ouest, sud et ouest). Dans ces huit villes, ils ont identifié les structures vétérinaires faisant de la publicité pour l'arthroplastie totale de la hanche et leur ont adjoint la structure universitaire vétérinaire la plus proche. Pour chaque structure, un appel téléphonique s'est renseigné sur le coût des deux interventions, y compris les visites de suivi, et l'ensemble des données a été assemblé dans une moyenne globale. Ayant essuyé des refus de communication des prix, ils ont travaillé avec les données de 7 structures privées et 7 universitaires. Les coûts d'une gestion conservative, mais aussi de retrait de prothèse, et de traitement des complications ont été calculés à partir des fréquences d'occurrence et de durées de soins figurant dans la littérature et des tarifs en cours dans la structure (universitaire) des auteurs. Pour la durée de vie de l'animal, ils ont majoré ces coûts d'une inflation moyenne de 4,5 % par an. Leur modèle statistique prenait en compte le calcul pour une détection de coxarthrose à partir d'un an d'âge et jusqu'à 11,3 ans car c'est la durée de vie moyenne attendue des chiens nécessitant une arthroplastie totale de la hanche.

Opérer : coût intéressant jusqu'à 8 ans

Le coût d'une arthroplastie totale de la hanche varie de 4 500 à 12 000 $USD, celui d'une résection tête/col de 1 800 à 5 700 $USD. Les structures universitaires ont des tarifs moins élevés que les structures privées. L'hypothèse des auteurs n'est pas totalement vérifiée : à partir des données collectées, ils observent (voir l'illustration principale) que :

  • « pour les chiens présentant des premiers signes cliniques entre l'âge de 1 et 7 ans, c'est la résection tête/col qui présente le coût à vie le plus faible » ;
  • toutefois, « l'arthroplastie totale de la hanche avait le deuxième coût le plus bas jusqu'à l'âge de 4 ans », et dans la discussion, les auteurs estiment que si le maître est d'accord pour l'envisager, elle serait d'un intérêt financier marqué pour les chiens d'un an (« la différence avec la résection tête/col pour un chien d'un an était de 1 136 $ » sur le reste de la vie de l'animal) ;
  • « pour les chiens présentés âgés de 8 ans et plus [dit « âge gériatrique »], la prise en charge conservatrice était la moins coûteuse ».

Leurs calculs montrent aussi qu'à partir de 5 ans, une gestion conservative est moins coûteuse (sur le reste de la vie de l'animal) qu'une arthroplastie totale. Les auteurs reconnaissent que la coxarthrose est une affection bilatérale, mais ils soulignent que les deux hanches ne sont pas au même stade d'arthrose : « seuls 10 à 30 % des chiens atteints subissent une intervention bilatérale ». Les auteurs incitent aussi à la prudence quant à l'interprétation de leurs résultats, « reposant au final sur peu de données » financières réelles et avec l'arrivée de traitements conservatoires plus onéreux, comme des anticorps-anti facteurs de croissance des nerfs.

Il reste que « il se peut que le client préfère payer de plus petits montants sur une longue période, ou qu'il ait des réticences à soumettre son chien à une intervention chirurgicale », même pour un jeune animal. Au bilan, les auteurs espèrent ainsi « fournir des données qui peuvent aider les vétérinaires à informer les propriétaires sur les coûts engendrés par les différentes options de traitement au cours de la vie de leur animal ».