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11 avril 2024
Infections vertébrales associées à un shunt porto-systémique : bon pronostic suite au traitement
Observant une association répétée entre shunt porto-systémique intrahépatique et affections vertébrales de type discospondylite ou physite, des vétérinaires universitaires américains (Universités de Floride et de Californie) ont recherché les dossiers médicaux des cas bénéficiant d'un suivi d'au moins 3 mois, afin d'évaluer les conséquences thérapeutiques et pronostiques de ces comorbidités. Leurs observations sont plutôt encourageantes, avec une guérison clinique complète dans tous les cas recensés.
La discospondylite correspond à l'infection bactérienne ou fongique d'un disque intervertébral et des plateaux vertébraux des vertèbres adjacentes. La physite vertébrale, elle, désigne l'infection d'une plaque de croissance, sans atteinte du plateau vertébral. Ces infections sont le plus souvent secondaires à la dissémination par voie hématogène des agents pathogènes d'un foyer infectieux primaire (infection urinaire par exemple). Et leur traitement repose essentiellement sur une antibiothérapie prolongée.
Ces affections ne sont pas fréquentes chez le chien, mais leur survenue chez des individus présentant un shunt porto-systémique intrahépatique (une autre affection relativement peu fréquente) pourrait en compromettre ou en retarder le traitement. Celui-ci consiste généralement en une embolisation intravasculaire percutanée (dans les établissements des auteurs au moins), une technique qui évite l'ouverture de la paroi abdominale mais comprend la mise-en-place d'un implant permanent dans la circulation générale.
Les auteurs ont donc recherché les cas de shunt porto-systémiques intrahépatiques congénitaux (confirmés au scanner) associés à une discospondylite ou une physite vertébrale, pris en charge entre 2016 et 2022. Ils se sont limités aux shunts simples (un seul vaisseau), traités par embolisation, et pour lesquels un suivi sur au moins 3 mois après le diagnostic de l'infection et la prescription de l'antibiothérapie était disponible.
Ils ont ainsi retenu 6 cas parmi les 10 initialement identifiés, les 4 autres ayant été écartés pour diverses raisons (pas de suivi suffisant, shunts multiples, pas de traitement chirurgical du shunt).
Les chiens étaient âgés de 15 mois en médiane, pour un poids médian de près de 30 kg.
La malformation congénitale était concomitante à une discospondylite dans 4 cas, à une physite vertébrale dans 1, et aux deux dans le dernier cas, touchant un ou plusieurs disques intervertébraux (voir tableau en illustration principale).
Une antibiothérapie a donc été prescrite chez tous les chiens : céphalexine ou amoxicilline le plus souvent, à des doses variables. La durée du traitement est allée de 2 à 34 semaines environ, avec une médiane à 16 semaines (112 jours, voir tableau).
Dans 4 cas, la chirurgie de correction du shunt s'est déroulée en cours d'antibiothérapie, dans les 2 autres cas, le traitement était achevé. L'embolisation a été réalisée 82 jours en médiane après le début du traitement (près de 12 semaines), avec une importante disparité de délai selon les cas (de 1 à 317 jours), mais sans complication péri ni post-opératoire signalée. Selon les auteurs, il semble toutefois justifié d'entamer une antibiothérapie avant d'envisager le traitement du shunt, ou d'opter pour une chirurgie ouverte (sans pose d'implant permanent).
Le suivi des chiens varie de 224 à plus de 1500 jours ; il est de 513 jours en médiane, soit près de 17 mois.
L'évolution des chiens est très satisfaisante dans tous les cas, avec une rémission clinique complète des anomalies liées au shunt ainsi que l'élimination des infections vertébrales. La guérison de la spondylite et/ou de la physite avait été contrôlée par imagerie médicale dans 4 cas, et à l'issue de l'examen clinique de contrôle chez les 2 autres chiens (absence de douleur spinale résiduelle). Aucune nouvelle lésion infectieuse n'a été détectée.
Tous les chiens étaient en vie à l'issue du suivi, sans séquelles clinique ni récidive d'aucune des 3 affections. Les auteurs en concluent que leur association n'a pas de conséquence délétère en termes de pronostic. Un suivi encore plus long serait nécessaire toutefois pour vérifier l'absence d'infection secondaire de l'implant (qui pourrait survenir à très long terme).
Ces affections étant peu fréquentes, la récurrence de leur association laisse supposer qu'un shunt congénital pourrait favoriser ces infections vertébrales, ce qui reste à vérifier et à expliquer. Chez l'homme, des infections spinales sont des complications documentées des cas de cirrhose hépatique, cette dernière étant globalement liée à un risque plus élevé d'infections bactériennes.
Dans 3 des 6 cas ici, l'infection vertébrale, asymptomatique, a été une découverte fortuite des examens d'imagerie réalisés pour le diagnostic du shunt, ce qui peut laisser penser que sa fréquence est sous-estimée. Les 3 autres chiens présentaient une douleur spinale. Les auteurs recommandent donc un examen neurologique complet (incluant la recherche d'une douleur spinale) et, idéalement, un scanner permettant d'évaluer la colonne vertébrale sur toute sa longueur (pas seulement un scanner abdominal) lors de suspicion de shunt porto-systémique chez le chien.
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